Driss El Haddaoui, plus connu sous le pseudo El Driss, est avant tout réalisateur de cinéma et comédien. Son premier roman, «Vivre à l'arrache», sorti en mai dernier, est une sorte de fresque de la déchirure. Né à Azrou, l'auteur a vécu son adolescence à Clermont-Ferrand. Il est surtout connu pour son rôle dans la série télévisée P.J. (France 2) Dans un phrasé qui se veut vrai, voire cru, El Driss par son récit autobiographique véhicule un témoignage du déracinement, à la première personne, sans concession aucune.
Il utilise sa plume un peu comme une caméra qui rend compte de la réalité sans omettre aucun détail de la vie des banlieues, du chômage, du racisme, de l'exclusion. Il ne prend aucun scrupule pour raconter la délinquance, les petits larcins, les bagarres, la prison et l'expulsion.
L'auteur, pour plonger le lecteur dans son monde, ne s'encombre pas de tournures de phrase de littérateurs pédants, «... la bouffe, on la chourait dans les magasins. Le soir, on faisait quelques voitures, tout ce qu'il y avait de plus banal. C'est pas ce qui rapportait, mais on survivait. On changeait souvent de quartier pour ne pas être repérés par tous les keufs en civil...»
Ayant un vécu riche en tourmentes, l'auteur se contente de décrire.
On a même l'impression que ce roman a été écrit d'un seul jet, car la véracité du propos, l'humour décapant des «gens d'en bas», et la simplicité du verbe induisent le lecteur à prendre le parti de l'écrivain sans même songer à juger ses actes. Son esprit rebelle, son sens instinctif de la justice et son franc parler, ne manquent pas de décrier les affres du monde matérialiste et froid, qui ne donne aucune place aux valeurs d'humanité: « J'en pouvais plus de ces cravateux, assis derrière leurs bureaux à vous dicter ce que vous alliez faire. Un jour, l'un d'eux dit à un pauvre type : "tu prend le taf que je te donne sinon casse-toi. «Le mec s'est contenté de ne pas la ramener faute de quoi...»
Les derniers chapitres du livre constituent les feuilles les plus poignantes écrites sur les pâteras et le passage du Détroit.
Ce drame que notre pays vit au quotidien, l'auteur l'a vécu jusqu'au bout. Au bord du trépas, El Driss règle ses comptes avec la vie, les autres et les aléas de l'injustice : « ... J'essaie de pleurer sur mon sort. En vain.
Je n'éprouve pas non plus de colère. Trop tard pour aller en arrière, ainsi va le mektoub, un mektoub qui m'a échappé des mains... Fini le vrai et le faux, les bâtards, les arrivistes, les cravateux, les bourges qui jouent aux lascars en allant piller chez les pauvres avec pour complices des tocards, des vendus qui se contentent de quelques miettes...» Dans son récit, il rend compte de toute l'absurdité et l'abjection de la réalité de l'émigration clandestine que certains s'évertuent à maquiller, à minimiser, incriminant ceux qui jouent leurs existences à la poursuite d'une chance de faire survivre leurs proches.
(Co-édition Eddif et Non Lieu)
Il utilise sa plume un peu comme une caméra qui rend compte de la réalité sans omettre aucun détail de la vie des banlieues, du chômage, du racisme, de l'exclusion. Il ne prend aucun scrupule pour raconter la délinquance, les petits larcins, les bagarres, la prison et l'expulsion.
L'auteur, pour plonger le lecteur dans son monde, ne s'encombre pas de tournures de phrase de littérateurs pédants, «... la bouffe, on la chourait dans les magasins. Le soir, on faisait quelques voitures, tout ce qu'il y avait de plus banal. C'est pas ce qui rapportait, mais on survivait. On changeait souvent de quartier pour ne pas être repérés par tous les keufs en civil...»
Ayant un vécu riche en tourmentes, l'auteur se contente de décrire.
On a même l'impression que ce roman a été écrit d'un seul jet, car la véracité du propos, l'humour décapant des «gens d'en bas», et la simplicité du verbe induisent le lecteur à prendre le parti de l'écrivain sans même songer à juger ses actes. Son esprit rebelle, son sens instinctif de la justice et son franc parler, ne manquent pas de décrier les affres du monde matérialiste et froid, qui ne donne aucune place aux valeurs d'humanité: « J'en pouvais plus de ces cravateux, assis derrière leurs bureaux à vous dicter ce que vous alliez faire. Un jour, l'un d'eux dit à un pauvre type : "tu prend le taf que je te donne sinon casse-toi. «Le mec s'est contenté de ne pas la ramener faute de quoi...»
Les derniers chapitres du livre constituent les feuilles les plus poignantes écrites sur les pâteras et le passage du Détroit.
Ce drame que notre pays vit au quotidien, l'auteur l'a vécu jusqu'au bout. Au bord du trépas, El Driss règle ses comptes avec la vie, les autres et les aléas de l'injustice : « ... J'essaie de pleurer sur mon sort. En vain.
Je n'éprouve pas non plus de colère. Trop tard pour aller en arrière, ainsi va le mektoub, un mektoub qui m'a échappé des mains... Fini le vrai et le faux, les bâtards, les arrivistes, les cravateux, les bourges qui jouent aux lascars en allant piller chez les pauvres avec pour complices des tocards, des vendus qui se contentent de quelques miettes...» Dans son récit, il rend compte de toute l'absurdité et l'abjection de la réalité de l'émigration clandestine que certains s'évertuent à maquiller, à minimiser, incriminant ceux qui jouent leurs existences à la poursuite d'une chance de faire survivre leurs proches.
(Co-édition Eddif et Non Lieu)
