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Hassan Bourkia à la Galerie Bab Rouah

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C'est une première dans la carrière plastique de Hassan Bourkia. Un peintre qui a derrière lui un palmarès des plus brillants, mais qui expose pour la première fois à la Galerie Bab Rouah, considérée comme lieu de consécration pour les plasticiens qui ont marqué de leur empreinte l'univers des arts plastiques.

Un événement très attendu à Rabat ayant connu lors de son vernissage une grande affluence d'amoureux des arts plastiques, d'artistes et de représentants des médias. Ce qui n'est pas étonnant puisque Bourkia fait partie de toute cette élite de peintres dont la créativité a dépassé les normes de l'académisme, s'affirmant par leurs œuvres, leurs expériences et leur style propre à leur identité.

En effet, Hassan Bourkia, dont les œuvres sont le résultat d'une longue évolution de recherches, a aussi ajouté à l'espace des arts plastiques quelque chose à lui à travers la forme et la couleur des matériaux qu'il a utilisées, comme l'a bien expliqué Edmond Amran El Maleh dans une critique sur le peintre : « La caractéristique essentielle de Hassan Bourkia c'est que, tout en restant dans la matrice de la peinture, il en pervertit le langage.

C'est le matériau qui fait fonction de couleur, moyennant quelques interventions. Il y a là un ensemble de processus secrets en ce sens que leur effet n'est pas visible et que, pour être techniques ne sauraient être négligés. Il aurait fallu s'en expliquer.

C'est une fusion dans la matière de la part de Hassan Bourkia en la circonstance.» Cette spécificité a permis au peintre d'occuper une place très particulière, en plus de sa double fonction d'essayiste et de traducteur qui lui a octroyé la possibilité d'être à la page dans le domaine culturel, à travers certains ouvrages qu'il a traduits, comme « Gai savoir», «Crépuscule des idoles» et «Par-delà le Bien et le Mal»de Nietzsche, «Abner Abounour», «Le retour de Abou El Haki» de Edmond Amran El Maleh, entre autres essais ou traductions.

Ainsi, Hassan Bourkia a le don de pratiquer dans ces deux domaines, aussi différents l'un de l'autre, sans pour autant négliger le premier aux dépens du second. Une rare qualité qui le place parmi ceux qui ont ouvert des perspectives aussi bien dans la peinture que dans la traduction.

« Je ne vois pas, dans mon cas, de différence entre la peinture et l'écriture, dans le sens où l'on peut mener la tâche, comme il faut, et être prêt à saisir ces vocations et ce hasard multiple. Il y a des choses dont on peut parler, que l'on peut décrire, éclaircir ou cacher à la fois quand on écrit ; cela veut dire que ce pouvoir du mot, du dire, existe, conduit et dénote… Là aussi on laisse le regard, la mémoire et l'émotion creuser leur parcours.

Donc, créer un discours. La peinture, quant à elle, est un autre discours, elle n'articule pas des sensations et des visions où le mot, certes, se dépasse, devient autre, quelque chose de plus profond. Ce que le langage est incapable de transmettre devient communicable sur le plan de la peinture», précise Hassan Bourkia pour nous expliquer que peinture et traduction peuvent tout à fait aller de pair.

Son amour pour la nature le pousse à faire, de temps en temps, de longs voyages dans le but d'explorer les régions les plus lointaines et en prélever des poignées de terre qui seront à la base d'une nouvelle création artistique. C'est là qu'on peut situer les paysages, source de son inspiration. «Nourri de tant de sensations travaillant en profondeur une sensibilité, le limon d'une culture en partage, envahi par un bonheur tels ces oasis venant atténuer la rigueur désertique, le peintre Hassan est au défi avec lui-même, loin de toute spéculation intellectuelle, toute référence muséale, toute citation de grands peintres, de Matisse à Picasso, l'ordinaire de la culture de références au monde de la peinture.

Il se lance dans la tentative inachevée de recomposer ce foisonnement merveilleux des sensations premières, le désir insensé d'emprisonner cette terre, de la faire rentrer littéralement dans le tableau par ce qui en est tombé, autre chose que ces pigments offerts à la consommation, ce presque rien par quoi Hassan se confie à nous, et c'est là l'occasion à la faveur de ces «paysages» hassaniens, dont la résonance d'intense matérialité abolit l'abstraction de faire quelques remarques d'importance.» C'est ainsi que Hassan Bourkia, à travers ses recherches intenses, nous donne l'exemple d'une vocation affirmée et un fort désir de peindre des choses venant de sa culture originelle.

Son œuvre comporte, également, une série de talismans renfermant leurs pouvoirs mystérieux, incarnant tout le vaste registre de la culture populaire marocaine, encore vivante.

Tout un pouvoir artistique et culturel que possède Hassan Bourkia, le plaçant à un niveau où l'Histoire n'oubliera pas son nom. L'exposition se poursuivra jusqu'au 10 juin.
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