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Quand le rêve devient une amère réalité

Une des communes les plus riches du Maroc perd peu à peu de son âme

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Situé à 3 kilomètres au sud-ouest d'El Jadida, Sidi Bouzid est un centre balnéaire de renommée 111110nale qui fait partie de la commune de Moulay Abdellah. Il n'était avant 1969 qu'un amas de dunes, de rocailles et de rochers inaccessibles que fouettaient, à longueur d'année, des vagues d'écume qui entraînaient, dans leur mouvement, des montagnes d'algues arrachées ici et là.

Jouissant d'un charme sublime et apprécié, à juste titre, par des caractéristiques ensorcelantes, il est devenu un paradis de beauté et de fraîcheur et la desti110n privilégiée de milliers de visiteurs étrangers et 110naux dont des familles en grande majorité. Ainsi, tout le monde pensait que cette station balnéaire pittoresque, résolument prédestinée au tourisme, connaîtrait rapidement un essor spectaculaire. Evidemment, ce centre, niché au bord d'une mer à eau claire, avait tout pour plaire et offrait également toutes les commodités d'un centre de vacances de standing et toute la panoplie d'un tourisme riche et diversifié: pêche, ski-nautique, tourisme écologique, randonnées pédestres et équestres, plongée sous-marine, sites archéologiques. Sans oublier la proximité de la ville historique "Tit" (Moulay Abdellah) et de la cité portugaise d'El Jadida.

De façon que l'on croyait dur comme fer qu'il suffirait de quelques projets et d'un peu d'imagi110n pour que soient valorisés les multiples atouts de cette station balnéaire. Tout le monde était convaincu que les multiples projets programmés ne manqueraient pas de donner une réelle dimension au potentiel déjà existant de cette station. Justement, tout laissait croire que des infrastructures touristiques allaient être mises au service de la richesse naturelle de la région. Et l'on espérait bien d'autres choses. Disons simplement qu'on rêvait. Et que le rêve était si beau.

Mais l'éveil fut amer. Si l'on se réfère aux analyses des observateurs, on peut dire que la question de la mauvaise gestion communale a constitué, sans aucun doute, un handicap majeur. En plus de ce problème, on retient d'autres facteurs importants. On pense surtout au manque d'expérience du personnel opérant et à l'absence de politiques de promotion fiables.

Pis encore, la commune, qui est l'une des plus riches du Maroc, sinon d'Afrique, n'a jamais pensé à un projet assurant un état d'hygiène et de propreté digne de sa réputation. Il n'y a guère de réseau d'assainissement liquide puisque tout le monde est contraint dans ce centre à se contenter des fosses sceptiques.

Des ruissellements des eaux usées ont à maintes reprises envahies l'été dernier les impasses et les rues. Tant l'incivisme bat son plein chez les gérants de la commune et les responsables de la province. Ne comprennent-ils pas que la mer et les zones vertes et boisées sont dans l'ensemble des ressources qui font l'originalité de Sidi Bouzid, notamment sur le plan touristique ? Le calvaire dure depuis de nombreuses années sans que personne ne s'en soucie.

Mais ce qui inquiète encore plus, c'est que Sidi Bouzid commence à perdre progressivement ses différents atouts et tout ce qui faisait autrefois son charme et son originalité. Et ce n'est aucunement les exemples qui manquent.

A commencer par cette belle falaise qui était considérée comme l'un des symboles du coin paisible de cette station et où se réunissaient des milliers et des milliers de fidèles. Depuis à peu près deux années, et à la surprise générale, des bâtisses furent construites, alors que cette falaise était perçue comme un élément capital du patrimoine naturel de la station vu qu'elle ne pourrait être que du domaine maritime.
Le théâtre de plein air de Sidi Bouzid, le symbole culturel incontestable de cette cité, a, de son côté, et en l'espace de quelques années, perdu toute sa dimension authentique, pour devenir ainsi un simple local sans âme. Autre exemple, on se rappelle qu'avec le lancement du projet du "Mountazah"(parc d'attraction) par un saoudien, qui a réalisé tout un programme de réhabilitation de ce site, avec des restaurants, des cafés, des jeux pour enfants et autres espaces publics de qualité, on croyait que les choses allaient s'améliorer.

