Romancier très plébiscité par les Marocains et les Français, Driss Chraïbi est né en 1926 à Mazagan (aujourd'hui El-Jadida). Après des études secondaires à Casablanca, il s'envole vers la France pour faire des études de chimie. Son diplôme d'ingénieur en poche, il décide de s'y installer définitivement.
Malgré cet «exil», Driss Chraïbi avait perpétué en lui le souvenir nostalgique d'une El Jadida rêvée, qui allait nourrir bon nombre de ses livres, jusqu'à sa mort.
La parution du «Passé simple» en 1954, est considérée comme un tournant dans la vie de l'écrivain. Très bien accueilli par la critique française, mais beaucoup moins par les intellectuels marocains, ce roman a suscité l'intérêt de bon nombre d'entre eux.
En effet, ces derniers l'ont accusé de trahir son pays par ses critiques acerbes de la société marocaine traditionnelle. Il a fallu donc attendre que la revue «Souffles» de Abdellatif Laâbi lui consacre son premier numéro, en 1967, pour que son image soit réhabilitée aux yeux de l'intelligentsia marocaine.Au fil du temps, Driss Chraïbi réussit à bâtir une œuvre riche, très appréciée par le lectorat maghrébin et français. Le talent vint, et avec lui, la reconnaissance des prix. Chraïbi reçoit en 1973 de nombreux prix littéraires, dont celui de l'Afrique méditerranéenne pour l'ensemble de son œuvre. Ce n'est pas tout.
En 1981, il rafle d'autres prix, en l'occurrence le Prix de l'amitié franco-arabe et le prix Mondello pour la traduction de Naissance à l'Aube en Italie.
Une consécration qui n'a en rien freiné sa productivité.
Elle ne l'a pas empêché de se considérer comme un éternel débutant, un conteur exceptionnel qui voulait toujours être à la hauteur des aspirations de ses lecteurs. Chaque fois, il revivait les angoisses du débutant, mais continuait… à écrire.
A travers ses livres, Driss Chraïbi exprime les déboires de Ali, son personnage fétiche. Sans omettre bien entendu de garder ce regard ironique posé sur la société.
Après les angoisses de l'inspecteur Ali, il y avait quelque chose de rassurant à se plonger dans l'univers de l'histoire. En effet, Chraïbi s'essaie au roman historique, histoire de se rapprocher de son pays natal. Sa patrie, qui vient de lui rendre un vif hommage en décembre dernier.
On se rappelle tous de l'Association provinciale pour les Affaires culturelles à El Jadida, qui a tenu à ce que le grand écrivain soit honoré chez lui, à Mazagan.
Pendant deux jours, des intellectuels ont pu revisiter et analyser l'œuvre du père de la littérature marocaine de langue française en sa présence, preuve que le nom de Chraïbi est inscrit en lettres d'or dans l'histoire de la littérature au Maroc. En effet, le Maroc a été depuis toujours une source d'inspiration de l'écrivain.
En février, il était parti au pays pour préparer un nouveau livre. «Il est le meilleur d'entre nous. Il a été notre maître à tous.
C'est un grand écrivain, qui a su mieux que quiconque témoigner sur sa société. Son roman, Le Passé Simple est un chef d'œuvre aussi important que l'Etranger d'Albert Camus. Son autre livre La civilisation, ma mère, est une merveille d'intelligence et d'humour », a déclaré l'écrivain Tahar Benjelloun. « Driss Chraïbi est un maître et un ami, et c'est une grande perte pour la littérature et le Maroc », a-t- il ajouté.
«Driss sera inhumé vendredi au cimetière des Chouhada à Casablanca, près de son père», a déclaré son épouse, Mme Sheena Chraïbi, précisant que «c'est très important qu'il repose dans son pays natal».
REPÈRES
Bibliographie
> Le Passé simple (1954)
> Les Boucs (1955)
> L'Ane (1956)
> La Foule (1961)
> Un Ami viendra vous voir (1967)
> La Civilisation ma mère !... (1972)
> Mort au Canada (1975)
> Une enquête au pays (1981)
> La Mère du printemps (1982) –
> Naissance à l'aube (1986).
> L'homme du livre (1995).
