Ils font dans la dentisterie, frappent aux portes en quête de clients, proposent toutes sortes de soins dentaires avec des facilités de paiement et, de surcroît, ils sont hors de compétition sur le plan tarifaire. Mais aussi sur le plan "risques" et transmission de virus de tous genres, ainsi qu'en ce qui concerne le registre "dégâts et séquelles" de leur intervention en bouche, dont certains revêtent un caractère irréversible.
Ce qu'ils ont d'extraordinaire, c'est qu'ils ont entériné le concept de "l'arroseur arrosé", car la concurrence dont ils sont signataires ne touche pas que les chirurgiens-dentistes, mais aussi les charlatans bien de chez nous, communément appelés "mécaniciens dentaires". Leur argument : un prix difficilement mis à concurrence, du fait qu'ils n'ont à se décharger d'aucune taxe.
En effet, depuis près d'une année, ces "chirurgiens-dentistes" autoproclamés sévissent un peu partout à travers le Royaume. Leurs interventions vont du simple soin dentaire, passant par l'extraction d'une dent jusqu'à la préparation en amont, la confection et la pose de prothèses dentaires, qu'elles soient fixes (dents unitaires en céramique ou bridge - pont composé de plusieurs dents soudées entre elles) ou amovibles (dentiers, prothèses totales ou partielles - composées d'une ou plusieurs dents).
Bien sapés et grosse mallette à la main, ils se présentent en tant que chirurgiens-dentistes et proposent de prendre toute la famille en charge en tout ce qui concerne la dentisterie. Il suffit que la personne ayant ouvert la porte montre un brin d'intérêt pour qu'ils opèrent une conversion à 180 degrés. A ce moment précis, ils troquent la casquette de dentiste contre celle de commercial chevronné.
A la tête du client, ils afficheront des prix différents. Mais ce n'est pas le plus important ou, plutôt, le plus grave. Car, en fait, dans leurs grosses mallettes, ils trimbalent un matériel rudimentaire avec lequel ils effectueront tout le travail dont seul un chirurgien-dentiste est capable. Une mallette en guise de cabinet, dira-t-on.
A titre d'exemple, pour tailler une dent et la préparer à recevoir une prothèse, ces hors-la-loi de la médecine utilisent, dans le meilleur des cas, des micromoteurs pratiques à transporter (30.000 tours/min), sinon des "tours suspendus" (20.000 tours/min), alors qu'une turbine hydraulique de chirurgien-dentiste tourne à plus de 300.000 tours par minute. Le jet d'eau étant destiné à refroidir la zone d'intervention pour ne pas faire souffrir le patient et, parallèlement, la vitesse de rotation est de nature à garantir une qualité de travail irréprochable, à même de permettre la pose de la prothèse dans les meilleures conditions de rétention.
Au-delà du contexte technique de la chose, l'aspect hygiénique reste le plus grave. En effet, loin de toute mesure de stérilisation, ces charlatans venus d'ailleurs travaillent avec le même matériel pour tous les patients et, de ce fait, représentent un vecteur de transmission de toutes sortes de contaminations.
Du coup, les règles élémentaires en matière d'hygiène, en termes de règles d'art, ou celles se rapportant au métier de médecin dentiste sont réduites à néant. Les victimes qui ont eu affaire à cette caste de charlatans se retrouvent avec de graves soucis de santé, en témoignent les praticiens qui ont été appelés à la rescousse en cas de complication.
«C'est tout simplement horrible. Que ce soit sur le plan hygiénique ou fonctionnel de la prothèse, sinon sur le point esthétique du travail, c'est de la pure charcuterie ! Le problème est qu'une bonne partie de ces victimes consultent un médecin tardivement et sont, de facto, irrécupérables, car lorsque vous vous retrouvez avec des complications irréversibles, vous ne pouvez qu'éprouver du regret et de la compassion pour le patient », s'insurge Dr Adnane Mrini, chirurgien-dentiste qui a eu à recevoir des patients-victimes de ces médicastres.
