«Il est temps de passer le flambeau à un autre militant pour qu'il continue la marche de notre parti vers plus de prospérité », a déclaré le fondateur du RNI devant une salle de plus de 3500 congressistes venus des quatre coins du Maroc. «Il est de mon devoir aujourd'hui de céder la place à quelqu'un d'autre pour continuer la route.
Je vous demande de choisir en toute liberté un autre militant pour prendre la relève», a-t-il déclaré au milieu des vivats et des applaudissements.
Dimanche dernier, le RNI a enfin élu ses instances dirigeantes. Les congressistes ont ainsi élu le conseil national et la commission centrale du parti, lesquels ont désigné à leur tour les membres du comité exécutif. Mais tout cela s'est passé dans la douleur et a fait beaucoup de mécontents.
En effet, plusieurs militants ont découvert avec effarement et amertume parfois qu'ils ne figuraient pas sur la liste des candidats au conseil national ou à la commission centrale. Il était clair qu'il y avait un malaise. Le climat était particulièrement tendu et les choses ont failli dégénérer plusieurs fois.
C'est dire que la délivrance n'était pas facile. La rivalité entre les partisans des différents candidats était vive. La cohabitation entre eux n'était pas acquise d'avance lors du congrès.
Après les escarmouches verbales, il s'en est fallu de peu pour qu'ils en viennent aux mains. Heureusement que les esprits se sont calmés enfin de compte.
Cette ambiance crispée traduit en fait des dissensions beaucoup plus profondes.
L'on savait déjà que le parti n'était pas au mieux de sa forme. Il y a quelques mois, il était au bord de la sécession. Mohamed Aujjar était monté au créneau pour attaquer sans ménagement Ahmed Osman. Avec un groupe de députés, il préparait même la création d'un nouveau parti avant de se raviser à la dernière minute.
Il faut dire que la fronde s'est intensifiée ces derniers mois. L'annonce de la mort politique imminente du leader avait aiguisé les appétits alors que la course aux postes clés et les luttes intestines ont achevé d'étaler le linge sale du RNI devant tout le monde.
Si Mustapha Mansouri, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, député de Nador n'a pas toujours pris position ouvertement contre Osman, Mohammed Aujjar, député de Rabat et ex-ministre des Droits de l'homme n'avait jamais mis en sourdine ses critiques à l'égard du fondateur du parti. Ses sorties tonitruantes en avaient surpris plus d'un. Les journaux nationaux n'ont pas manqué d'ailleurs d'en faire leurs choux gras.
Pour Oukacha, président de la Chambre des conseillers, il n'a jamais caché ses ambitions pour devenir l'homme fort du parti. Avec certains, il a cherché pas mal de fois à affaiblir le président, voire à l'évincer tout bonnement. Pourquoi tant d'acharnement contre Osman? Les quadras les plus critiques et les plus récalcitrants du RNI lui reprochent sa gestion financière du parti, le fait qu'il contrôle tout et qu'il s'accapare les pleins pouvoirs. Ils lui reprochent aussi sa longévité politique et le manque de démocratie interne au sein de sa formation politique.
A présent que Osman quitte la scène politique, ses adversaires voient dans cela un signe de changement.
Ils estiment que leur parti s'est enfin débarrassé d'un boulet qu'il traînait depuis plusieurs années déjà. Pour eux, le RNI peut enfin prendre un nouveau départ et se préparer aux prochaines échéances législatives. A signaler, en outre, qu'au moment où nous mettions sous presse,à la mi-journée de dimanche, les congressistes n'ont toujours pas choisi le successeur d'Osman.n
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Dès la fin des années quarante, Ahmed Osman se fondra dans l'entourage royal, étudiant à l'université en compagnie du futur Roi feu S.M. Hassan II, puis prenant ses premières responsabilités gouvernementales à 25 ans, au sein de la première cellule du Cabinet royal, constitué en 1955 à Saint-Germain-en-Laye, lors du court séjour en France qui précèdera le retour de la famille royale de son exil à Madagascar.
C'est surtout à partir de l'arrivée de feu S.M. Hassan II au pouvoir, en 1961, que sa carrière va prendre un grand élan, avec sa première entrée au gouvernement dès 1962. Promu directeur du Cabinet royal un mois, il deviendra Premier ministre quelques mois après, occupant ainsi les deux postes les plus importants de sa carrière.
A partir de 1979, il abandonnera progressivement le gouvernement pour se consacrer à la vie partisane, via son parti, le RNI, créé en 1978. Il occupera par la suite le poste de président du Parlement de 1984 jusqu'en 1992. Depuis, l'aura politique du zaïm n'a pas cessé de perdre de son éclat.
