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Artisanat : Les objectifs stratégiques pour 2015

Le principal défi reste l'acheminement des produits artisanaux à travers de nouveaux canaux de distribution

Artisanat : Les objectifs stratégiques pour 2015
LE MATIN : En rapport avec le contrat-programme 2006-2015, l'Observatoire était censé présenter des statistiques sur l'évolution du secteur de l'artisanat pendant la première moitié de cette année 2007, or jusqu'à présent rien n'a été présenté; quelles
sont donc les causes qui n'ont pas permis d'exposer
ces statistiques ?


ADIL DOUIRI : Je vous félicite tout d'abord pour la précision dont vous avez fait preuve, en donnant la période exacte de la présentation de ces statistiques.
Vous devez tout d'abord savoir que l'élément fondamental de tous ces programmes est axé autour de la problématique de l'emploi. C'est-à-dire comment peut-on créer le plus grand nombre de postes, et c'est la même chose pour le tourisme. Si on veut créer des emplois, il faut accélérer la production.

Historiquement, le Maroc a construit, du point de vue volume, un tissu productif modeste dans tous les secteurs. Si on veut créer des emplois pour 800.000 jeunes et citoyens qui sont actuellement chômeurs dans le milieu urbain, il faut augmenter la production, et ce, conformément aux normes qualitatives des services qu'on présente et des produits qu'on exporte.

La même philosophie a été appliquée pour l'élaboration de ce contrat-programme 2006-2015. Alors, quelle est la manière qui nous permettra de créer des emplois supplémentaires dans le secteur de l'artisanat ?
Le diagnostic a démontré qu'il y a une forte demande destinée au secteur de l'artisanat, c'est pour cette raison qu'on doit structurer la production pour satisfaire les besoins des clients, qui veulent acquérir des produits artisanaux marocains assez développés.

Le principal défi qui se pose est l'acheminement de façon continue à travers des canaux de distribution, des produits artisanaux pour cette clientèle.

Qu'en est-il de l'étude élaborée par votre département dans ce sens ?

Cette étude a donné des résultats qu'on a discutés avec les professionnels et les présidents de Chambres pendant un an et demi, et également en vue de convaincre les partenaires gouvernementaux (ministère de la Formation professionnelle et ministère des Finances) pour financer les programmes et augmenter le budget alloué au secteur ( qui est un budget de charité), afin de donner une crédibilité aux programmes du secteur, se présentant comme étant un secteur ambitieux qui a la volonté de créer des emplois supplémentaires.

Pour suivre l'évolution, le tourisme dispose depuis longtemps du nombre des touristes entrants, grâce aux gardes-frontière qui comptent le nombre des étrangers entrants, ce qui donne le nombre global de 6 millions de touristes l'année passée et 7 millions cette année.

Dans les années 80, le ministère du Tourisme a organisé avec ses délégués la déclaration du nombre de nuitées hôtelières, qui n'a rien à voir avec le nombre des entrants au territoire national. Donc le deuxième indice, est celui du nombre de nuitées déclaré par les hôteliers.

Ce sont les principaux indices qui permettent au secteur du tourisme d'établir un suivi de développement, et on pourra ajouter à cela les recettes de l'Office des changes. Le secteur de l'artisanat ne dispose pas de ce genre de statistiques, c'est pour cela que le ministère de l'Artisanat a initié, en collaboration avec des experts marocains et espagnols, des études afin de mettre en place des statistiques. Ces études ont déjà commencé, mais la présentation a été un peu retardée à cause des élections. L'étude est toujours en cours et on donnera les statistiques prochainement.

Concernant l'aspect promotion, vous n'avez pas voulu céder un pouce. L'artisanat ne pourra-t-il pas intégrer d'autres volets ?

Je pense que c'est une question de second ordre. C'est le même genre de questions que de se demander par exemple si les écoles de tourisme doivent être sous la tutelle du ministère ou rejoindre l'OFPPT.
C'est-à-dire sa résolution importe peu par rapport à des questions beaucoup plus importantes auxquelles il convient de répondre.
S'agissant de la maison de l'artisan, il était beaucoup plus important de faire la Vision 2004, de définir un programme de marketing et de déterminer ses missions.

Est-ce qu'elle connaît les clients et les réseaux de distribution ? Est-ce qu'elle a des études de marché ? Est-ce qu'elle peut orienter les producteurs vers les bons produits ? Est-ce qu'elle préfère négocier avec des réseaux et faire rentrer les produits dans les réseaux ? Est-ce qu'elle a une politique de communication de marque et de création de label artisanat du Maroc ? Est-ce qu'elle a de quoi faire ça ? A-t-elle les hommes et l'argent ?
C'est beaucoup plus important que dire si l'on doit fusionner la maison de l'artisan dans le CNPE ou un autre organisme.