> L'inspecteur Ali à Trinity College (1995)
> L'inspecteur Ali et la CIA (1996)
> Lu, vu, entendu (1998)
> Le monde à côté (2001).
Malgré cet «exil», Driss Chraïbi avait perpétué en lui le souvenir nostalgique d'une El Jadida rêvée, qui allait nourrir bon nombre de ses livres, jusqu'à sa mort.
La parution du «Passé simple» en 1954, est considérée comme un tournant dans la vie de l'écrivain. Très bien accueilli par la critique française, mais beaucoup moins par les intellectuels marocains, ce roman a suscité l'intérêt de bon nombre d'entre eux.
En effet, ces derniers l'ont accusé de trahir son pays par ses critiques acerbes de la société marocaine traditionnelle. Il a fallu donc attendre que la revue «Souffles» de Abdellatif Laâbi lui consacre son premier numéro, en 1967, pour que son image soit réhabilitée aux yeux de l'intelligentsia marocaine.Au fil du temps, Driss Chraïbi réussit à bâtir une œuvre riche, très appréciée par le lectorat maghrébin et français. Le talent vint, et avec lui, la reconnaissance des prix. Chraïbi reçoit en 1973 de nombreux prix littéraires, dont celui de l'Afrique méditerranéenne pour l'ensemble de son œuvre. Ce n'est pas tout.
En 1981, il rafle d'autres prix, en l'occurrence le Prix de l'amitié franco-arabe et le prix Mondello pour la traduction de Naissance à l'Aube en Italie.
Une consécration qui n'a en rien freiné sa productivité.
Elle ne l'a pas empêché de se considérer comme un éternel débutant, un conteur exceptionnel qui voulait toujours être à la hauteur des aspirations de ses lecteurs. Chaque fois, il revivait les angoisses du débutant, mais continuait… à écrire.
A travers ses livres, Driss Chraïbi exprime les déboires de Ali, son personnage fétiche. Sans omettre bien entendu de garder ce regard ironique posé sur la société.
Après les angoisses de l'inspecteur Ali, il y avait quelque chose de rassurant à se plonger dans l'univers de l'histoire. En effet, Chraïbi s'essaie au roman historique, histoire de se rapprocher de son pays natal. Sa patrie, qui vient de lui rendre un vif hommage en décembre dernier.
On se rappelle tous de l'Association provinciale pour les Affaires culturelles à El Jadida, qui a tenu à ce que le grand écrivain soit honoré chez lui, à Mazagan.
Pendant deux jours, des intellectuels ont pu revisiter et analyser l'œuvre du père de la littérature marocaine de langue française en sa présence, preuve que le nom de Chraïbi est inscrit en lettres d'or dans l'histoire de la littérature au Maroc. En effet, le Maroc a été depuis toujours une source d'inspiration de l'écrivain.
En février, il était parti au pays pour préparer un nouveau livre. «Il est le meilleur d'entre nous. Il a été notre maître à tous.
C'est un grand écrivain, qui a su mieux que quiconque témoigner sur sa société. Son roman, Le Passé Simple est un chef d'œuvre aussi important que l'Etranger d'Albert Camus. Son autre livre La civilisation, ma mère, est une merveille d'intelligence et d'humour », a déclaré l'écrivain Tahar Benjelloun. « Driss Chraïbi est un maître et un ami, et c'est une grande perte pour la littérature et le Maroc », a-t- il ajouté.
«Driss sera inhumé vendredi au cimetière des Chouhada à Casablanca, près de son père», a déclaré son épouse, Mme Sheena Chraïbi, précisant que «c'est très important qu'il repose dans son pays natal».
REPÈRES
Bibliographie
> Le Passé simple (1954)
> Les Boucs (1955)
> L'Ane (1956)
> La Foule (1961)
> Un Ami viendra vous voir (1967)
> La Civilisation ma mère !... (1972)
> Mort au Canada (1975)
> Une enquête au pays (1981)
> La Mère du printemps (1982) –
> Naissance à l'aube (1986).
> L'homme du livre (1995).
> L'inspecteur Ali à Trinity College (1995)
> L'inspecteur Ali et la CIA (1996)
> Lu, vu, entendu (1998)
> Le monde à côté (2001).
