Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Spécial Marche verte

Y aura-t-il une pénurie d'eau d'ici 2020 ?

Baisse du potentiel des ressources en eau, de 2.560 m3 en 1960 à 750 m3 en 2007

No Image
Fêtée le 17 juin de chaque année, la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse marque l'anniversaire de l'adoption de la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD).

A travers le monde entier, près de 232 millions de personnes sont aujourd'hui sous le seuil du «stress hydrique» c'est-à-dire moins de 1000 m3 d'eau renouvelables par an et par habitant. En 2050, c'est entre 1 milliard et à 2,4 milliards de personnes que se situera ce pourtour, essentiellement en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.

Mais qu'en est-il du Maroc ? Quelles en sont les causes ? Et que dire des efforts déployés pour lutter contre la désertification?
Le potentiel des ressources en eau au Maroc qui était de 2 560 m3 par habitant en 1960 est tombé aujourd'hui à 750m3/hab/an. Auquel cas, nous serions déjà en situation de stress hydrique.

Selon Abdelkbir Zahoud, secrétaire d'Etat chargé de l'Eau « le taux des ressources en eau naturelle par habitant, qui exprime la richesse ou la rareté relative de l'eau d'un pays, est en moyenne de 750 m3/hab/an, soit les 3/4 du seuil critique de 1.000 m3/hab/an, communément admis»
En effet, ce taux moyen relativement faible dissimule, en réalité, une situation beaucoup plus préoccupante car il varie de 2000 m3/hab/an à 150 m3/hab/an en allant du nord du pays suffisamment arrosé au sud souffrant d'un déficit en eau. Cela veut dire que pour l'ensemble du Maroc, ce taux se situera autour de 700 m3 à l'horizon 2020.

A cette date, près de 13 millions d'habitants, représentant près du tiers de la population totale du pays, disposeront de moins de 500 m3/hab/an considérés comme seuil de manque d'eau chronique. «La rareté de l'eau, son irrégularité dans le temps et dans l'espace ainsi que sa fragilité et la sous-valorisation des usages qui en sont faits demeurent les caractéristiques majeures de notre contexte hydrologique et constituent les principales contraintes auxquelles se heurte le développement des ressources en eau au Maroc» telle est la problématique que relève Abdelkbir Zahoud.

A côté de tout cela, il faut noter que le potentiel actuel n'est pas uniforme sur l'ensemble du pays puisque, du nord au sud, il varie de 1850 m3 à 100 m3 à peine.

En effet, le Maroc souffre de grandes disparités en matière de pluviométrie. C'est au nord et aux abords des chaînes de l'Atlas que les précipitations sont les plus importantes, avec une moyenne annuelle comprise entre 600 et 800 mm. Le centre du pays est aussi relativement bien arrosé avec ses 400 à 600 mm/an.
Partout ailleurs, la moyenne est comprise entre 200 et 400 mm/an et peut même se situer en dessous des 200 mm.

Dans ce sens, le gouvernement effectue plusieurs efforts: réalisation du programme d'accompagnement et d'économie des ressources, dessalement et traitement de l'eau saumâtre, création de mesures de préservation des nappes.
« Pour faire face à ces multiples défis et satisfaire la demande en eau à l'horizon 2030, l'action du secrétariat d'Etat chargé de l'Eau s'inspire des orientations contenues dans le discours royal prononcé le 21 juin 2001.

Ainsi, le secrétariat œuvre dans la réalisation de deux actions : préserver les acquis, notamment dans le domaine de la mobilisation de la ressource et combler les insuffisances en matière de valorisation des ressources en eau», souligne Abdelkrim Zahoud, il rajoute que «cette stratégie vise à soutenir et accompagner le développement socio-économique de notre pays dont l'élan et le rythme se renouvèlent et s'intensifient ces dernières années. Elle a pour ambition d'anticiper sur les risques de rupture entre la demande en eau en perpétuelle croissance et une offre de plus en plus complexe et coûteuse».

Toutefois, il faut souligner que si le pays doit son stress hydrique à sa situation géographique qui est une zone (semi-aride à aride), d'autres raisons font de cette contrainte une véritable sphère.
Il s'avère que 60% d'eau est gaspillée dans l'agriculture: le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau estime les précipitations totales sur le Maroc à 150 milliards de m3 en moyenne, dont 120 milliards s'évaporent ou sont absorbés par les plantes. Sur les 30 milliards d'écoulement et infiltrations, la quantité d'eau est estimée de 19 à 20 milliards de m3.

Ceci dit, d'autres gestes citoyens viennent s'ajouter à la problématique du stress hydrique: la croissance urbaine et l'augmentation des consommations viennent en premier lieu. En matière d'eau potable, cette explosion démographique accentue la pression sur des ressources qui se raréfient. En matière d'assainissement, cette urbanisation se traduit par une plus grande concentration des pollutions ménagères et industrielles.

En second lieu, nous notons que la ressource qui est souvent gaspillée (les fuites sur les réseaux collectifs atteignent parfois 50 %, et l'irrigation agricole est souvent effectuée sans souci d'économie).En dernier lieu, nous signalons l'absence de système de dépollution des eaux usées qui polluent les rivières et les fleuves. Sur le pourtour de la Méditerranée, 70 % des eaux usées sont rejetées sans être dépolluées.

Pour conclure, il faut dire que l'eau est un secteur en très forte tension et la tendance actuelle tend vers l'aggravation de la situation.

Aujourd'hui, le potentiel des ressources en eau mobilisées est de750 m3/hab/an. En 2004, c'était 900 m3 /hab/an. Pour mesurer la gravité de la chose et avoir une idée du recul, des ressources en eau, il suffit de savoir qu'en 1960, nous
disposions d'un potentiel de 2.560 m3/hab/an.
------------------------------------------------

Les ressources en chiffres

-Un contexte hydrologique sévère: le contexte hydrologique du Maroc reste principalement influencé par une irrégularité annuelle et une variabilité interannuelle très marquées.

L'alternance de séquences de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse d'intensité et de durée variables est également un trait dominant des régimes hydrologiques. Les précipitations se produisent généralement en deux périodes pluviales ; la première en automne et la seconde en hiver. Le nombre de jours pluvieux varie de l'ordre de 30 au sud du pays à près de 70 au nord.

- Les eaux de surface, un effort de mobilisation soutenu : le Maroc dispose de quantités appréciables d'eau de surface. Sur l'ensemble des ressources en eau disponibles évaluées à 29 milliards de m3, seuls 19 milliards de m3 sont actuellement mobilisables dans des conditions techniques et économiques acceptables. L'eau de surface, qui représente les deux tiers du potentiel en eau, subit des fluctuations d'apports importantes selon l'hydraulicité de l'année.

- Les eaux souterraines, un potentiel important : présentant des avantages certains de par leur bonne répartition géographique, leur facilité de captage et leur moindre vulnérabilité aux aléas climatiques et à la pollution, les ressources en eau souterraine jouent un rôle important dans le développement socio-économique du pays en assurant notamment l'approvisionnement en eau des populations rurales.
Lisez nos e-Papers