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La montée d'adrénaline qui passionne nos jeunes !

«Parkour», la discipline qui fait un tabac. Extase, illégalité et risques à la clé

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Il était 16h30 lorsque Fatiha, assise avec ses deux fillettes, entendit des bruits provenant du toit de l'immeuble. Pensant qu'il s'agit d'un voleur, elle réveille son mari et se dirigèrent tous les deux à l'étage supérieur. A la vue de la scène, ils restent bouche bée.

"Deux garçons essayaient de balancer un enfant de 7 ans, sur la terrasse de l'immeuble. Ils se tenaient au dessus d'un mûr mesurant à peu près 6 mètres, et hurlaient : "Le peureux, le peureux". "Le môme s'agitait, les larmes aux yeux", témoigne Hassan, l'époux de Fatima. Il s'agissait, en fait, de trois enfants âgés entre 9 et 11ans, casquettes à l'envers et "vêtements branchés". Ils voulaient sauter mais l'un d'eux s'est désisté à la dernière minute. " Je n'ai pas osé…C'est trop élevé", sanglotait Karim.

Pris en flagrant délit par les habitants de l'immeuble, les enfants ont pris leurs jambes à leur cou. Quant au "peureux", il n'a pas pu s'échapper.

" Lorsque les habitants de l'immeuble ont attrapé le petit perché sur le mûr, je ne comprenais pas encore ce qu'il se passait. Je pensais qu'il s'agissait de voleurs ou d'actes de vengeance. Mais ce n'est que lorsque mes voisins ont menacé le petit de l'emmener au poste de police, et une fois qu'il a tout avoué, que j'ai compris que ces bambins jouaient à un jeu délirant", raconte Fatiha encore affectée par ce qu'elle a vu.

Karim avait expliqué que ses potes imitaient les acteurs de "Yamakasi", un des premiers films représentant une bande de " traceurs " effectuant des acrobaties sur les toits de Paris. A retenir que " traceurs " est le nom donné à ceux qui pratiquent du " Parkour ".
Aussitôt dit, quelques jeunes habitant l'immeuble l'avaient bien compris : ces enfants jouaient au "Parkour".

"Nous passons d'un mur à l'autre en utilisant un madrier, parfois mes amis sautent si la distance ne dépasse pas un mètre. Le but est de ne s'arrêter qu'une fois avoir franchi tous les obstacles ", raconte Karim, en sanglots, craignant qu'on le remette à la police. Chose qui a été faite afin de tenir ses parents au courant. Il fut relâché juste après l'arrivée de ces derniers.

"Parfois, il peut y avoir lieu à des sanctions si les sujets pratiquent ce sport dans des propriétés privées, sans autorisation des propriétaires. Ils peuvent être pénalisés pour effraction et violation du domicile d'autrui", explique une source policière.

En effet, la loi marocaine sanctionne tout individu qui accède à un lieu privé par force et celui qui viole un domicile.

Les jugements restent bien évidemment relatifs, vu l'intention de la personne qui franchit le seuil des propriétés (celui dont l'intention est de voler n'est pas jugé de la même façon qu'un mineur qui veut seulement s'amuser).

"Jusqu'à nos jours, nous n'avons jamais détenu l'un de ces acrobates parce que, souvent, ils pratiquent leur activité en plein air et font des shows publics", précise la police.

Un show qui est loin d'être sans danger. Faisant partie des sports extrêmes, le " Parkour " est un "art" de déplacement et de franchissement d'obstacles en altitude. Ses adeptes le qualifient de discipline sportive consistant à se déplacer d'un point A à un point B et ce, en recherchant avant tout l'efficacité. Il implique d'adopter un état d'esprit qui permet de voir les chemins que peut emprunter un " traceur ".

En effet, lorsqu'un " parkouriste " évolue dans une rue, il va trouver spontanément des endroits par lesquels il peut passer que personne n'empruntera hormis lui. Il cherche les obstacles qu'il peut surmonter. Entre saut de chat, saut de détente, saut de précision, tic-tac, passe muraille, et saut de voleur, les appellations données aux acrobaties effectuées demeurent multiples et n'inquiètent pas les " traceurs". Pour eux, tout est "calculé"!

Essayons d'admettre que ce hobby fasse partie des sports, admettons aussi qu'il est sans danger pour ceux qui le maîtrisent, mais comment comprendre que des mômes de 7 et 8 ans s'adonnent à ce genre de jeu dangereux ?

Que faire lorsqu'ils essayent d'imiter les moins jeunes et se lancent dans ces enjambements qui peuvent être fatals ? Sont-ils conscients des risques qu'ils encourent ? " Chez les enfants, le danger n'est jamais évident. Jusqu'à huit ans, ils imitent les grands sans avoir conscience de la gravité de leurs actes", déclare le professeur Abdelkrim Belhaj, sociologue.

