Menu
Search
Jeudi 18 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 18 Décembre 2025
Menu
Search

Moscou sort ses griffes

La Russie critique le déploiement de troupes dans les bases américaines en Roumanie et en Bulgarie

No Image
La Russie, mécontente du rapprochement de la présence militaire américaine de ses frontières, a mis ses menaces a exécution en annonçant samedi qu'elle suspendait sa participation au traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE) qui limite le déploiement des armes. Le président russe Vladimir Poutine a signé un décret sur "la suspension de l'application par la Fédération de Russie du Traité sur les Forces conventionnelles en Europe et des accords internationaux qui lui sont liés", a annoncé la présidence.

Moscou avait menacé à plusieurs reprises de sortir de ce traité. Concrètement, les Russes cesseront entre autres de fournir des informations à l'Otan sur leurs forces conventionnelles et refuseront les inspections, a expliqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, en précisant que le décret avait été signé vendredi.
L'Otan a jugé samedi "décevante" cette décision.

Cette mesure "sans précédent dans l'histoire récente de la Russie" (depuis la chute de l'URSS en 1991, ndlr) "ne signifie pas que nous avons claqué la porte du dialogue", assure cependant le ministère russe, espérant que l'Otan et la Russie trouveront "assez rapidement" un accord.

Le décret charge le ministère d'informer les pays concernés et prévoit que Moscou suspendra sa participation 150 jours après qu'ils auront reçu l'information envoyée ce samedi. Le décret lui-même est entré en vigueur vendredi.

Moscou reproche aux pays de l'OTAN de ne pas ratifier une version du traité révisée en 1999, à Istanbul, pour tenir compte de la disparition du Pacte de Varsovie qui unissait la défense de l'Union soviétique avec celle de son glacis, composé des pays socialistes d'Europe de l'Est, tels que la Pologne, la Bulgarie ou la Hongrie.
Les pays de l'Alliance atlantique refusent de ratifier la nouvelle version tant que Moscou n'aura pas retiré ses troupes de Géorgie et de Moldavie pour se conformer aux engagements pris à Istanbul.

Ils en sont donc restés au texte signé le 19 novembre 1990 à Paris entre l'Alliance atlantique (Otan) et le Pacte de Varsovie.
"Le Traité dans sa forme actuelle est désespérément dépassé", a déclaré samedi la diplomatie russe, en soulignant la disparition de l'URSS et l'entrée dans l'OTAN d'anciens alliés de l'URSS.
"Les limitations de la quantité d'armements russes sur différentes parties de notre territoire ont perdu tout sens. Aujourd'hui elles empêchent de lutter plus efficacement contre le terrorisme", affirme le ministère.

La Russie critique aussi le déploiement de troupes dans de nouvelles bases américaines en Roumanie et en Bulgarie. Les projets de plus en plus concrets d'installation d'éléments d'un bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque, deux pays qui il y a à peine vingt ans faisaient encore partie de la zone d'influence de Moscou, ont avivé l'ire de cette dernière.

D'autant que les récentes propositions de Vladimir Poutine à son homologue américain George W. Bush pour trouver une alternative à ce projet dans ces deux pays n'ébranlent pas la détermination de Washington. Des experts estiment que ce geste va pousser les Européens à ratifier la nouvelle version de l'accord FCE.

"Ce geste assez dur qui montre que la Russie ne bluffe pas va forcer les pays européens qui n'ont pas encore adapté le traité FCE à accepter les propositions de la Russie pour son adaptation", a déclaré à l'agence Interfax un membre de l'Académie des sciences militaires, Anatoli Tsyganok.

"L'Europe n'est pas contre ce traité. Ce sont les Etats-Unis qui n'y ont pas intérêt, car ils projettent de déployer des troupes en Europe : en Roumanie, en Bulgarie et peut-être en Ukraine et cet accord les en empêche", estime le général Leonid Ivachov, président de l'Académie des problèmes géopolitiques, cité par Interfax.
-------------------------------------------------

Le traité de la controverse

Le traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE, ou CFE en anglais) auquel Moscou a annoncé samedi la suspension de sa participation, est un des textes clés régissant la sécurité sur le Vieux Continent après la Guerre froide.

Russes et Occidentaux, soit trente pays signataires du traité, avaient constaté le 15 juin à Vienne l'échec d'une conférence extraordinaire qui devait modifier ce texte qui a marqué positivement la fin de la Guerre froide, mais que Moscou juge obsolète. Signé le 19 novembre 1990 à Paris entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie, entré en vigueur en 1992, il a été "adapté" en 1999 à Istanbul après la disparition de l'URSS et du Pacte de Varsovie.

L'objectif du traité initial, alors que l'affrontement Est-Ouest prenait fin, était d'éliminer toute capacité de part et d'autre de lancer une attaque par surprise ou d'entreprendre une action offensive de
Ce traité réaffirmait le principe qu'aucune force étrangère ne peut être stationnée sur le territoire d'un Etat signataire du traité sans son accord librement consenti.

Selon l'OTAN, le traité FCE est "devenu et demeure la pierre angulaire de la sécurité et de la stabilité en Europe, aussi bien en termes de réduction des tensions liées aux armes accumulées, (...) de mécanismes de maîtrise des armements au niveau régional, que de stabilité accrue, au travers de mesures de confiance, de transparence et d'échange d'informations entre les Etats parties".
Lisez nos e-Papers