Un mal de tête, une insomnie, un cauchemar, un accident, une intoxication, une fièvre, un problème au travail, un procès pour un feu rouge non respecté et c'est parce que c'est Chaâbane… Chez bon nombre de nos concitoyens, tout est mis sur le compte de ce mois sacré ou plutôt sur le dos des esprits maléfiques. A chacun sa version des choses, mais le point commun à tous c'est qu'ils y croient dur comme fer. «Quand on est habité par des esprits malfaisants, on en voit de toutes les couleurs pendant ce mois», «Les gens qui se disent modernes ignorent ou plutôt font semblant d'ignorer qu'il faut absolument faire des offrandes aux esprits en cette période de l'année.
C'est pourquoi les esprits se vengent d'eux et les rendent malades», «Toutes les personnes à qui on a jeté un sort à un moment donné souffrent pendant les semaines qui précèdent le Ramadan», «Les esprits maléfiques se déchaînent pendant cette période avant qu'ils ne soient enchaînés pendant le Ramadan»… Ce ne sont que quelques-unes des explications que les uns et les autres des accros du paranormal ont bien voulu nous
soumettre.
Pour parer à toute éventuelle vengeance des djinns, les Marocains organisent maints rituels en ce mois de Chaâbane. Cela peut aller du tatouage au henné ou du port d'une tenue de telle ou telle couleur aux grandes veillées religieuses ou soirées mystiques.
«Quelle que soit la forme ou la qualité des rituels, ils vont dans le sens de l'offrande pour satisfaire les djinns. A chacun ce que demandent ses possesseurs», argumente cette voyante.
Et bien sûr, pour tous ces adeptes des djinns, un passage chez le saint de leur région s'impose.
Khadija, une quadragénaire très versée dans la sorcellerie, prétend que «Le djinn qui m'habite, du nom de "Hammou", m'impose d'organiser pendant la première quinzaine de Chaâbane une hadra (veillée) de Hmadcha et de porter impérativement une tenue rouge nouvellement confectionnée. Je dois aussi me tatouer les mains au henné, faire offrande d'un poulet impérativement rouge et de fruits secs, des dattes et du sucre. C'est tous les ans pareil depuis mes 19 ans.» Ces informations, elle les a eu de chez son fqih attitré qui avait réussi il y a plus d'une vingtaine d'années à la délivrer des leriah (des crises d'épilepsie).
Hnia, une jeune femme d'à peine 25 ans, subit un rituel bien plus colossal. Pour la simple raison qu'elle n'est pas simplement habitée mais totalement possédée par ce qu'elle appelle le fqih de tous les djinns, «Chamharouch». Hnia a été obligée, selon elle, à devenir voyante dès ses 18 ans. Par égard à son possesseur, le rituel de Chaâbane pour Hnia est de faire offrande d'un taureau en plus de porter du blanc et, comme les autres, mettre du henné. Sauf que là, ce sont trois tenues qu'elle doit préparer pour l'occasion parce qu'elle «organise trois hadrate : Jilala, Hmadcha et Gnaoua», énumère-t-elle.
D'autres organisent des soirées avec Aïssaoua et offrent des poulets de différentes couleurs allant du jaune au noir tacheté, ce sont selon la voyante des adeptes de «Mira», «Malika» et «Aïcha» (d'autres djinns). Restent ceux qui offrent des chèvres ou des poulets noirs lors de longues veillées de Gnaoua en présent à «Mimoun». Normal que le prix du poulet «beldi» flambe en cette période de l'année. Abdelhak, vendeur de volailles au marché Dallas du quartier Oulfa, en atteste d'un air malicieux, «c'est la meilleure saison pour nous, je
m'approvisionne au moins quatre fois par semaine en beldi. D'ailleurs les commandes sont très précises et je ne dois pas me tromper de couleur. C'est en voiture que de belles dames et des gentlemen viennent passer commande. Parfois il y a pénurie de poules noires».
Parce que justement ces rituels s'appliquent aux femmes comme aux hommes. Si vous faites attention autour de vous, vous verrez des hommes avec un ornement de henné sur la paume de la main, ou la plante des pieds pour les plus discrets.C'est tout de même étonnant et il y a de quoi se poser la question : pourquoi ces croyances et rituels sont-ils aussi répandus ? «Le fait que notre
religion, reconnaisse les forces invoquées, nommées djinns, telles des créatures de Dieu, créées avec la même destinée que les humains, à savoir la vénération du Tout-Puissant, et que le Coran prouve cette reconnaissance, ces détails, provenant d'une référence divine, ne sauraient rester sans impact sur l'inconscient de la mémoire collective au sujet de ces entités.
C'est ce qui explique en grande partie, la crainte qui leur est vouée», explique Noureddine Raïssi, sociologue. Mais heureusement, il n'y a pas que des soirées mystiques qui se tiennent en ce mois de Chaâbane. Des fêtards invétérés se réunissent aussi et organisent des soirées nommées «Chaâbana», généralement 40 jours avant le Ramadan, date limite selon la coutume pour les amateurs de boissons alcooliques.
«C'est la totale, chaque année je ramène chikhates, orchestres, traiteur et nekacha pour des soirées qui durent jusqu'au petit matin à nous amuser tous, mes amis et collègues, comme des fous», raconte Fouzia, professeur de français dans un collège.
