Si le sacrifice du mouton le jour de l'Aïd Al-Adha fait la règle, il ne fait pas pour autant l'unanimité. Pour preuve, ces Marocains, musulmans croyants, pratiquants même pour certains, dont le lexique est vierge de tout ce qui se rapporte au rituel. Petit déjeuner en famille, accoutrement traditionnel, razzia sur la viande, les brochettes et tout ce qui gravite autour du mouton ne font pas partie de leurs usages.
Faute de moyens ? Ce n'est pas vraiment le cas. Car, pour cette caste, les jours " off " qui accompagnent l'Aïd, en amont et en aval, sont un bon prétexte pour changer d'air et se payer un voyage, à l'intérieur du pays comme à l'étranger. Souvent, la raison invoquée est le côté " non pratique " du rituel de l'Aïd Al-Adha. C'est le cas Hind, Ghizlane, Imane et Fatima.
Pour Hind, qui vient d'avoir une petite fille après six années de mariage, les péripéties de l'Aïd n'ont jamais été dans les habitudes de son couple. "Le fait de sacrifier un mouton ne s'arrête pas à l'immolation, c'est le travail qui vient après qui est un véritable calvaire. Je le vivais avec mes parents et j'en sais quelque chose. Depuis mon mariage, ça a été banni comme pratique et mon époux n'était pas contre, bien au contraire", explique Hind.
Du coup, chaque année en période de l'Aïd, ce jeune couple s'envole pour une destination fixée des semaines auparavant. " Cette année, on a opté pour Kabila dans le nord du pays, l'année dernière, on a été à Barcelone… ", raconte la jeune dame.
Il faut toutefois préciser que l'époux en question, notaire de son état, est un bon musulman et ne manque aucune de ses prières. Et depuis leur mariage, Hind et son époux achètent bel et bien un mouton, mais qu'ils offrent au gardien de leur villa. Une façon de s'acquitter de l'obligation religieuse de l'Aïd, sauf que cette générosité ne les exonère pas pour autant par rapport à la " Sunna ".
Pour Ghizlane la musulmane et son époux d'origine française et de confession chrétienne, observer le rituel de l'Aïd Al-Adha n'a jamais figuré dans leurs coutumes, durant leurs quatre années de mariage. " Ce n'est pas pratique du tout, surtout que je vis dans un appartement et que j'ai deux enfants en bas âge.
En revanche, on prend soin de faire nos emplettes en viande et en abats, et le jour de l'Aïd, on mange des brochettes comme tous les Marocains ", précise Ghizlane. Le voyage n'est donc pas le propre de ce couple qui, devine-t-on, ne sacrifie pas le mouton pour une question de commodité.
Pour leur part, Imane et Omar sont de vrais routards. Durant leurs 13 années de mariage, ils ont voyagé 13 fois chaque Aïd que Dieu a fait durant cette période. Cette année, ils ont hissé les voiles pour Marrakech. Tout comme Hind et son mari, Imane et Omar achètent un mouton et l'offrent à leur femme de ménage.
Leurs enfants, âgés de 12 et 7 ans, ne savaient pas à quoi pouvait ressembler une fête du sacrifice. " Il aura fallu l'intervention de ma mère, suite à un ras-le-bol de sa part, pour que mes enfants puissent assister au rituel du sacrifice et les coutumes qui tournent autour de l'Aïd ", explique la jeune femme.
En effet, il y a trois années de cela, la maman de Imane a gardé ses deux petits-enfants avec elle, histoire de les imprégner de ce qui se trame en ce jour particulier. " Elle était intransigeante par rapport à la question et ne voulait rien savoir, m'expliquant qu'elle n'avait aucune envie de partir dans sa tombe laissant derrière elle deux petits-enfants ignorant tout de l'Aïd Al-Adha ", indique Imane.
Pour Fatima et Hassan, cela ne fait que deux ans qu'ils ont commencé à pratiquer le rituel du sacrifice.
Durant près d'une vingtaine d'année de mariage, chaque Aïd Al-Adha était une occasion pour sillonner le pays de long en large. " On s'est dit que c'est bon, les enfants ont grandi et, surtout, c'est sur leur insistance que nous avons changé de cap. Ils veulent vivre ce jour là à l'image de ce que leur racontent leurs camarades de classe, on ne peut pas les en priver ", souligne Hassan, comme raison pour avoir retourné sa veste !
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Brahim prend femme et enfants et lève l'ancre pour Immouzer. Sur place, la petite famille s'installe dans un chalet de location, avec l'intime conviction que le sang ne coulera pas cette année.
Deux jours plus tard, Brahim part faire des courses.
Khadija est en train de préparer le déjeuner et voilà son époux qui est de retour, avec les achats et… un mouton ! " J'ai failli perdre la raison, je n'ai rien compris à son geste, surtout que nous ne disposions pas des ustensiles nécessaires dans le chalet.
Ça s'est terminé par un fou rire général et une sacrée blague que l'on raconte toujours avec beaucoup d'humour ", raconte Khadija.
Mais quelle mouche l'a piqué, le Brahim ? En fait, notre ami était en train de faire tranquillement ses courses quand il est tombé sur un enclos improvisé, où l'on vendait des moutons. Il n'a pas pu s'empêcher de s'y arrêter pour " admirer " les belles bêtes.