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A commencer par la sienne, puis celle du "m'tâalam", le fidèle disciple, ensuite celle d'un éventuel coursier (voir hors texte). Comme ils sont plusieurs dizaines de milliers à gagner leur pain grâce à l'exercice illégal de la chirurgie dentaire dans tout le pays, les éradiquer est tout simplement de nature à générer une crise sociale d'envergure.
Parallèlement, et outre l'aspect social de la chose, le coût des prestations du mécanicien dentaire justifie à lui seul leur présence, voire leur sauvegarde même, pour le moment.
En effet, tout le monde ne peut se permettre le luxe de se faire soigner par un chirurgien-dentiste. Les prix affichés par les cabinets dentaires restent hors de portée des familles au revenu faible, ou moyen même.
Certes, ces tarifs sont raisonnables dans la majorité des cas, et justifiés d'ailleurs, au gré des investissements ayant prévalu en amont de l'ouverture de leur cabinet, aussi bien en formation qu'en matériel. Cependant, le citoyen lambda aux rentrées d'argent réduites ne peut y accéder.
A titre d'exemple, une simple extraction de dent coûte à partir de 200 DH dans un cabinet dentaire, avec le respect de toutes les règles d'hygiène et de l'art. Cet acte peut coûter beaucoup plus en cas de complications ou s'il faut procéder par chirurgie.
Chez le mécanicien dentaire du coin, cela coûte 30 DH en moyenne. Certes, l'acte est escorté d'énormes risques, mais l'amère réalité des petites bourses impose, encore, sa dictature sur ce point précis.
REPÈRES
Risques et périls
> Transmission de virus de toutes sortes.
> Troubles au niveau de l'articulation temporo-mandibulaire (axe qui lie les mâchoires).
> Luxation de l'articulation temporo-mandibulaire.
> Fracture de l'os mandibulaire (mâchoire) lors de l'extraction, nécessitant 2 à 6 mois de mobilisation des mâchoires (fermées), période durant laquelle le patient ne peut se nourrir que d'aliments liquides, à l'aide d'une paille.
Ce qu'ils ont d'extraordinaire, c'est qu'ils ont entériné le concept de "l'arroseur arrosé", car la concurrence dont ils sont signataires ne touche pas que les chirurgiens-dentistes, mais aussi les charlatans bien de chez nous, communément appelés "mécaniciens dentaires". Leur argument : un prix difficilement mis à concurrence, du fait qu'ils n'ont à se décharger d'aucune taxe.
En effet, depuis près d'une année, ces "chirurgiens-dentistes" autoproclamés sévissent un peu partout à travers le Royaume. Leurs interventions vont du simple soin dentaire, passant par l'extraction d'une dent jusqu'à la préparation en amont, la confection et la pose de prothèses dentaires, qu'elles soient fixes (dents unitaires en céramique ou bridge - pont composé de plusieurs dents soudées entre elles) ou amovibles (dentiers, prothèses totales ou partielles - composées d'une ou plusieurs dents).
Bien sapés et grosse mallette à la main, ils se présentent en tant que chirurgiens-dentistes et proposent de prendre toute la famille en charge en tout ce qui concerne la dentisterie. Il suffit que la personne ayant ouvert la porte montre un brin d'intérêt pour qu'ils opèrent une conversion à 180 degrés. A ce moment précis, ils troquent la casquette de dentiste contre celle de commercial chevronné.
A la tête du client, ils afficheront des prix différents. Mais ce n'est pas le plus important ou, plutôt, le plus grave. Car, en fait, dans leurs grosses mallettes, ils trimbalent un matériel rudimentaire avec lequel ils effectueront tout le travail dont seul un chirurgien-dentiste est capable. Une mallette en guise de cabinet, dira-t-on.
