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Vive les pétards… et les bobos!

Place à une semaine hautement sonore, au gré des détonations

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Quel bonheur ! Achoura est de retour, sans pétards, vous savez, ces petits cylindres en carton avec une mèche au bout. Laquelle mèche, une fois allumée, accorde 5 ou 6 secondes au pétard avant de partir en fumée… et en déflagration. Bref, on parle des fameux bâtons de dynamite miniatures quoi ! Triste fin, certes, mais celle-ci revêt plutôt un caractère des plus désagréables pour les non-accros aux pétards et à tout ce qui pète.

Notamment ceux qui n'aspirent qu'à savourer une agréable soirée en famille, après une rude journée de labeur, et qui se voient obligés de sursauter à chaque déflagration en bas de l'immeuble. Ce bonheur de Achoura, cette année, est plutôt relatif. Certes, la vente de pétards est désormais classée «illicite» par les autorités.

Sauf que les autorités ne font pas leur boulot jusqu'au bout, pour la simple raison que les pétards sont en vente partout. Pas dans les commerces, certes, mais ces explosifs à petite échelle sont accessibles pour qui veut en faire l'acquisition.

Derb Omar, à Casablanca, trouver le moindre pétard dans un magasin relève du « très difficile». Mais il suffit de s'écarter, ne serait-ce que de quelques pas, de tout ce qui s'apparente à un commerce légal affichant tout haut, et en macro-police, les fameux chiffres constituant patente, pour faire ses emplettes en tout ce qui a tendance à péter.

En effet, depuis près de deux semaines environ, une petite ruelle, envahie de jeunes en début d'après-midi, connaît une ébullition particulière. Des ados principalement, et des moins jeunes aussi, arborent sans se soucier de quoi que ce soit et sans sourciller, une ou deux boîtes de pétards de dimensions différentes. Cela ne constitue, en fait, que la vitrine de ce commerce qui fait, cette année, bien des heureux, vu que les prix ont quasiment triplé par rapport à l'année dernière.

Pour garder leurs arrières, ces « trafiquants » prennent bien soin d'escamoter le reste de la marchandise dans un coin au-delà de toute suspicion, sous un camion par exemple, sachant que ce dernier ne partira pas de sitôt.

A chaque fois qu'il s'avère nécessaire de s'approvisionner en «matière explosive», on sort l'un des cartons et on sert le client, selon ses désirs, sans le moindre souci. Du coup, les pétarades nocturnes sont de nouveau à l'ordre du jour cette année, au grand dam et des autorités et, surtout, des citoyens, qu'ils soient fragiles, enceintes ou cardiaques, peu importe.

Ces armes de destruction sonore, mais aussi physique, portent des noms plutôt bizarres, on parle de « Granades », vendues entre 40 et 100 dirhams la dizaine.

Il s'agit en fait des fameux pétards «mammouths», de quelque 10 cm de longueur et pouvant s'avérer très dangereux. Il y a aussi la « Zidane » (ça devrait ravir Zizou !), la dizaine à 15 dirhams pour les noires, tandis que les jaunes sont à 25 dirhams. La «Toupie» a pratiquement doublé de prix, passant de7 à 15 dirhams la dizaine. On recense aussi «L'abeille», «Le cigare», «Tayara» (l'avion), ou encore «Pokemon» et «N'joum» (les étoiles). Autant de dénominations qui ont toutes le même point commun: le danger qu'elles représentent pour leurs utilisateurs, en plus du tapage qu'elles causent à autrui. Plutôt que d'interdire et de booster le commerce illicite, mieux vaut
autoriser, mais réglementer avant tout.

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Dégâts collatéraux

Âchoura est surtout une fête qu'attendent les enfants avec impatience. Il va sans dire que c'est le noël musulman. Les enfants restent en expectative pour se voir offrir de nouveaux jouets. Dans le lot, les pétards et tout ce qui s'y apparente représentent un cadeau de choix.

Cela permet de faire des farces, c'est amusant, trop rigolo même… et très dangereux aussi. Durant cette période, les services des urgences reçoivent des cas spécifiques à Âchoura. Des brûlures principalement. « Chaque année, l'on recense plusieurs accidents, à des degrés différents, causés par la mauvaise manipulation de ces explosifs miniatures.

Généralement, ce sont des brûlures au visage, au thorax, au cuir chevelu et aux membres supérieurs », indique-t-on au CHU Ibnou Tofaïl de Marrakech. Même son de cloche à l'hôpital Mohammed V de Casablanca, et une série de mesures est prise pour chaque événement du genre. Cela passe par un renforcement de la garde principalement. «Nous restons en alerte.

Une mobilisation particulière concerne la garde astreinte, les services de pédiatrie, de chirurgie, de médecine générale et des urgences. Médecins, réanimateurs et infirmiers restent en état d'alerte», explique-t-on.

A signaler que ces dernières années ont enregistré de graves accidents dus aux pétards se traduisant, dans des cas extrêmes, par des amputations de doigts ou encore par des yeux endommagés, perdus à jamais.
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