Chaque matin, sans répit, plusieurs dizaines de femmes veuves ou divorcées se dirigent vers Kharatoria, une rue adjacente au boulevard principal de la ville de Laâyoune, dans l'attente d'un client qui aurait besoin de leurs services pour le ménage ou la lessive.
Ces femmes ont souvent à charge des orphelins, des enfants en bas âge, des parents malades, âgés, handicapés, voire même des familles entières. Le nombre de ces femmes augmente de jour en jour.
Certaines font de cette occupation une couverture discrète pour s'adonner à la prostitution. Naïma, jeune femme âgée de 25 ans, nous déclare: «Je suis mère d'un enfant de 8 ans scolarisé et dont le père est décédé alors qu'il avait 5 ans.
Depuis je m'en occupe avec amour et j'étais prête à tout pour l'élever sauf me prostituer. Je travaille donc dans les maisons, mais jamais chez des célibataires, depuis que j'ai été exposée à deux tentatives de viol. La vie est dure. Je paie un loyer de 400 DH pour une chambre et des toilettes aux carrières d'El Aouda.
Comme femme célibataire, je suis sujette à des harcèlements au quotidien, à des propositions de séduction à des tarifs attirants, mais grâce à Dieu je repousse complètement tout cela avec fermeté».
Rahmania, âgée d'environ soixante ans, nous raconte : « Moi, je suis divorcée depuis plus de 40 ans, à cause de ma stérilité. J'ai alors décidé de quitter mon douar natal pour venir à Laâyoune. Je constituais une gêne permanente pour les femmes de mes frères, je ne vous cache pas que je suis passée par une expérience difficile, j'ai fait de la mendicité au début.
Comme j'étais jeune, je recevais des propositions des clients des cafés, des boutiques et ainsi de suite. J'ai malheureusement cédé, j'ai goûté à l'argent facile. Ni mes sœurs mariées, ni mes frères ne demandaient après moi. A présent que je ne suis plus bonne à rien, même comme entremetteuse, j'ai décidé de revenir sur le droit chemin, de faire mes prières, de travailler et de gagner mon pain honnêtement, par ma sueur. Voila, monsieur, personne ne mène sa vie comme il le désire».
«Moi, nous dit Najat, j'ai 17 ans. Franchement, je ne sais quoi vous dire et comment j'ai atterri au Mouqef. J'ai toute une histoire derrière moi. J'ai été violée par mon grand frère, qui était mon tuteur, après la mort de mes parents, qui pourtant nous avaient légué une jolie fortune. Mais mon frère a tout pris et dépensé dans l'alcool et les femmes, et en plus, il m'a chassée de la maison. J'ai alors vendu mes boucles d'oreilles en or, ma seule richesse.
Dès le premier jour la prostitution m'a ouvert ses portes, mais je me suis reprise rapidement, après que l'on ait découvert chez une colocataire le virus du sida.
J'ai eu alors peur, très peur. J'ai fait le test qui s'est avéré négatif, heureusement et j'ai avorté, une fois.
Tout cela au cours des huit mois que j'ai passés à Laâyoune. J'ai alors opté pour le mouqef comme source de vie honnête et sans danger».
Chaque femme porte en elle une raison, une expérience douloureuse, un passé quelconque qui l'a faite parvenir à sa situation présente.
«Nous sommes plusieurs dans cette situation», nous signale Najma. «Il y a des clients qui sont sérieux, qui nous paient avec générosité, prenant en considération notre situation sociale, et qui nous font en plus don de bouteilles d'huile, de la farine ou des vêtements même...
Il y a d'autres qui donnent le minimum strict pour une forte corvée, ou encore ceux en particulier les célibataires, qui tentent d'abuser de nous et même parfois ils réussissent malgré notre résistance.
Il y a ceux qui refusent de nous payer sous prétexte que notre prestation est mauvaise.
Nous resterons dans cette situation tant qu'il n'y aura pas un organisme sérieux pour la défense de nos droits».
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Et puis une seule association, ce n'est pas suffisant pour les milliers de femmes qui sont dans notre situation.
Nous voulons nous adresser à travers votre tribune aux autorités locales pour leur demander de se pencher sur notre situation et nous défendre dans le cadre de la politique de proximité.
Les trois conserveries de sardines du port de Laâyoune ne peuvent pas contenir toutes les femmes dans des situations difficiles, ni même les programmes de l'INDH. Il faut nous soutenir pour créer notre association pour qu'on puisse s'organiser pour vivre dans la dignité.