Après un moment d'hésitation, la nostalgie prit le dessus et Brahim se retrouva avec un mouton sous le bras. Au diable le risque de prendre un coup de rouleau à pâtisserie sur la tête !
Faute de moyens ? Ce n'est pas vraiment le cas. Car, pour cette caste, les jours " off " qui accompagnent l'Aïd, en amont et en aval, sont un bon prétexte pour changer d'air et se payer un voyage, à l'intérieur du pays comme à l'étranger. Souvent, la raison invoquée est le côté " non pratique " du rituel de l'Aïd Al-Adha. C'est le cas Hind, Ghizlane, Imane et Fatima.
Pour Hind, qui vient d'avoir une petite fille après six années de mariage, les péripéties de l'Aïd n'ont jamais été dans les habitudes de son couple. "Le fait de sacrifier un mouton ne s'arrête pas à l'immolation, c'est le travail qui vient après qui est un véritable calvaire. Je le vivais avec mes parents et j'en sais quelque chose. Depuis mon mariage, ça a été banni comme pratique et mon époux n'était pas contre, bien au contraire", explique Hind.
Du coup, chaque année en période de l'Aïd, ce jeune couple s'envole pour une destination fixée des semaines auparavant. " Cette année, on a opté pour Kabila dans le nord du pays, l'année dernière, on a été à Barcelone… ", raconte la jeune dame.
Il faut toutefois préciser que l'époux en question, notaire de son état, est un bon musulman et ne manque aucune de ses prières. Et depuis leur mariage, Hind et son époux achètent bel et bien un mouton, mais qu'ils offrent au gardien de leur villa. Une façon de s'acquitter de l'obligation religieuse de l'Aïd, sauf que cette générosité ne les exonère pas pour autant par rapport à la " Sunna ".
Pour Ghizlane la musulmane et son époux d'origine française et de confession chrétienne, observer le rituel de l'Aïd Al-Adha n'a jamais figuré dans leurs coutumes, durant leurs quatre années de mariage. " Ce n'est pas pratique du tout, surtout que je vis dans un appartement et que j'ai deux enfants en bas âge.
En revanche, on prend soin de faire nos emplettes en viande et en abats, et le jour de l'Aïd, on mange des brochettes comme tous les Marocains ", précise Ghizlane. Le voyage n'est donc pas le propre de ce couple qui, devine-t-on, ne sacrifie pas le mouton pour une question de commodité.
Pour leur part, Imane et Omar sont de vrais routards. Durant leurs 13 années de mariage, ils ont voyagé 13 fois chaque Aïd que Dieu a fait durant cette période. Cette année, ils ont hissé les voiles pour Marrakech. Tout comme Hind et son mari, Imane et Omar achètent un mouton et l'offrent à leur femme de ménage.
Leurs enfants, âgés de 12 et 7 ans, ne savaient pas à quoi pouvait ressembler une fête du sacrifice. " Il aura fallu l'intervention de ma mère, suite à un ras-le-bol de sa part, pour que mes enfants puissent assister au rituel du sacrifice et les coutumes qui tournent autour de l'Aïd ", explique la jeune femme.
En effet, il y a trois années de cela, la maman de Imane a gardé ses deux petits-enfants avec elle, histoire de les imprégner de ce qui se trame en ce jour particulier. " Elle était intransigeante par rapport à la question et ne voulait rien savoir, m'expliquant qu'elle n'avait aucune envie de partir dans sa tombe laissant derrière elle deux petits-enfants ignorant tout de l'Aïd Al-Adha ", indique Imane.
Pour Fatima et Hassan, cela ne fait que deux ans qu'ils ont commencé à pratiquer le rituel du sacrifice.
Durant près d'une vingtaine d'année de mariage, chaque Aïd Al-Adha était une occasion pour sillonner le pays de long en large. " On s'est dit que c'est bon, les enfants ont grandi et, surtout, c'est sur leur insistance que nous avons changé de cap. Ils veulent vivre ce jour là à l'image de ce que leur racontent leurs camarades de classe, on ne peut pas les en priver ", souligne Hassan, comme raison pour avoir retourné sa veste !
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Mouton, quand tu nous tiens !
Brahim et son épouse Khadija ont pris une décision solennelle: pour la première fois depuis leur mariage il y a 25 ans, ils ne vont pas sacrifier de mouton cette année.Brahim prend femme et enfants et lève l'ancre pour Immouzer. Sur place, la petite famille s'installe dans un chalet de location, avec l'intime conviction que le sang ne coulera pas cette année.
Deux jours plus tard, Brahim part faire des courses.
Khadija est en train de préparer le déjeuner et voilà son époux qui est de retour, avec les achats et… un mouton ! " J'ai failli perdre la raison, je n'ai rien compris à son geste, surtout que nous ne disposions pas des ustensiles nécessaires dans le chalet.
Ça s'est terminé par un fou rire général et une sacrée blague que l'on raconte toujours avec beaucoup d'humour ", raconte Khadija.
Mais quelle mouche l'a piqué, le Brahim ? En fait, notre ami était en train de faire tranquillement ses courses quand il est tombé sur un enclos improvisé, où l'on vendait des moutons. Il n'a pas pu s'empêcher de s'y arrêter pour " admirer " les belles bêtes.
Après un moment d'hésitation, la nostalgie prit le dessus et Brahim se retrouva avec un mouton sous le bras. Au diable le risque de prendre un coup de rouleau à pâtisserie sur la tête !
