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«La toxicomanie est une maladie mentale»

Interview : soumeya berrada, professeur agregee au centre psychiatrique universitaire ibn Rochd à Casablanca

D'où une stigmatisation qui enfante une réticence quant à la demande de soins

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LE MATIN : Existe-t-il des centres spécifiques
pour le traitement de la toxicomanie au Maroc ?


SOUMEYA BERRADA : Actuellement, un seul et unique centre existe dans la ville de Salé. Une grande métropole comme Casablanca ne dispose d'aucun centre de désintoxication. Pour l'instant, les toxicomanes désirant mettre un terme à leur dépendance sont reçus dans les Centre psychiatrique universitaire.
Mais la prise en charge est limitée et la décision de l'hospitalisation se fait souvent s'il y a d'autres maladies ou troubles mentaux associés à la toxicomanie ou quand l'individu constitue un danger.

Pourquoi le traitement de la toxicomanie a toujours lieu dans les Centres psychiatriques ?

D'abord parce qu'il y n'a pas de centres spécialisés dans le traitement de la toxicomanie à part le CNTRP de Salé, mais sachez que la toxicomanie, de par ses symptômes pathologiques et son traitement, est définie par l'OMS comme maladie mentale, d'où l'accueil des toxicomanes dans ces centres. Le plus souvent, il y a une stigmatisation de la maladie mentale et cela enfante une réticence quant à la demande de soins pour ce genre de maladie. Les patients qui franchissent le pas et optent pour un traitement sont accueillis au centre.

La durée du traitement dépend du patient, de même que sa volonté et sa prédisposition sont des facteurs de réussite de la cure. Bien évidement, le traitement suit des protocoles médicamenteux et les recommandations thérapeutiques internationales en
addictologie.

Pensez-vous qu'il y a une réelle sensibilisation ?

Sur ce plan, je pense qu'il y a un manque de communication. Les citoyens, surtout les jeunes, ne considèrent pas la nicotine par exemple comme un danger réel. A Casablanca, nous avons travaillé avec plusieurs associations notamment l'association NASSIM. Les activités s'articulent autour de différents axes.
Parmi les substances ciblées, la nicotine constitue un tremplin dans la majorité des cas pour d'autres drogues. L'association organise des rencontres, des réunions de sensibilisation dans les écoles .

Des projets futurs sont-ils prévus pour améliorer les conditions de traitement de la toxicomanie au Maroc?

Les choses commencent à bouger. Le ministère de la Santé montre un intérêt croissant pour la toxicomanie. Plusieurs projets pourront voir le jour mais et ils sont encore au stade d'études. Avec l'OMS, le Centre psychiatrique Ibn Rochd est en train de voir les possibilités d'introduire un traitement de substitution. De même, les citoyens sont plus sensibles à ce danger.
Souvent, les familles emmènent leur enfant au centre, mais il y a également des patients qui viennent d'eux même.
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Vecteur du VIH

Les toxicomanes sont plus vulnérables au VIH. L'utilisation de matériel non stérilisé dans les injections de drogue comme l'héroïne expose l'utilisateur à une contamination par ce virus mortel.

Une étude d'évaluation de la situation sur le risque d'infection à VIH en relation avec l'usage de drogues a été réalisée en ce sens.
Il était question de déterminer l'ampleur des drogues injectées, de définir les risques d'infection au VIH et de faire une estimation de séroprévalence de VIH chez les usagers.

Il ressort de l'étude que 74% des participants connaissent l'importance de l'utilisation d'une seringue neuve.
Cependant, seuls 26% des enquêtés utilisent régulièrement du matériel stérilisé. L'enquête montre également que 92% des personnes interrogées reconnaissent le sida comme étant une maladie sexuellement transmissible, mais ce chiffre est seulement de
14% en ce qui concerne l'hépatite.

Parmi les usagers des drogues dures, plusieurs ont été initiés dans des pays européens où ils avaient séjourné pendant une certaine période.
L'enquête indique également qu'une certaine proportion des drogues dures a été introduite au Maroc par des Marocains résidant à l'étranger.

Le comportement des toxicomanes peut également constituer un vecteur de transmission du VIH, entre autres, infections sexuellement transmissibles. En effet, sous l'emprise de la drogue, la personne a tendance à sous-évaluer les risques de rapports sexuels non protégés.
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