Ces femmes ont souvent à charge des orphelins, des enfants en bas âge, des parents malades, âgés, handicapés, voire même des familles entières. Le nombre de ces femmes augmente de jour en jour.
Certaines font de cette occupation une couverture discrète pour s'adonner à la prostitution. Naïma, jeune femme âgée de 25 ans, nous déclare: «Je suis mère d'un enfant de 8 ans scolarisé et dont le père est décédé alors qu'il avait 5 ans.
Depuis je m'en occupe avec amour et j'étais prête à tout pour l'élever sauf me prostituer. Je travaille donc dans les maisons, mais jamais chez des célibataires, depuis que j'ai été exposée à deux tentatives de viol. La vie est dure. Je paie un loyer de 400 DH pour une chambre et des toilettes aux carrières d'El Aouda.
Comme femme célibataire, je suis sujette à des harcèlements au quotidien, à des propositions de séduction à des tarifs attirants, mais grâce à Dieu je repousse complètement tout cela avec fermeté».
Rahmania, âgée d'environ soixante ans, nous raconte : « Moi, je suis divorcée depuis plus de 40 ans, à cause de ma stérilité. J'ai alors décidé de quitter mon douar natal pour venir à Laâyoune. Je constituais une gêne permanente pour les femmes de mes frères, je ne vous cache pas que je suis passée par une expérience difficile, j'ai fait de la mendicité au début.
Comme j'étais jeune, je recevais des propositions des clients des cafés, des boutiques et ainsi de suite. J'ai malheureusement cédé, j'ai goûté à l'argent facile. Ni mes sœurs mariées, ni mes frères ne demandaient après moi. A présent que je ne suis plus bonne à rien, même comme entremetteuse, j'ai décidé de revenir sur le droit chemin, de faire mes prières, de travailler et de gagner mon pain honnêtement, par ma sueur. Voila, monsieur, personne ne mène sa vie comme il le désire».
«Moi, nous dit Najat, j'ai 17 ans. Franchement, je ne sais quoi vous dire et comment j'ai atterri au Mouqef. J'ai toute une histoire derrière moi. J'ai été violée par mon grand frère, qui était mon tuteur, après la mort de mes parents, qui pourtant nous avaient légué une jolie fortune. Mais mon frère a tout pris et dépensé dans l'alcool et les femmes, et en plus, il m'a chassée de la maison. J'ai alors vendu mes boucles d'oreilles en or, ma seule richesse.
Dès le premier jour la prostitution m'a ouvert ses portes, mais je me suis reprise rapidement, après que l'on ait découvert chez une colocataire le virus du sida.
J'ai eu alors peur, très peur. J'ai fait le test qui s'est avéré négatif, heureusement et j'ai avorté, une fois.
Tout cela au cours des huit mois que j'ai passés à Laâyoune. J'ai alors opté pour le mouqef comme source de vie honnête et sans danger».
Chaque femme porte en elle une raison, une expérience douloureuse, un passé quelconque qui l'a faite parvenir à sa situation présente.
«Nous sommes plusieurs dans cette situation», nous signale Najma. «Il y a des clients qui sont sérieux, qui nous paient avec générosité, prenant en considération notre situation sociale, et qui nous font en plus don de bouteilles d'huile, de la farine ou des vêtements même...
Il y a d'autres qui donnent le minimum strict pour une forte corvée, ou encore ceux en particulier les célibataires, qui tentent d'abuser de nous et même parfois ils réussissent malgré notre résistance.
Il y a ceux qui refusent de nous payer sous prétexte que notre prestation est mauvaise.
Nous resterons dans cette situation tant qu'il n'y aura pas un organisme sérieux pour la défense de nos droits».
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Cri de détresse
La tentative de créer une association pour regrouper les femmes du mouqef et les organiser afin de défendre leurs droits et de fixer des tarifs s'avère encore timide.Et puis une seule association, ce n'est pas suffisant pour les milliers de femmes qui sont dans notre situation.
Nous voulons nous adresser à travers votre tribune aux autorités locales pour leur demander de se pencher sur notre situation et nous défendre dans le cadre de la politique de proximité.
Les trois conserveries de sardines du port de Laâyoune ne peuvent pas contenir toutes les femmes dans des situations difficiles, ni même les programmes de l'INDH. Il faut nous soutenir pour créer notre association pour qu'on puisse s'organiser pour vivre dans la dignité.