Je vous demande de choisir en toute liberté un autre militant pour prendre la relève», a-t-il déclaré au milieu des vivats et des applaudissements.
Dimanche dernier, le RNI a enfin élu ses instances dirigeantes. Les congressistes ont ainsi élu le conseil national et la commission centrale du parti, lesquels ont désigné à leur tour les membres du comité exécutif. Mais tout cela s'est passé dans la douleur et a fait beaucoup de mécontents.
En effet, plusieurs militants ont découvert avec effarement et amertume parfois qu'ils ne figuraient pas sur la liste des candidats au conseil national ou à la commission centrale. Il était clair qu'il y avait un malaise. Le climat était particulièrement tendu et les choses ont failli dégénérer plusieurs fois.
C'est dire que la délivrance n'était pas facile. La rivalité entre les partisans des différents candidats était vive. La cohabitation entre eux n'était pas acquise d'avance lors du congrès.
Après les escarmouches verbales, il s'en est fallu de peu pour qu'ils en viennent aux mains. Heureusement que les esprits se sont calmés enfin de compte.
Cette ambiance crispée traduit en fait des dissensions beaucoup plus profondes.
L'on savait déjà que le parti n'était pas au mieux de sa forme. Il y a quelques mois, il était au bord de la sécession. Mohamed Aujjar était monté au créneau pour attaquer sans ménagement Ahmed Osman. Avec un groupe de députés, il préparait même la création d'un nouveau parti avant de se raviser à la dernière minute.
Il faut dire que la fronde s'est intensifiée ces derniers mois. L'annonce de la mort politique imminente du leader avait aiguisé les appétits alors que la course aux postes clés et les luttes intestines ont achevé d'étaler le linge sale du RNI devant tout le monde.
Si Mustapha Mansouri, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, député de Nador n'a pas toujours pris position ouvertement contre Osman, Mohammed Aujjar, député de Rabat et ex-ministre des Droits de l'homme n'avait jamais mis en sourdine ses critiques à l'égard du fondateur du parti. Ses sorties tonitruantes en avaient surpris plus d'un. Les journaux nationaux n'ont pas manqué d'ailleurs d'en faire leurs choux gras.
Pour Oukacha, président de la Chambre des conseillers, il n'a jamais caché ses ambitions pour devenir l'homme fort du parti. Avec certains, il a cherché pas mal de fois à affaiblir le président, voire à l'évincer tout bonnement. Pourquoi tant d'acharnement contre Osman? Les quadras les plus critiques et les plus récalcitrants du RNI lui reprochent sa gestion financière du parti, le fait qu'il contrôle tout et qu'il s'accapare les pleins pouvoirs. Ils lui reprochent aussi sa longévité politique et le manque de démocratie interne au sein de sa formation politique.
A présent que Osman quitte la scène politique, ses adversaires voient dans cela un signe de changement.
Ils estiment que leur parti s'est enfin débarrassé d'un boulet qu'il traînait depuis plusieurs années déjà. Pour eux, le RNI peut enfin prendre un nouveau départ et se préparer aux prochaines échéances législatives. A signaler, en outre, qu'au moment où nous mettions sous presse,à la mi-journée de dimanche, les congressistes n'ont toujours pas choisi le successeur d'Osman.n
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L'aura politique du Zaïm
Né à Oujda en 1930, Ahmed Osman a été introduit dès sa jeunesse dans les arcanes du pouvoir. En coordination avec le Parti de l'Istiqlal, le défunt Roi Mohammed V avait décidé de sélectionner les cinq meilleurs élèves du Royaume pour accompagner son fils, Moulay El Hassan, dans ses études. Parmi eux Ahmed Osman.Dès la fin des années quarante, Ahmed Osman se fondra dans l'entourage royal, étudiant à l'université en compagnie du futur Roi feu S.M. Hassan II, puis prenant ses premières responsabilités gouvernementales à 25 ans, au sein de la première cellule du Cabinet royal, constitué en 1955 à Saint-Germain-en-Laye, lors du court séjour en France qui précèdera le retour de la famille royale de son exil à Madagascar.
C'est surtout à partir de l'arrivée de feu S.M. Hassan II au pouvoir, en 1961, que sa carrière va prendre un grand élan, avec sa première entrée au gouvernement dès 1962. Promu directeur du Cabinet royal un mois, il deviendra Premier ministre quelques mois après, occupant ainsi les deux postes les plus importants de sa carrière.
A partir de 1979, il abandonnera progressivement le gouvernement pour se consacrer à la vie partisane, via son parti, le RNI, créé en 1978. Il occupera par la suite le poste de président du Parlement de 1984 jusqu'en 1992. Depuis, l'aura politique du zaïm n'a pas cessé de perdre de son éclat.
