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Economie : Le foncier ou la bataille pour le leadership

Quand Miloud Châabi, bénéficiaire, se transforme en contestataire du soutien de l'Etat

Economie : Le foncier ou la bataille pour le leadership
Les dernières sorties médiatiques de Miloud Chaâbi, président du groupe Ynna, ont été loin de faire l'unanimité. En s'en prenant au groupe Addoha et au gouvernement, il semble adopter l'attitude du "mauvais perdant", selon l'expression d'un professionnel du secteur. La raison en est, de toute évidence, qu'il prend mal l'envol, confirmé par un succès boursier, que connaît la holding d'Anas Sefrioui, son concurrent direct et qui commence à lui faire de l'ombre.

Emporté dans ses propos, il s'est cru autorisé à s'en prendre également à l'ONA et à la CDG. La plupart des observateurs, surpris, voire choqués par sa sortie médiatique estiment qu'il a été mal conseillé, à moins qu'il ne sache plus se maîtriser. "Apparemment, il ne s'agit pas d'un litige sur le foncier, mais bel et bien d'une course vers la première marche du podium", a-t-on appris de source officielle.

Longtemps considéré comme le numéro un du secteur, son groupe a commencé récemment à se voir grignoter et perdre du terrain par d'autres opérateurs concurrents, notamment Douja Promotion.
Ce qui n'est pas sans susciter chez lui quelques inquiétudes. Cela dit, à voir le timing de ses déclarations, qui ont coïncidé avec la signature de conventions entre la Somed et l'émirati Ajial, on est en droit de penser que sa sortie ne relève pas du fortuit mais qu'elle a été bel et bien orchestrée.

Tout le monde, notamment au sein du secteur, sait que lors de la conférence de presse annonçant l'introduction en bourse de ces filiales, la question fétiche sur des terrains octroyés à Addoha a été soufflée par un membre du comité organisationnel à un journaliste. On en garde comme un goût amer d'une complicité étalée à peine qui s'apparente à de la manipulation. Et on sait combien elle s'est obstinément efforcée à faire mouche…

Dire que le secteur de l'habitat et de l'immobilier a été secoué, c'est sacrifier à l'euphémisme.
En accusant le groupe Addoha de bénéficier de lots de terrains sans appels d'offres, Miloud Chaâbi s'est simplement positionné – à la stupéfaction de tous - en détracteur qui refuse le jeu de la libre concurrence.

Il a délibérément omis de signaler que, l'un des tout premiers et durant des années, son groupe en a été le bénéficiaire privilégié. Mieux : au moment même où il proférait ses accusations, son groupe introduisait une demande afin d'acquérir des lots de terrain destinés à sa cimenterie dans la Province de Settat. Pour autant, l'ambivalence du langage ne manque pas de choquer les opérateurs du secteur et l'opinion en général.

Pour éclaircir cette situation, rappelons que dans le cadre de la promotion et du développement au niveau national du logement social, l'Etat met à la disposition des promoteurs immobiliers des terrains à des prix préférentiels. Sur les 3.000 ha mobilisés par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme et acquis auprès des "jmouaâ", des "guichs", des Eaux et Forêts, du Domaine ou du privé, la grande partie des concessions est passée via des appels d'offres, soit 90% des cas, selon des statistiques officielles.

La deuxième méthode reste le gré à gré qui est réservé seulement aux grands projets, notamment ceux réalisés par les grands groupes comme Addoha et Chaâbi. Selon des sources officielles, le premier a signé une convention portant sur 50.000 logements, le second pour la construction de 60.000 autres.

Dans le cadre du suivi des projets, l'Etat octroie les terrains à des conditions particulières, notamment avec le prix arrêté lors du dernier appel à manifestation d'intérêt, et en tranche afin de suivre l'évolution des travaux et le respect du cahier de charges, est-il souligné.

"C'est une mobilisation préférentielle certes, mais concurrentielle", affirment les responsables. Pour ce qui est des terrains dont le groupe Addoha a bénéficiés à Hay Riyad (Rabat), il les a acquis, de l'avis de plusieurs responsables, à un prix compétitif. Suite à une convention avec l'Etat, Anas Sefrioui a acheté le terrain à 900 dirhams le mètre brut, soit 1.800 dirhams le mètre carré.

Si l'on ajoute les 600 DH déboursés pour les équipements au mètre (eau, assainissement, électricité…), le coût final grimpe à 2.400 DH/m2. "C'est un prix concurrentiel, il suffit juste de vérifier", précise un responsable.

S'agissant des hors sites, proposés à un prix symbolique, il suffit de calculer le coût des équipements d'infrastructure (aménagements de routes, adduction aux réseaux de l'eau, assainissement, l'électricité, etc.) pour quantifier aisément leur prix de revient.Apparemment, et c'est devenu de notoriété publique, ce qui dérange Miloud Chaâbi, c'est le fait que le groupe Addoha émerge dans un secteur jusque-là soumis aux lois cruelles du profit et du gain.