Et de préciser, sourire aux lèvres : «Il est clair que je ne prends pas seule en charge la soirée, tout le monde participe,on organise une collecte d'argent hebdomadaire pendant au moins deux mois (daret)».
A chacun son monde, à chacun ses croyances. Sous d'autres cieux, ce sont les
extraterrestres qui hantent les esprits.
C'est pourquoi les esprits se vengent d'eux et les rendent malades», «Toutes les personnes à qui on a jeté un sort à un moment donné souffrent pendant les semaines qui précèdent le Ramadan», «Les esprits maléfiques se déchaînent pendant cette période avant qu'ils ne soient enchaînés pendant le Ramadan»… Ce ne sont que quelques-unes des explications que les uns et les autres des accros du paranormal ont bien voulu nous
soumettre.
Pour parer à toute éventuelle vengeance des djinns, les Marocains organisent maints rituels en ce mois de Chaâbane. Cela peut aller du tatouage au henné ou du port d'une tenue de telle ou telle couleur aux grandes veillées religieuses ou soirées mystiques.
«Quelle que soit la forme ou la qualité des rituels, ils vont dans le sens de l'offrande pour satisfaire les djinns. A chacun ce que demandent ses possesseurs», argumente cette voyante.
Et bien sûr, pour tous ces adeptes des djinns, un passage chez le saint de leur région s'impose.
Khadija, une quadragénaire très versée dans la sorcellerie, prétend que «Le djinn qui m'habite, du nom de "Hammou", m'impose d'organiser pendant la première quinzaine de Chaâbane une hadra (veillée) de Hmadcha et de porter impérativement une tenue rouge nouvellement confectionnée. Je dois aussi me tatouer les mains au henné, faire offrande d'un poulet impérativement rouge et de fruits secs, des dattes et du sucre. C'est tous les ans pareil depuis mes 19 ans.» Ces informations, elle les a eu de chez son fqih attitré qui avait réussi il y a plus d'une vingtaine d'années à la délivrer des leriah (des crises d'épilepsie).
Hnia, une jeune femme d'à peine 25 ans, subit un rituel bien plus colossal. Pour la simple raison qu'elle n'est pas simplement habitée mais totalement possédée par ce qu'elle appelle le fqih de tous les djinns, «Chamharouch». Hnia a été obligée, selon elle, à devenir voyante dès ses 18 ans. Par égard à son possesseur, le rituel de Chaâbane pour Hnia est de faire offrande d'un taureau en plus de porter du blanc et, comme les autres, mettre du henné. Sauf que là, ce sont trois tenues qu'elle doit préparer pour l'occasion parce qu'elle «organise trois hadrate : Jilala, Hmadcha et Gnaoua», énumère-t-elle.
D'autres organisent des soirées avec Aïssaoua et offrent des poulets de différentes couleurs allant du jaune au noir tacheté, ce sont selon la voyante des adeptes de «Mira», «Malika» et «Aïcha» (d'autres djinns). Restent ceux qui offrent des chèvres ou des poulets noirs lors de longues veillées de Gnaoua en présent à «Mimoun». Normal que le prix du poulet «beldi» flambe en cette période de l'année. Abdelhak, vendeur de volailles au marché Dallas du quartier Oulfa, en atteste d'un air malicieux, «c'est la meilleure saison pour nous, je
m'approvisionne au moins quatre fois par semaine en beldi. D'ailleurs les commandes sont très précises et je ne dois pas me tromper de couleur. C'est en voiture que de belles dames et des gentlemen viennent passer commande. Parfois il y a pénurie de poules noires».
Parce que justement ces rituels s'appliquent aux femmes comme aux hommes. Si vous faites attention autour de vous, vous verrez des hommes avec un ornement de henné sur la paume de la main, ou la plante des pieds pour les plus discrets.C'est tout de même étonnant et il y a de quoi se poser la question : pourquoi ces croyances et rituels sont-ils aussi répandus ? «Le fait que notre
religion, reconnaisse les forces invoquées, nommées djinns, telles des créatures de Dieu, créées avec la même destinée que les humains, à savoir la vénération du Tout-Puissant, et que le Coran prouve cette reconnaissance, ces détails, provenant d'une référence divine, ne sauraient rester sans impact sur l'inconscient de la mémoire collective au sujet de ces entités.
C'est ce qui explique en grande partie, la crainte qui leur est vouée», explique Noureddine Raïssi, sociologue. Mais heureusement, il n'y a pas que des soirées mystiques qui se tiennent en ce mois de Chaâbane. Des fêtards invétérés se réunissent aussi et organisent des soirées nommées «Chaâbana», généralement 40 jours avant le Ramadan, date limite selon la coutume pour les amateurs de boissons alcooliques.
«C'est la totale, chaque année je ramène chikhates, orchestres, traiteur et nekacha pour des soirées qui durent jusqu'au petit matin à nous amuser tous, mes amis et collègues, comme des fous», raconte Fouzia, professeur de français dans un collège.
Et de préciser, sourire aux lèvres : «Il est clair que je ne prends pas seule en charge la soirée, tout le monde participe,on organise une collecte d'argent hebdomadaire pendant au moins deux mois (daret)».
A chacun son monde, à chacun ses croyances. Sous d'autres cieux, ce sont les
extraterrestres qui hantent les esprits.
