Menu
Search
Vendredi 26 Décembre 2025
S'abonner
close
Vendredi 26 Décembre 2025
Menu
Search

Serveur, un métier précaire…ingrat

No Image
«Petits boulots» ou «métiers précaires». Des termes courants mais comprend-on réellement la signification où la situation des salariés qui accomplissent ces tâches ingrates ? Ces derniers, souvent exploités et mal payés, exerçant de «petits métiers», sont nombreux à Casablanca et partout au Maroc. Des métiers précaires qui ne procurent ni sécurité d'emploi, ni certitude de gagne-pain. Et pourtant, ils sont très nombreux ceux qui s'y adonnent et leur nombre augmente régulièrement.

Certains n'ont pas le choix et se voient, par obligation, amenés à exercer ce genre de petits boulots. Entre cireurs, barmans, marchands ambulants, courtiers... la liste est longue. On trouve les serveurs de cafés. Hicham, 19 ans, est garçon de café. Il est obligé de faire ce travail parce qu'il n'a pas d'autres recours. Une famille nombreuse à nourrir, un loyer et des charges à payer, des petits frères et sœurs à prendre en charge… Ce n'est pas du tout la joie ! Son salaire mensuel ne dépasse pas 1.000 Dhs. A signaler qu'un salaire d'un serveur de café oscille entre 800 à 1.200 Dhs, autrement dit bie, en deçà du SMIG. La majorité d'entre eux travaillent sans papiers et vous l'imaginez bien, ils ne sont même pas déclarés en sécurité sociale.

D'un regard triste et plein de dégoût, Hicham nous relate son parcours. «Depuis mon jeune âge, j'ai travaillé dans les cafés en tant que serveur. Je n'ai pas trop le choix. J'ai une famille nombreuse à nourrir. J'ai arrêté mes études au primaire pour m'occuper de mes proches. J'ai travaillé à l'âge de 9 ans et je ne touchais que 200 Dhs par mois». Hicham nous avance, qu'après une expérience assez riche, son salaire a atteint 1.200 Dhs.

Il continue à travailler dans le même café qui l'a accueilli le premier jour où il errait dans les ruelles pour décrocher un métier précaire.
Toutefois, il n'a jamais été question de régularisation de sa situation. «Mon salaire a été augmenté graduellement certes, mais mon employeur n'a jamais accepté de me déclarer à la CNSS», souligne Hicham.

Et d'ajouter, «C'est vrai que je suis sous- payé, mais je ne peux réclamer à mon employeur de régulariser ma situation, sinon il n'hésitera pas à me mettre à la porte. Les chômeurs sont nombreux et ne demandent qu'à gagner leur vie dignement». Par ailleurs, la réglementation existe dans d'autres cafés. Mahmoud, garçon de café, gagnait sa vie à 1.000 Dhs.

Il a été débauché pour travailler à 200 Dhs de plus et dans des conditions meilleures. «Je suis déclaré à la CNSS. Mon patron et moi avions convenu cela avant de m'embaucher». Par ailleurs, certains garçons de cafés se plaignent du comportement de leurs employeurs. Hicham est non seulement sous-payé, mais aussi mal traité par le propriétaire du café.
Il ne peut se révolter ou contester sa situation, de peur d'être rejeté et mis à la porte.

Outre le comportement inhumain des patrons, les clients quant à eux n'épargnent pas les serveurs de café de leur méchanceté. Certains exigent d'être immédiatement servis. D'autres refusent même de payer, jugeant leurs cafés d'imbuvables, et c'est au serveur d'encaisser. Parfois, ils se plaignent de la qualité du service ou carrément de l'arrogance de certains serveurs. Selon eux, la fidélisation des clients relève de la compétence des serveurs. Enfin, le fameux pourboire ! Certains serveurs déclarent arrondir leurs mois par les sous qu'ils reçoivent de chaque client, «je ne touche que 1.000 Dhs et le pourboire est vital pour moi», précise Hicham. Une autre formule qui semble déplaire aux serveurs : les 10% inclus dans la facture.

Tous les pourboires reçus sont versés dans une caisse noire. En fin de journée et quand le café ferme ses portes, le propriétaire procède à la répartition des pourboires. Ceux-ci sont partagés entre les serveurs, les femmes de ménage et les livreurs s'il s'agit d'un fast-food. Au café où travaille Hicham, le service n'est pas compris, et c'est tant mieux pour lui ! «Mon pourboire est à moi et je ne veux le partager avec personne. Aucun serveur n'apprécie cette formule.
Des fois, c'est le pourboire qui nous fait vivre».
_____________________________________
L'aberration de la taxe sur le pourboire
La notion du pourboire diffère d'un pays à l'autre. Chaque pays à ses règles. Dans certaines contrées, le pourboire ne fonctionne pas forcément au service rendu. Dans d'autres pays, ce qui conditionne le pourboire, c'est le coût de la vie du pays où l'on se rend.

Ne pas donner assez, c'est être radin. Trop donner, c'est favoriser le développement des endroits pour touristes, où les prix sont multipliés par 10, mais pas le salaire de ceux qui y travaillent.

Pour le cas du Maroc, aussi aberrant que cela puisse paraître, la Loi de finances de 2006 a réservé une taxe sur le pourboire. Toutefois, cela est difficilement applicable étant donné que les salaires des serveurs ne sont pas déclarés.
Généralement, un pourboire décent oscille entre 10 % et 20 % du prix affiché. Mais chaque pays a ses règles et l'on ne laisse pas un pourboire partout et pour tout. Au Vietnam, par exemple, dans les cafés, les prix sont fixes et on ne donne généralement rien.

En Afrique du Nord, les pourboires sont attendus partout. Au Maroc par exemple, pays d'Afrique du Nord, le pourboire varie entre 2 à 5 dirhams. Il n'y a pas de règles générales, seul le client en décide. Alors qu'en Chine, ils sont plutôt récents et plus rares (On ne donne rien dans les restos, cafés et taxis). Aux Etats-Unis, c'est limite obligatoire sous peine de passer pour une resquilleuse.
Lisez nos e-Papers