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«Bouleverser positivement le vécu des citoyens»

Interview : ahmed hajji, directeur général de l'Agence pour le développement du Sud (APDS)

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Le Matin : La visite royale dans certaines provinces du Sud est marquée par le lancement et l'inauguration de plusieurs projets. Quelle est la portée de ces projets ?

Ahmed Hajji : Comme vous avez pu le constater, il s'est agi de projets de réelle proximité qui ont ou auront un fort impact sur le quotidien des populations du Sud. Ces projets ont, en fait, fait partie d'un processus de concertations et de négociations avec les collectivités locales et les autres partenaires concernés. Il a fallu régler notamment les aspects liés à la contrainte majeure qui pèse sur la province de Guelmim, c'est-à-dire la question du foncier. Nul ne pouvait mieux régler cette question que les communes concernées.

La panoplie de projets a concerné un large éventail de thématiques avec un focus sur la jeunesse à travers la mise en place d'équipements sportifs, de structures dédiées aux jeunes et à la formation, de projets pilotes de soutien d'activités génératrices d'emplois et de revenus.
L'opérationnalisation future de ces actions aura pour effet de bouleverser positivement le vécu des citoyens de la région.

En vous nommant à la tête de l'Agence, S.M. le Roi Mohammed VI avait exprimé sa ferme volonté de faire des provinces du Sud un modèle de développement régional intégré. Quel bilan faites-vous de vos actions dans ces provinces ?

A la date d'aujourd'hui, on ne peut parler que d'un bilan d'étape qui prend en compte l'importance du physique réalisé – comme par exemple la construction du barrage de Touizgui, près d'Assa – et surtout les virages pris dans le sillage de l'INDH, qui ont conduit à une deuxième génération de projets. Ceux-ci se rapportent beaucoup plus aux activités génératrices de revenus, d'emplois, aux initiatives privées, à l'environnement, la gouvernance locale, les finalités sociales et économiques de l'action publique.

Quels sont ces projets ?

Il s'agit, par exemple, de l'Initiative pour l'emploi et le développement (IPED), destinée à appuyer des porteurs de projets privés à travers un réseau de Maisons de l'Initiative qui apportent une aide décisive en terme de formulation de projets, d'établissement de business plan, de formation et d'intermédiation avec le système bancaire. Ce dernier est partenaire avec les collectivités locales, le PNUD et le ministère du Développement social de ce programme, ou encore du processus Agenda 21 d'appui à la gouvernance locale.

Comment sont vos rapports avec les collectivités locales de la région ?

Nous avons commencé par monter, ensemble, des partenariats relatifs à des projets, un par un. La culture du partenariat était, peu ou prou, étrangère aux modalités concrètes de l'Action publique dans la région, ce qui n'a pas manqué de générer au départ quelques crispations qui sont aujourd'hui largement dépassées. Nous sommes passés, aujourd'hui, à la vitesse supérieure puisque nous traitons dans le cadre de la nouvelle génération de partenariats des programmes globaux triennaux comme nous l'avons fait à Boujdour il y a un mois et comme nous le faisons aujourd'hui à Guelmim.

Parmi les projets lancés par Sa Majesté le Roi au cours de cette semaine, le Complexe sportif, le Centre d'accueil et de conférences, lesquels projets sont inscrits au programme de développement urbain ayant fait l'objet d'une contractualisation globale avec la Commune urbaine de Guelmim,la wilaya et les autres partenaires. Cette démarche est en train d'être étendue à d'autres villes: Es-Smara, Assa, Tarfaya, Tata, Al Marsa, Tan Tan et bien d'autres sont sur les rangs.

Y a-t-il un équilibre entre l'attention portée à l'urbain et celle portée au rural ?

Oui, tout à fait. En tenant compte toutefois du fait que les trois régions du Sud ont globalement des populations concentrées, pour l'essentiel, en milieu urbain.
La ruralité, en fait, n'existe de façon significative que dans les provinces de Guelmim et de Tata, dans un magnifique chapelet d'oasis que l'Agence s'attache à préserver et à promouvoir, dans le cadre d'un important programme opérationnel qu'elle conduit avec ses partenaires.

La réalisation des projets à forte valeur ajoutée tarde à donner ses fruits. Pourquoi ce retard ?

D'abord, c'est vous qui dites qu'il y a du retard (rires)… Non. Sérieusement, on
ne peut envisager de faire du développement sans l'implication des populations cibles.
On n'imagine pas aujourd'hui de reconduire la politique d'investissement public
décidée et menée à partir des sommets de la hiérarchie administrative pour aboutir à des réalisations physiques palpables, mais sans garantie
d'impact sur le terrain.

Aujourd'hui, dans le Royaume, et l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) en témoigne, la concertation avec les bénéficiaires des programmes
de développement et la participation des élus et de la société civile sont des principes acquis qui ont guidé notre démarche dès le départ.
Cette démarche prend forcément du temps. Il va falloir aussi travailler sur l'animation de tous ces espaces qui sont créés de façon à en faire
des lieux opérationnels.
Cela va représenter aussi un gisement d'emploi majeur dans une région qui en a bien besoin eu égard au taux de chômage urbain que subissent les femmes et les jeunes en priorité.

Quel est le rôle assigné au secteur privé dans la réalisation de ces projets ?

La plupart des projets sont concrétisés par le biais d'entreprises privées sélectionnées sur la base d'appel à la concurrence.
L'importance de la commande publique aujourd'hui dans le Sud va faire émerger une nouvelle élite entrepreunariale qui aura acquis le savoir-faire et la compétence nécessaires pour lui permettre d'être au rendez-vous d'un Sud réconcilié avec l'Initiative privée.

A quand la concrétisation des derniers investissements en vue de l'éradication de l'habitat insalubre ?

Ce programme a fait l'objet d'un re-profilage à la demande du CORCAS, en décembre 2006 avec une nouvelle configuration institutionnelle et des objectifs quantitatifs plus ambitieux.

La configuration institutionnelle a été revue de façon
à avoir des segments de mission cohérents et des périmètres de responsabilité clairs pour chacun des intervenants.
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Les villages de pêche

Selon Ahmed Hajji, le programme des villages de pêche concerne deux autres régions. Effectivement, le discours
fondateur de l'Agence qu'avait prononcé Sa Majesté le Roi Mohammed VI à
Laâyoune, avait donné des orientations précises en la matière, que l'Agence du Sud a commencé à concrétiser dès son démarrage effectif en octobre 2004.
Aujourd'hui, huit villages sont en cours de travaux, tout le long du littoral allant de Tarfaya jusqu'à Lagouira.

Des équipements structurants ont déjà vu le jour et ont été opérationnalisés avec nos partenaires sectoriels, l'Office et le ministère et les locaux ainsi que les collectivités locales sur sept sites. Le huitième village est celui d'Aftisset, situé
à 60 km au sud de la cité de Boujdour, pour lequel une halle au poisson et d'autres équipements sont en cours de construction.
Le reste des infrastructures et des équipements fera l'objet d'un appel d'offres au cours des prochaines semaines.
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