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Expédition contre les Beni-Qaïnoqâ'

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(suite)
Lorsque la nouvelle se confirma, il se rendit à La Mecque, consola les habitants, composa des élégies sur les morts et des satires contre le Prophète et contre ses compagnons. Ensuite il revint à Médine, et le même jour le Prophète apprit qu'il avait fait des satires contre lui. Puis chaque fois que Ka'b venait dans la ville, il disait ; Pleurez, pour que l'on pense que Mohammed est mort, et que sa religion cesse d'exister. Ces paroles furent rapportées au Prophète.

Un jour qu'il se trouvait au milieu de ses compagnons, et que l'on parlait de Ka'b, fils d'Aschraf, le Prophète se plaignit de lui et dit : Qui donnera sa vie à Dieu, tuera cet homme ? L'un des Ançâr, nommé Mohammed, fils de Maslama, dit: Moi j'irai, et je tuerai, ô apôtre de Dieu ! Le Prophète le remercia vivement. Lorsque, trois jours après, le Prophète vit qu'il n'était pas encore parti, il lui en demanda la raison.

Mohammed répondit: ô apôtre de Dieu, je n'ai pas mangé depuis trois jours, de chagrin, j'ai pris en vers toi un engagement, et je crains de ne pouvoir le remplir ; car Ka'b est un homme très considérable et habite un château bien fortifié.

Le Prophète dit : Essaye toujours si tu réussis, tu seras béni ; -Il me faut, dit l'autre, un ami nommé Sikkân, fils de Salâma, surnommé Abou-Nâïla, qui était le frère de Ka'b. Celui-ci chaque fois qu'il venait à Médine, descendait dans la maison de Silkân ; il lui montrait de l'affection et la confiance. Mohammed, fils de Maslama, vint trouver Silkâ, lui fit part des paroles du Prophète et lui dit : Si tu me prêtes assistance, je pourrait accomplir cette œuvre et être agréable au Prophète de Dieu. Silkân consentit et dit : Il nous faut encore d'autres compagnons.

Sept Ançâr se concertèrent ainsi et se mirent à délibérer de quelle façon ils exécuteraient leur dessein. S'étant mis d'accord, ils vinrent, avant de partir, trouver le Prophète, au moment de la prière du coucher, et lui dirent : Nous allons partir, ô apôtre de Dieu, mais il faudra que nous disions du mal de toi et de la fonction prophétique. Le Prophète les y autorisa, les accompagna jusqu'au cimetière nommé Baqî'al-Gharqad, puis il leur dit : allez, au nom de Dieu, et revenez aussitôt.

Ils se dirigèrent vers le château de Ka'b. A une demi parasange de ce château se trouvait une plantation de dattiers ; la forteresse des Benî-Nadhît était en face, et tout autour demeuraient des juifs. Ils arrivèrent pendant la nuit à la porte du château de Ka'b. Celui-ci, qui s'était récemment marié, dormait avec sa nouvelle épouse sur la terrasse. Silkân, ayant posté ses compagnons sur le chemin, s'approcha tout armé de la porte du château et appela Ka'b, qui se réveilla, le reconnut, lui répondit et regarda en bas.

Silkân lui dit ; j'ai à te parler. – Que peux-tu avoir à me dire à cette heure-ci ? demanda Ka'b. – Je suis venu pour te consulter sur une affaire, répliqua l'autre. Si tu peux, descends; si tu ne peux pas, je m'en retournerai. Ka'b se leva pour descendre ; mais sa femme saisit le pan de sa robe et le pria de ne pas y aller. Ka'b lui dit : c'est mon frère de lait, dont la porte m'est ouverte la nuit comme le jour ce serait mal de lui fermer la mienne, puisque je ne me suis jamais présenté en vain chez lui.

La femme dit de nouveau: N'y va pas, il fait nuit, tu ne sais pas ce qui peut arriver. Je suis, répondit Ka'b, plus sûr de lui que de moi-même. Puis il dégagea le pan de sa robe qu'elle avait saisi et dit «L'homme noble, quand même on l'appellerait à la mort, répond à l'appel». C'est là un proverbe arabe, que Ka'b prononçait par orgueil et pour affirmer son courage. Il ne savait par que lui-même allait le rendre vrai, et que ses paroles deviendraient une réalité. Ka'b étant sorti du château, Silkân lui dit : Sache ô mon frère, que je viens de Médine, parce que ce Mohammed est un fléau ; le pays tout entier est dans la famine et dans la misère, et nous n'avons plus de vivres.

Ka'b, se caressât la barbe, dit : Par la tête de mon père ! Ne vous ai-je point assez dit que cela n'est pas une chose sérieuse et que cette affaire n'a pas de fondement ? Slkân dit : Oui, cela est devenu manifeste pour tout le monde.

Quand à ce qui me concerne en particulier, je suis dans la détresse, et je viens chez toi pour que tu me donnes un peu de blé et de dattes que je puisse porter à ma famille. Je te remettrai en gage ce que tu voudras.

J'ai avec moi quelques amis, qui attendent dans ce verger ; ils avaient honte de venir te trouver : c'est pour cela que je me suis rendu seul auprès de toi, pour savoir ta réponse. Ka'b répliqua : il ne m'est pas resté beaucoup de vivres ; cependant je ne veux pas te faire de la peine. Silkân reprit: Nous sommes venus pendant la nuit afin que, si nous essuyons un refus, personne ne connaisse notre situation.

