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Des touristes bien de chez nous, globe-trotters

Nos compatriotes bougent de plus en plus outre-mer… pour leurs vacances

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Si le Maroc est l'une des destinations les plus en vogue pour des millions de touristes étrangers, qu'en est-il des touristes marocains? Pour les vacances, choisissent-ils une «destination Maroc» ou plutôt une destination étrangère?
Depuis quelques temps, il n'est plus surprenant de croiser des groupes de touristes marocains à Marbella en Espagne, à Istanbul en Turquie ou même très loin à Bangkok en Thaïlande.

Le mouvement des touristes marocains connaît depuis des années une activité intense. Les Marocains, quand ils ont les moyens, ne se limitent plus pour leurs vacances à la visite des villes impériales ou les stations balnéaires du Royaume, mais optent de plus en plus pour un dépaysement total, vers des destinations étrangères.

Pendant longtemps, les familles marocaines passaient les vacances chez leurs proches dans l'une des grandes villes marocaines, mais les choses commencent à changer. Un changement qui résulte de l'évolution que connaissent les familles marocaines, tant au niveau financier qu'au niveau des habitudes.

Le rôle des agences de tourisme devient plus important. Elles sont de plus en plus sollicitées par les touristes marocains. Jeudi 4 juillet, de nombreux clients sont venus pour réserver ou s'informer sur les offres d'une agence de voyages à Casablanca. «Avant, les Marocains croyaient que s'ils passent par une agence, le coût du voyage leur reviendra plus cher, mais cette mentalité commence à changer. Les gens s'orientent davantage vers des tour- opérateurs», nous informe Anouar Berrada, directeur commercial cette agence de voyages.

Cette affluence trouve son explication dans la palette de choix présentés par les agences à des tarifs relativement abordables. «La Costa de Sol au Sud de l'Espagne est la première destination des touristes marocains», affirme Mohamed Cherif Alami, directeur des opérations à Atlas Voyages.

«Les Marocains choisissent souvent l'Espagne du fait de sa proximité géographique avec le Maroc. Une famille marocaine peut faire le voyage en voiture, cela réduit considérablement le coût du voyage», ajoute-t-il. Le bon rapport qualité-prix de la destination Espagne fait que beaucoup de Marocains choisissent ce pays au lieu d'un autre. En effet, l'offre de l'hébergement constitue également un élément déterminant dans le choix.

Le concept des appartements-hôtels et autres studios attire beaucoup d'estivants, parce que le prix du séjour dans ces logements revient moins cher. Résultat : l'Espagne caracole en tête des destinations prisées de la part des touristes marocains, au détriment des villes marocaines. «Il faut faire la distinction entre deux types de voyages.

D'abord celui où le Marocain part avec sa famille, la destination favorite dans ce cas est l'Espagne. Ensuite vient le créneau des voyages organisés et on peut citer deux destinations qui sont des produits grand public : L'Egypte et la Turquie», déclare Anouar Berrada.

La Turquie à elle seule reçoit chaque année plus de 30.000 touristes marocains. Ce pays est choisi par nos compatriotes parce qu'il est proche de la culture islamique du Maroc. Il offre également une palette de services de bonne qualité. L'Egypte est une autre destination à succès pour les agences de voyages, puisqu'elle constitue un produit accessible pour de nombreuses familles.

C'est une destination qui séduit également par ses vestiges et monuments pharaoniques.
Le choix de ces deux destinations est expliqué également par les facilités d'entrée dans leurs territoires qui ne nécessite pas de visa. «La décision d'une famille de visiter l'un de ces deux pays peut se faire facilement, ce qui n'est pas le cas pour l'Espagne où un visa d'entrée est exigé», ajoute M. Berrada.

Ces dernières années, les destinations asiatiques commencent avoir des adeptes au Maroc. Des pays comme la Thaïlande, l'Inde ou encore la Chine suscitent l'intérêt des touristes marocains. Cependant, ce genre de produits touristiques est onéreux pour beaucoup de ménages marocains.

Cette dynamique que connaît le marché marocain du tourisme n'est pas sans provoquer la convoitise de certains opérateurs étrangers, qui sont nombreux à proposer leurs packages aux Marocains.

Des professionnels du secteur touristique assurent que des tour-opérateurs notamment de l'Egypte, de la Syrie et de la
Turquie ont proposé, lors du dernier Salon du tourisme,
qui s'est tenu dernièrement à Casablanca, à des agences de voyages marocaines de commercialiser leurs offres aux clients marocains. Ces derniers voient la liste des offres devenir plus intéressante avec la
destination Maroc et les efforts fournis pour donner un
nouveau souffle au tourisme national.

Emotions au Maroc

« Vivez vos émotions au Maroc ». C'est l'une des accroches publicitaires utilisées par l'ONMT (Office national marocain de tourisme) pour vendre les offres de l'opération «Kounouz Biladi». C'est pour récupérer les touristes marocains que cette opération a été lancée il y a sept ans.