Ça viendra naturellement et ça se fera sans problème. Je préfère fusionner les organes organisés et clairs. Je vous donne un exemple : «Feu Abderrazak Mosaddaq m'a appelé et m'a demandé de fusionner la société nationale de l'ingénierie touristique avec l'Office national marocain du tourisme, (parce qu'il y en a marre, il y a trop d'entités publiques et il faut les réduire).

Je lui ai dit la chose suivante : peut-être dans 5 ans je suis tranquille du moment que l'ONMT serait clair, structuré, nettoyé et aurait des hommes et des femmes de qualité, des missions claires et un budget.
Et ce jour-là, quand on aura tourné cette page-là, ça ne causera aucun problème de fusionner ce que tu veux.

Mais pour l'instant, laissons les gens se concentrer sur leurs missions de mise à niveau de ces entités, et il a très bien compris. Finalement on a créé la SNIT».

Où en est le contrat-programme ?

Quatre programmes sont prêts, les études et le financement sont terminés, et on attend les conditions nécessaires pour la signature après les élections.

Les trois régions du Sahara sont prêtes, et la région de Fès Boulemane également. La région où l'étude et les PDRA ont démarré est la région de Marrakech-Tensift-El Haouz, et également l'appel d'offres publié pour choisir les experts avec lesquels vont être rédigés les contrats-programmes pour les régions du Nord, essentiellement Tanger- Tétouan, Larache et Chefchaoun, parce qu'il y a un appui financier de la part de la coopération espagnole.

Ce contrat-programme sera prêt d'ici 3 à 4 mois. Après un à deux ans d'application de la vision 2006-2007, six à huit régions avec leurs programmes vont être prêtes ; se suivront également les régions de l'est, Casablanca et Rabat-Salé.

Il y a plusieurs stratégies de l'artisanat. Ce qui attire le succès de la vision 2015, c'est le fait que c'est une stratégie avec des segments. Elle est découpée en petits morceaux et on a une action qui est adaptée à chaque typologie d'acteurs et à chaque type d'intervenants.

On ne peut pas demander à l'artisan individuel d'aller à la conquête de la Saks Fifth, avenue à New York, ou d'aller négocier avec Harrods à Londres, c'est totalement irréaliste.
On peut demander à une PME d'artisanat accompagnée par le gouvernement marocain de rentrer chez Harrods et de rentrer des produits d'artisanat. Dans la vision 2015, il y a un certain nombre de programmes qui visent particulièrement l'artisan individuel (mono artisan).

Ce dernier a droit aux programmes d'accompagnement en évolution du produit, c'est-à-dire en design, où l'Etat s'implique fortement en offrant gratuitement le design et la modification du produit pour le rendre à la mode et pour le vendre à des prix supérieurs. Par ailleurs, les actions d'aide à la commercialisation sont des actions qui sont tournées vers le touriste, en partant de l'hypothèse que le mono artisan vend essentiellement aux touristes et aux nationaux marocains, et qu'il ne peut pas exporter directement, ce n'est pas réaliste.

Qu'en est-il des tarifs pratiqués dans les bazars et autres points de vente ? Comment s'opère la commercialisation du produit marocain ?

D'abord les bazars ne sont qu'un réseau de distribution parmi d'autres. Un réseau de distribution pour les touristes des produits d'artisanat. Et là, nous avons une promotion forte.

J'aurai le plaisir de signer, le 25 juillet, avec un très grand développeur touristique du tourisme marocain, la construction d'une série de centres d'artisanat, des médinas d'artisanat et des espaces de vente pour mono artisans et pour touristes. La première façon, c'était d'aider le mono artisan à avoir des magasins de vente directs. D'autant plus que la multiplication des espaces de vente directs constituent un levier des plus importants pour le développement du secteur.

Ça fait une concurrence aux réseaux de commercialisation, sans laisser le touriste prisonnier d'un seul réseau de commercialisation. Sur ce sujet, je suis contre des lois marocaines de liberté des prix. Il y a très peu de produits, dont les prix sont réglementés au Maroc tels 10, 12, 15 produits, et je suis plutôt contre l'intervention de l'Etat dans la fixation des prix. Les touristes aiment négocier, ils trouvent un plaisir à marchander dans un bazar.
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