Et d'ajouter: "Cependant, les éducateurs et les parents doivent aider les petits à faire la différence entre le virtuel, la fiction et la réalité, mais cela ne veut pas dire qu'il faut les décourager, au contraire, il faut veiller à mesurer leur courage dans d'autres situations de jeu".
Qui parmi nous ne se rappelle pas de la multitude des enfants qui ont été hospitalisés suite à des chutes graves. Ces mômes qui arboraient fièrement l'uniforme de leur héros Superman, ou l'homme araignée, qui se déplaçait sur les toits.

Actuellement, il paraît que c'est au tour des "Yamakasi" et de leurs mystérieux "Parkour" périlleux. Les dangers de ce sport sont encore loin de dissuader les fans marocains de David Belle, créateur de ce jeu à haut risque.
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Pratique et illégalité du «Parkour»

Le "Parkour" se pratique aussi bien en milieu naturel qu'en milieu urbain, c'est ensuite au "traceur" d'imaginer le chemin qu'il va emprunter, quels obstacles il va franchir et cela en fonction de ses possibilités et de ses limites.
Selon ses adeptes, ce "sport" nécessite une bonne condition physique afin d'avoir une meilleure résistance aux chocs.

Les acrobates estiment qu'un bon physique permettra d'être apte à pratiquer ce sport. Ils disent que cela permet d'augmenter les capacités, l'agilité, le mental et la confiance en soi. L'entraînement doit être régulier et non dangereux.

Au " Parkour ", on ne brûle pas d'étapes, la pratique sur les toits, entre autres, n'est pas nécessaire, le sol présente bien plus d'obstacles à surmonter.

Et comme tout les sports, ce jeu peut être risqué. Pour commencer, il est important de comprendre ce que cette attitude représente.
Il s'agit d'un sport spectaculaire, excitant et extrême. Ses adeptes expliquent que cette discipline ne se résume pas à sauter de 5 mètres de haut ou à exécuter des "saltos" arrières en atterrissant sur du béton. Au contraire, le "Parkour" est un sport qui apprend à s'endurcir et à se dépasser intelligemment en écoutant son corps et en respectant ses limites.

Pour eux, ce sport est avant tout basé sur le "savoir être", c'est-à-dire: la maîtrise de son corps! Le plaisir est dans le mouvement et non dans la prise de risque.

Concernant la légalité du " Parkour ", certains pays européens tolèrent la pratique de ce sport dans les lieux publics, du moment qu'il ne contrevient à aucun règlement.

Cependant, il devient illégal quand les " traceurs " sautent des toits de maisons et de bâtiments privés.

La question de sécurité dans ce sport récent se pose également de manière incessante, malgré le manque de statistiques valables au niveau mondial.
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Le groupe casablancais «Accroche-toi»

Adil, Samir, Yahya, Mehdi, Aziz et Anass sont les premiers adeptes de " parkour " au Maroc. Leur passion combine la gymnastique, l'escalade et les arts martiaux.

Ce groupe de jeunes sportifs utilise le décor urbain pour s'entraîner, ils tracent des parcours en hauteur, sur les murs et toits de bâtiments. Pour eux, toute la ville est un terrain de jeux. Ils sillonnent en permanence la cité blanche à la recherche d'obstacles et de défis.

Ces jeunes âgés entre 18 et 26 ans prennent leur discipline tellement au sérieux qu'ils s'entraînent jusqu'à 6 heures par jour. Malgré le risque, ces traceurs hors du commun considèrent qu'ils apprennent toute "une philosophie et un art de vivre". Dans ce cadre, ils ont appris à zapper les escaliers, à sauter par-dessus les murs et à faire des détours autour des obstacles.

" Cela fait des années qu'on se balade sur les routes ordinaires. Il est temps de tracer des parcours que personne n'a déjà empruntés ", nous confie Anass Haidar qui a découvert la passion du "Parkour" un an avant ses autres partenaires.

Les membres de la troupe " Accroche-toi " travaillent depuis trois ans sur les murs de la cité blanche.
Ils en font leur jardin d'enfant et y exercent des sauts de plus de 5 mètres de hauteur. A l'instar des héros du film "Yamakasi", ils espèrent vivre de leur sport préféré.

Ces jeunes veulent toucher le cinéma, le spectacle, la publicité et les clips vidéo. Bref, ils veulent en faire un métier à part. Pour ce faire, ils ont entamé la procédure juridique afin de monter la première association légale de "Parkour" en Afrique. Par ailleurs, ils multiplient les entraînements et les acrobaties pour avoir droit aux honneurs du showbiz et surtout aux sensations fortes et montées d'adrénaline.
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