Or, aujourd'hui, ce parc est en train de rendre l'âme, lentement et sûrement puisqu'on a tout fait pour contrecarrer cet investisseur, marocain d'adoption, afin qu'il "aille investir ailleurs".
D'un autre côté, cette station commence à se libérer de son cachet architectural, l'une de ses spécificités, en raison d'une urbanisation mal conçue et mal menée. Certains observateurs relèvent d'ailleurs que plusieurs constructions sont faites sans autorisation ou ne respectent guère les normes, et donc qu'elles sont anarchiques.

En somme, on peut dire que le problème de Sidi Bouzid, comme le soulève un architecte, qui a voulu garder l'anonymat, est avant tout un problème de réflexion et d'application du code de l'urbanisme. Dans ce contexte, ce même architecte nous a précisé qu'à Sidi Bouzid ou les autres cités des Doukkala, on semble oublier les directives du message royal aux participants à la rencontre 110nale du code de l'urbanisme: ‹‹ Il nous a déjà été donné à maintes occasions d'attirer l'attention des responsables et des autres parties prenantes, aux niveau 110nal que local, sur les dysfonctionnements manifestes qui affectent le tissu urbanistique, et que nous avons observés de près lors des tournées d'information sur le terrain que nous avons effectuées à travers les différentes régions du Maroc.

A cet égard, nous avons donné nos instructions au gouvernement et aux responsables locaux, élus et autorités, pour mettre un terme aux différents dépassements et infractions, en les réprimant fermement et sans la moindre complaisance. En effet, l'aggravation de ces forfaits ne constitue pas seulement une menace pour la sécurité des citoyens, mais elle compromet aussi l'harmonie du paysage urbanistique, volet essentiel du projet 116iétal que nous entendons mettre en œuvre, aussi appelons-nous à nouveau les pouvoirs publics à faire face aux différentes violations et à les prévenir par une stricte application de la loi…››.
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Des agissements condamnables

Sidi Bouzid se dégrade au point que la situation actuelle n'est plus tolérable. Une véritable institutionnalisation des dérives est constatée par tous, mais jamais éradiquée : explosion du marché de la drogue, banalisation de la délinquance et atteinte aux mœurs. Jeux d'argent à la sauvette, transformation des rues en lieux de débauche… Il existe une véritable «géographie de la déglingue».

La toxicomanie et le lucratif business qui l'accompagne sont loin d'être enrayés. Pire encore, ce site est devenu le lieu de prédilection de la dépravation à cause de ces soi-disant «courtiers immobiliers» dont certains d'entre eux n'hésitent pas à abuser de la confiance mise en eux par les propriétaires des résidences. Même des repris de justice sans domicile fixe s'adonnent impunément à ce «métier louche» sans que personne n'111vienne.

La criminalité atteint des niveaux inquiétants, que ce soit pour les atteintes aux biens (cambriolages, squatterisation des habitations, intrusions dans les entrées, vols), ou les atteintes aux personnes. Dernièrement, des kiosques ont été saccagés par des vandales et ont fait l'objet d'actes de vol et de cambriolage.

«Aucun kiosque, installé derrière le marché, n'a été épargné. Ils ont tous fait l'objet de plusieurs actes de vols, de cambriolage et d'agressions commis par des malfaiteurs très connus », disent des propriétaires des kiosques saccagés.

Ces derniers ont précisé qu'ils sont allés déposer plainte auprès des services de la gendarmerie royale mais on leur a dit qu'ils devraient déposer leur plainte auprès du procureur du Roi.
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