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Oliver Kahn, un remplaçant de choix

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Oliver Kahn, 37 ans, gardien historique de l'équipe d'Allemagne, souffre terriblement d'être relégué sur le banc des remplaçants pendant le Mondial-2006 de football, mais s'efforce de ravaler son amertume pour mettre son expérience au service de l'équipe.

Samedi, pendant le 8e de finale gagné contre la Suède (2-0), le réalisateur de la télévision n'a pas épargné Kahn : à plusieurs reprises, en gros plan, le monde entier a vu le gardien du Bayern Munich isolé au bout du banc de touche, le visage fermé comme un poing. En contrepoint, cruel, les images du titulaire Jens Lehmann, jubilant à chacun des deux buts marqués par son équipe.

Kahn, depuis qu'il a appris sa disgrâce, explique régulièrement pourquoi il a tout de même accepté sa sélection. Lui qui avouait que, jeune gardien, il mordait les coussins à l'hôtel lorsqu'il apprenait qu'il ne serait pas titulaire de son équipe.
"Je ne voulais pas être celui qui se barricade en boudant dans sa chambre.
Je voulais que mes coéquipiers puissent profiter de mon rôle", a-t-il dit cette semaine dans une interview à l'hebdomadaire Der Spiegel, "Mais c'est difficile, c'est même un défi à ma propre personnalité".

"Vivre sur le banc le match d'ouverture, pour lequel j'avais travaillé depuis deux ans, n'était pas simple", avoue-t-il: "La motivation, la volonté, tout ce que j'avais construit pendant deux ans, était tendu vers ce match-là.
Ceux qui savent avec quelle passion je pratique ce sport peuvent comprendre : c'était une véritable épreuve".

Restait à faire preuve de grandeur d'âme, et à essayer de transformer le bouillant et parfois irascible champion en "vieux sage" avisé. Avant le match contre la Pologne, c'est à Kahn que Klinsmann a demandé de prendre la parole, au moment du traditionnel rassemblement en cercle dans le vestiaire. "C'était un très beau discours", témoigne un réalisateur de télévision présent.

L'expérience de Kahn, star en son pays, dépasse les limites du terrain de jeu. Savoir, par exemple, ne pas se laisser griser par la gloire soudaine et l'euphorie médiatique qui déferlent sur la Nationalmannschaft depuis le début du tournoi? "Regardez ce qui se passe aujourd'hui avec Klose et Podolski. Je pense que c'est un devoir important de leur dire : vous savez bien que vous évoluez dans un monde qui n'existe pas vraiment sous la forme qu'on vous présente. Un monde médiatique virtuel. Je le sais par expérience".
Sur le plan personnel, Kahn essaie aussi de tirer profit de ce qu'il vit.

D'enrichir par l'épreuve sa personnalité. Jusque-là, comme beaucoup de champions, il avait été respecté, ou admiré, pour ses performances sur le terrain et pour ses titres. "Et voilà que, d'un seul coup, je ressens une forme de respect que l'on ne peut pas gagner avec un titre, dit-il.

Ca a été une découverte extrêmement intéressante, que j'ai intégrée petit à petit". Au point, d'ailleurs, que Kahn se sent déjà prisonnier de cette nouvelle image de héros tragique que lui dessine la presse : "Même si maintenant je ne supporte plus la situation, je ne peux plus dire simplement: désolé, j'arrête", avoue-t-il.

Prochaine étape, peut-être la plus difficile de toutes: le quart de finale programmé vendredi contre l'Argentine. Le match que toute l'Allemagne attend, une finale avant la lettre contre la meilleure équipe du tournoi à ce jour. Au stade olympique de Berlin, Kahn prendra place sur le banc de touche pendant que Jens Lehmann s'installera dans les buts de la Nationalmannschaft.
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