Les responsables ont remarqué que le tourisme intérieur stagnait. A cause des Marocains qui, au lieu de choisir pour leurs vacances les villes marocaines, s'orientent plus vers l'étranger. Les causes de cette situation sont nombreuses. D'abord, les prix des nuitées dans les hôtels qui demeurent hors de la portée de beaucoup de Marocains, des fois ils sont équivalents sinon plus chères que les tarifs dans un pays européen comme l'Espagne.

Ensuite, la concentration des efforts et des moyens depuis des années pour réussir les stratégies nationales relatives à ce secteur, notamment la Vision 2010 portée plutôt sur le tourisme et les touristes étrangers. Les réflexions sur la solution ont enfanté l'opération « Kounouz Biladi », destinée à «vulgariser» le package marocain auprès du marché national.

L'opération a montré ses limites durant les premières années de son lancement, puisque le ministère du Tourisme fixait les tarifs directement avec les établissements hôteliers. Lesquels ne respectaient pas souvent leurs engagements quand les touristes marocains décidaient de profiter des offres de l'opération. La nouveauté cette année dans la dernière version de « Kounouz Biladi » est que les agences de voyages ont été impliquées par l'Office du tourisme. «Notre rôle est d'acheter des nuitées auprès des hôtels un peu partout au Maroc pour les proposer à nos clients.

Bien évidemment, quand une agence achète 2000 nuitées, elle bénéficie de tarifs préférentiels. De facto, les prix qu'elle propose à ses clients sont moindres», explique Mohamed Cherif Alami.

Le marché marocain est caractérisé par sa saisonnalité, ce qui se répercute sur les propositions des produits touristiques. C'est la raison pour laquelle les concepteurs de «Kounouz Biladi» l'ont réparti en trois phases : été, hiver et printemps. Durant la phase «hiver», l'opération avait connu un grand succès de la destination Ouarzazate, constatent les responsables d'une agence de voyages.

La phase «été» est axée comme à l'accoutumée sur les destinations balnéaires comme Tanger et Agadir. Mais un succès particulier est présenti pour l'offre de Dakhla, une ville qui est en train d'avoir une bonne réputation.

Lors d'une visite effectuée dans une agence de voyages, nous avons rencontré un client marocain qui venait de choisir pour lui et sa petite famille un séjour d'une semaine dans la ville d'Agadir.

Ce médecin casablancais, la trentaine, affirme que ce n'est pas la première fois qu'il fait recours à une agence pour organiser son voyage. «Le passage par une agence nous évite d'avoir des surprises pendant notre séjour. Des fois, on est vraiment déçu par le service de mauvaise qualité dans certains hôtels au Maroc. Ces derniers affichent pourtant 4 ou 5 étoiles mais en réalité, ils ne mériterait pas cette classe», ajoute-t-il. Ce monsieur reste, en effet catégorique. S'il a à choisir pour ses vacances, il opterait pour une destination étrangère.

C'est à ce niveau qu'intervient l'agence de voyages. Selon M. Alami, le personnel d'une agence doit conseiller le client sur la qualité de service, la propreté d'un l'hôtel qu'il choisit. Conscient de ce problème, l'ONMT a créé des commissions pour évaluer les prestations des hôtels, afin de vérifier s'ils sont en conformité avec leur classement. Le travail de ces commissions a permis, selon des professionnels proches du secteur, de reclasser certains établissements hôteliers.

Toutefois, malgré les efforts déployés par les responsables marocains pour dynamiser le tourisme national, des milliers de touristes continuent à mettre le cap sur des destinations étrangères. «Kounouz Biladi» est uneopération très ambitieuse, mais il faut lui laisser encore le temps pour qu'elle porte ses fruits et atteindre les objectifs escomptés.

Une chose est sûre : les familles marocaines ont toutes choisi leur destination pour l'été. A l'étranger comme au Maroc, dans un hôtel comme chez la famille, le but reste unique : profiter de cette saison estivale pour bien se reposer. Bonnes vacances à tous.
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Le transport aérien, facteur de réussite

Pour garantir la réussite de la stratégie nationale pour la promotion du tourisme intérieur, l'ONMT a fait appel à la compagnie nationale de transport aérien RAM. Le transporteur national va procéder, durant cette période, à une baisse supplémentaire des tarifs appliqués sur le réseau intérieur.

Cependant, les tarifs appliqués reste relativement chers pour les ménages marocains, d'où les appels pour plus d'efforts.
Pour leurs parts, les trois Tour Operator, retenus par le ministère du Tourisme pour commercialiser les offres, ont toujours du mal à satisfaire leur demande en billets d'avion auprès de la RAM puisque la phase estivale de Kounouz Biladi coïncide avec la haute saison des touristes étrangers.

Rappelons que la RAM continue son adhésion à cette stratégie, bien qu'elle affiche selon les responsables de la compagnie une perte de 120 millions de DH par an sur les vols internes. La baisse de tarification concerne également l'Office national des aéroports (ONDA). L'Office avait procédé à la suppression des taxes «passager» sur l'ensemble des dessertes intérieures lors des précédentes saisons pour réduire les coûts des dessertes internes.

La nouvelle stratégie du tourisme intérieur vise à impliquer tous les acteurs concernés pour égaler la barre des 2 millions de voyages formels à but de loisirs.

•Journaliste stagiaire
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