A titre d'exemple, pour tailler une dent et la préparer à recevoir une prothèse, ces hors-la-loi de la médecine utilisent, dans le meilleur des cas, des micromoteurs pratiques à transporter (30.000 tours/min), sinon des "tours suspendus" (20.000 tours/min), alors qu'une turbine hydraulique de chirurgien-dentiste tourne à plus de 300.000 tours par minute. Le jet d'eau étant destiné à refroidir la zone d'intervention pour ne pas faire souffrir le patient et, parallèlement, la vitesse de rotation est de nature à garantir une qualité de travail irréprochable, à même de permettre la pose de la prothèse dans les meilleures conditions de rétention.
Au-delà du contexte technique de la chose, l'aspect hygiénique reste le plus grave. En effet, loin de toute mesure de stérilisation, ces charlatans venus d'ailleurs travaillent avec le même matériel pour tous les patients et, de ce fait, représentent un vecteur de transmission de toutes sortes de contaminations.
Du coup, les règles élémentaires en matière d'hygiène, en termes de règles d'art, ou celles se rapportant au métier de médecin dentiste sont réduites à néant. Les victimes qui ont eu affaire à cette caste de charlatans se retrouvent avec de graves soucis de santé, en témoignent les praticiens qui ont été appelés à la rescousse en cas de complication.
«C'est tout simplement horrible. Que ce soit sur le plan hygiénique ou fonctionnel de la prothèse, sinon sur le point esthétique du travail, c'est de la pure charcuterie ! Le problème est qu'une bonne partie de ces victimes consultent un médecin tardivement et sont, de facto, irrécupérables, car lorsque vous vous retrouvez avec des complications irréversibles, vous ne pouvez qu'éprouver du regret et de la compassion pour le patient », s'insurge Dr Adnane Mrini, chirurgien-dentiste qui a eu à recevoir des patients-victimes de ces médicastres.
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Faut-il «brûler» les charlatans ?
A priori, non ! Car, un charlatan "mis hors d'état de nuire" équivaut à plusieurs familles mises à la rue.A commencer par la sienne, puis celle du "m'tâalam", le fidèle disciple, ensuite celle d'un éventuel coursier (voir hors texte). Comme ils sont plusieurs dizaines de milliers à gagner leur pain grâce à l'exercice illégal de la chirurgie dentaire dans tout le pays, les éradiquer est tout simplement de nature à générer une crise sociale d'envergure.
Parallèlement, et outre l'aspect social de la chose, le coût des prestations du mécanicien dentaire justifie à lui seul leur présence, voire leur sauvegarde même, pour le moment.
En effet, tout le monde ne peut se permettre le luxe de se faire soigner par un chirurgien-dentiste. Les prix affichés par les cabinets dentaires restent hors de portée des familles au revenu faible, ou moyen même.
Certes, ces tarifs sont raisonnables dans la majorité des cas, et justifiés d'ailleurs, au gré des investissements ayant prévalu en amont de l'ouverture de leur cabinet, aussi bien en formation qu'en matériel. Cependant, le citoyen lambda aux rentrées d'argent réduites ne peut y accéder.
A titre d'exemple, une simple extraction de dent coûte à partir de 200 DH dans un cabinet dentaire, avec le respect de toutes les règles d'hygiène et de l'art. Cet acte peut coûter beaucoup plus en cas de complications ou s'il faut procéder par chirurgie.
Chez le mécanicien dentaire du coin, cela coûte 30 DH en moyenne. Certes, l'acte est escorté d'énormes risques, mais l'amère réalité des petites bourses impose, encore, sa dictature sur ce point précis.
REPÈRES
Risques et périls
> Transmission de virus de toutes sortes.
> Troubles au niveau de l'articulation temporo-mandibulaire (axe qui lie les mâchoires).
> Luxation de l'articulation temporo-mandibulaire.
> Fracture de l'os mandibulaire (mâchoire) lors de l'extraction, nécessitant 2 à 6 mois de mobilisation des mâchoires (fermées), période durant laquelle le patient ne peut se nourrir que d'aliments liquides, à l'aide d'une paille.
