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Galère d'un usager de bus

Les passagers déplorent le manque de véhicules

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Un lundi matin, dans un arrêt de bus à Hay Mohammadi, plus précisément au terminus de la ligne 87. Il est 7h45, des vingtaines d'usagers se pressent les uns contre les autres. « Un petit peu de « chaleur humaine » ne fait de mal à personne », lance avec ironie un habitué de la ligne 87. Les autres usagers attendent sans parler, les bras le long du corps, le regard fixé, hypnotique, anxieux et avides sur les bus qui arrivent. « Avec cette foule, je ferai une fois de plus le trajet debout », exprime une jeune femme à sa voisine.

Lorsque la ligne 87 arrive enfin, une pagaille s'en suit et les gens se jettent sur les chaises vides. Les jeunes passagers n'hésitent pas à faire usage de leur force pour prendre les premières places. « Ils se permettent même de réserver deux ou trois chaises pour leurs copains sans se préoccuper des personnes malades ou de femmes enceintes », affirme ce vieillard. «Chaque matin, c'est le même calvaire. Il faut vraiment être fort pour avoir un siège, même si cela ne promet pas un véritable confort durant le trajet», explique avec amertume une usagère de la ligne 87. «Je suis obligée de prendre le bus une heure à l'avance si je veux arriver à temps au bureau.

Et ce n'est même pas sûr avec les embouteillages et les disputes entre les usagers et le chauffeur», affirme une employée de banque qui prend le bus de Hay Mohammadi jusqu'au boulevard Zerktouni. En effet, la plupart des passagers s'accordent pour dire que prendre le transport en commun à Casablanca est un exercice quotidien des plus ardus. Chaque matin, la métropole est en effervescence. Des files de citoyens se bousculent devant les arrêts en espérant avoir une place dans un bus. Pour les moins chanceux ou les moins forts, ils sont toujours contraints de se coller les uns aux autres au risque d'être victimes des voleurs ou des passagers de mauvaise humeur. Après avoir fait son plein de masse humaine, le chauffeur de cette ligne desservie par M'dina Bus finit par démarrer.

Au cours du trajet, un autre parcours de combattant commence pour les usagers. « A chaque voyage on est obligé de supporter les querelles entre les passagers, la colère des receveurs sans parler du comportement des chauffeurs qui continuent à "remplir" le bus sans aucun scrupule pour les personnes qui s'entassent comme des marchandises derrière », raconte un jeune homme. « Ce n'est pas parce qu'ils s'installent tranquillement dans leur cabine que certains conducteurs doivent nous traiter comme des animaux », ajoute un autre. Par ailleurs, l'exaspération atteint son comble quand le chauffeur décide de dépasser un arrêt de bus avant de déposer les passagers.


A ce moment, un vacarme commence. Des cris, des sifflements et des coups sur les portes et vitres, les passagers mécontents font appel à tous les moyens possibles pour attirer l'attention du chauffeur. « Je ne fais qu'appliquer le règlement. Des fois, je dois absolument m'arrêter dans les arrêts obligatoires, notamment quand il y a un déficit ou un retard de bus mais dans le cas contraire je suis obligé de dépasser quelques arrêts autant qu'il y a d'autres bus qui viendront après. En outre, les passagers n'arrivent toujours pas à comprendre qu'il faut avancer vers l'avant du bus pour descendre », explique un chauffeur de M'dina Bus.

Et pour les usagers qui attendent l'autobus au milieu de son trajet, ils doivent attendre longtemps avant qu'un chauffeur ne s'arrête pour les prendre. « Je prends le bus à côté de la gare Casa-Voyageur. Aux heures de pointe, les véhicules de la ligne 87 sont tellement encombrés qu'ils passent sans même s'arrêter aux stations. On est obligé d'attendre un long moment avant de pouvoir en emprunter un », affirme un Casablancais. Ce citoyen vit cet enfer en permanence. Et il n'est pas le seul.


En effet, le quotidien de ces usagers du transport urbain n'a rien d'une partie de plaisir. «Le transport en commun ne pourra pas s'améliorer tant que les sociétés de transport tablent sur les bénéfices au détriment du service offert», affirme un responsable de la ville. Et d'ajouter que le Conseil de la ville œuvre pour que les sociétés de transport respectent davantage le cahier des charges et se mettent à améliorer leurs services.Entre temps, les Casablancais continuent leur parcours du combattant en attendant les lignes de tramway ou même le métro !

REPÈRES
Réalité et projets

> 1.200 bus devront être mis en circulation par M'dina Bus d'ici 2009.
> 2 milliards de dirhams, c'est le montant des investissements que le délégataire de transport en commun doit investir pour l'acquisition de 800 nouveaux bus.
> M'dina Bus exploite plus de 57 lignes.
>Ce délégataire emploie plus de 3.000 salariés dont 1.932 issus de l'ancienne RATC.
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Les lignes en exploitation

Le nombre de lignes du transport urbain en exploitation dans la Région du Grand Casablanca s'élève à plus de 84 sur un réseau de 160 prévues dans le cadre des conventions de concession signées entre les autorités de la ville et les opérateurs du secteur.
Ces mêmes conventions stipulent que 126 lignes devraient être exploitées par l'ensemble des concessionnaires et 20 autres seraient l'exclusivité de M'dina Bus. Le secteur du transport urbain de la ville, exploité jusqu'au mois d'août 1984 exclusivement par la Régie autonome de transport urbain à Casablanca (RATC), a connu l'arrivée de quatre sociétés en 1985, 12 en 1987, puis M'dina Bus en novembre 2004.

Les autres opérateurs, à l'exception de cette dernière, sont liés par des conventions d'exploitation approuvées en octobre 1999 pour une durée de 10 ans. Ils exploitent 65 lignes et totalisent un parc de 610 bus.
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