Cependant, en préconisant la transparence via son introduction en bourse, en s'imposant en tant qu'acteur incontournable dans le logement social, en jouant tout simplement la concurrence loyale, Addoha a réussi à gagner la confiance du gouvernement qui lui a confié la conduite de grands projets. Ils sont nombreux à souligner "qu'en faisant de lui un champion national, ce sera bénéfique pour tout le monde, surtout que le pays est en dynamique de production de logements pour essayer de combler le déficit établi à un million d'habitats".

Ce qui ne manquera pas d'avoir un effet d'entraînement et d'inciter les autres opérateurs à s'engager plus, à travailler mieux pour bénéficier des mêmes avantages ou de se regrouper en holding et essayer de mener des mégaprojets.

Il reste que la sortie médiatique de Chaâbi, inspirée au coin de la mauvaise foi ou à des fins de manipulation, n'empêchera pas l'Etat de poursuivre sa politique incitative du secteur. Il va de la vision sociale de l'Etat, engagé à briser le nœud gordien qu'est le déficit de l'habitat social.

Comme il l'a fait toujours, et d'aucuns ne manquent pas de le rappeler à Miloud Chaâbi qui en a bénéficié, le gouvernement continuera à octroyer les terrains dans la plus grande transparence aux promoteurs privés, est-il précisé. Et ce n'est pas une guerre médiatique orchestrée à des fins purement personnelles qui l'arrêtera. Une chose est sûre, la concurrence dans un tel secteur constitue un bon vecteur d'amélioration, car elle reflète la bonne santé de ce dernier pour le bonheur de la population.
Il faut souhaiter en revanche que la compétition ne déborde pas le cadre du professionnalisme.

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Pionnier et bénéficiaire avant les autres opérateurs

La stratégie de l'Etat au niveau du logement a connu une évolution en dents de scie : parer au plus pressé, lutter contre l'habitat insalubre, offrir enfin un cadre digne aux citoyens. D'ambitieux programmes sont mis en œuvre depuis des années. Des incitations réglementaires, des encouragements, des efforts sont déployés en faveur des opérateurs privés, comme Miloud Chaâbi notamment . Ce dernier a déposé, le 11 septembre 2006, une demande auprès du wali de la région Chaouia-Ouardigha pour cession ou location des terrains destinés à la réalisation d'une cimenterie dans ladite région. Les terrains convoités sont immatriculés sous le numéro TF 1126D relevant de la collectivité Oueld El Houari dans la commune rurale Beni Yagrine (province de Settat).

En matière de promotion immobilière, Ynna Holding a bénéficié d'un lot de 16 ha à Agadir (Adrar) au prix très compétitif de 260 DH/m2 dans le cadre d'un appel à manifestation d'intérêt pour la construction de 4.306 logements dont 1.865 sociaux. Il est également en négociation avec le ministère de l'Habitat pour l'acquisition de 8 ha à Al Hoceima pour un dirham symbolique.
Ce projet englobe 1.390 logements, dont 308 sociaux, un centre culturel, une crèche, une mosquée, deux centres commerciaux (Bouayach et Imzouren). Dans ce projet, la contribution de l'Etat est estimée à 55 millions de dirhams.

Le groupe est également en négociation pour l'achat d'un terrain de 1,5 ha à Mohammedia destiné à la construction de 202 logements sociaux et 6 commerces.
L'Etat devra participer à hauteur de 47 millions de dirhams. Concernant le projet Annkhil de Nouaceur, Ynna Holding a bénéficié de 14 ha cédés à 1 dirham symbolique et destinés à abriter 2.160 logements, dont 910 sociaux, 149 commerces, 8 équipements administratifs… La contribution de l'Etat s'élève à 15 millions de dirhams.

Au total, le groupe Chaâbi a bénéficié de 88,8 ha et d'une aide de l'Etat chiffrée à 280 millions de dirhams.
Concernant Aswak Assalam de Tanger, inauguré le 12 janvier 2007, le groupe a bénéficié d'une cession de 4,3 ha pour 120 DH/m2.
L'acte de vente a été signé le 8 juin 2006. Il a également profité de la location de 5 ha à Kénitra pour la construction d'une cité universitaire d'une capacité de 2.000 lits. Le contrat de location, établi le 24 septembre 2004, porte sur une durée de 40 ans renouvelable une seule fois pour 10 ans pour un loyer de 20.000 DH/an.

Pour ce qui est du complexe universitaire privé de Bouznika, le groupe a reçu l'accord de principe du Centre régional d'investissement de Settat pour la location d'un terrain
de 10 ha.

Concernant les terres des Habous, le groupe de Miloud Chaâbi a reçu l'accord de principe pour l'acquisition de 28 ha pour la construction d'un autre Aswak Assalam ainsi que d'un projet immobilier à Oujda.
Il a également déposé auprès de cette institution trois autres demandes. La première porte sur 34 ha à Salé pour Aswak Assalam. La seconde requête concerne un terrain de 10 ha à Essaouira qui jouxtent son complexe hôtelier, Riad Mogador.

REPÈRES
Dimensions
> Addoha a signé une convention portant sur 50.000 logements.
> Chaâbi a signé une convention portant sur 60.000 logements.
> l'Etat octroie les terrains à des conditions particulières, notamment avec le prix arrêté lors du dernier appel à manifestation d'intérêt.
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