Ka'b dit : Je vous accorde votre demande, mais je désire que vous me donniez en page vos enfants. Silkân répondit : Veux-tu donc nous déshonorer parmi les hommes ? Nous avons apporté nos armes, et ce gage vaut mieux que des enfants. Ce serait pour nous un déshonneur de donner en gage nos enfants, et toi, tu aurais à faire la dépense de leur entretien. Silkân lui faisait cette offre, afin que Ka'b ne fût pas effrayé quand il verrait les armes.

Ka'b répliqua : C'est bien, apporte les armes. Silkân appela ses compagnons, et Mohammed, fils de Maslama, et les autres s'approchèrent avec leurs armes.

Ils prirent place en face de Ka'b et se mirent à causer avec lui. Tout à coup, Ka'b s'écria : Je vous avais bien dit que cet homme est un fléau ; son œuvre n'a pas de consistance. Les autres répondirent : Nous reconnaissons maintenant tout ce que tu nous avais dit.
Ka'b avait une chevelure qui lui tombait sur le cou. Elle était parfumée de musc et d'ambre.

A chaque instant Sikân lui prenait la tête, l'attirait vers lui et en respirait les parfums, en disant : Quelle délicieuse odeur ! Lorsqu'une bonne partie de la nuit fut passée, Ka'b dit : Déposez quelques-unes de vos armes pour que nous les mettions de côté. Silkân dit : Allons nous promener un peu dans ce verger, pour chasser notre chagrin ; nous te remettrons ensuite les armes, que tu pourras emporter dans ta maison, et demain nous amènerons des bêtes de somme pour chercher les vivres.

Ka'b se leva et alla avec eux, tout en causant. Silkân, de temps en temps, passait dans la chevelure de Ka'b sa main, qu'il portait ensuite à son nez pour en respirer l'odeur.
Quand ils furent arrivés au milieu du verger, Silkân saisit fortement Ka'b par les cheveux et dit : Chargez ! Mohammed, fils de Maslama, le serra également, et ‘Hârith, fils d'Aus, vint à leur aide, et tous les trois le maintinrent ainsi.

Les autres prirent leurs sabres et le frappèrent. Quelqu'un du château, apprenant cet événement, donna l'alarme ; on alluma des torches, et la femme de Ka'b jetait des cris du haut de la terrasse. Elle fut tuée par les Arabes, qui se retirèrent ensuite.

Un coup de sabre avait atteint par erreur la tête de ‘Hârith et lui avait fendu le crâne. Le sang coulait, et, comme ils le croyaient blessé mortellement, ils l'abandonnèrent et d'éloignèrent en courant dans la direction de Médine, craignant d'être poursuivie. ‘Hârith, ne pouvant pas courir, les suivit lentement.

Cependant aucun juif n'osa aller à leur poursuite. Arrivés près de la ville, ils furent en sûreté et s'arrêtèrent pour attendre ‘Hârith. Le jour commençait à poindre lorsqu'ils entrèrent dans la ville. Ils trouvèrent le Prophète occupé à prier, et lui rendirent compte de ce qu'ils venaient d'accomplir. Le Prophète fut très heureux, rendit grâce à Dieu et les remercia. Ensuite il souffla sur la tête de ‘Hârith, dont la blessure fut guérie immédiatement.
A l'expiration du mois de djoumâda premier, c'est-à-dire le premier jour du mois de djoumâda second, le Prophète ordonna l'expédition de Qarada.

Les Qoraïschites se trouvaient, à La Mecque, dans la situation de ne pouvoir vivre sans le commerce; car, comme ils ne semaient pas la terre, lorsque ils cessaient de faire du commerce, ils étaient dans la détresse.

Cette situation est encore la même aujourd'hui. Les habitants de La Mecque vivent du commerce avec la Syrie, les côtes et d'autres contrées. Après l'affaire de Bedr ; les Qoraïschites cessèrent d'aller en Syrie. Il se passa ainsi sept ou huit mois, et leur position devint difficile. Alors Abou-Sofyân leur dit : nous avons un moyen, c'est de conduire nos caravanes par des chemins détournés, et d'éviter la route de Bedr et le territoire de Médine. Nous prendrons un guide qui nous fera traverser le désert par un chemin que Mohammed ne trouvera pas.

En conséquence ils préparèrent une grande caravane, chargée d'une quantité considérable de marchandises, et Abou-Sofyân et Çafwân, fils d'Omyya, partirent pour la Syrie. S'étant engagés dans le désert, ils prirent un guide, nommé Foraât, fils de ‘Hayyân, qui les conduisit à travers le désert par des chemins non tracés. Il les mena à Dsât-Irq, station située sur le chemin qui passait par le territoire de la tribu des Benî ‘Amir.

C'est là que, actuellement, les pèlerins prennent l'I'hrâm. En partant de cet endroit, ils poursuivirent la route du désert.
Le Prophète, averti de cette marche, fit partir un détachement de troupes sous les ordres des Zaïd, fils de ‘Hâritha, pour donner la chasse à la caravane. Zaïd, qui ne connaissait pas les routes du désert, l'explora dans différents sens, jusqu'au moment où il rencontra la caravane, où il la surprit à la pointe du jour.

Abou Sofyân et ses compagnons montèrent sur leurs chamelles et s'enfuirent : mais le guide resta entre les mains de Zaïd, qui l'amena avec les biens de la caravane à Médine. Le Prophète fit le partage du butin et le guide embrassa l'islamisme.

Cet événement ne passa au milieu du mois de djoumâda second. Dans le même mois, l'un des principaux juifs de Khaïbar, Sallâm, fils d'Abou'l'hoqaïq, fut tué par ordre du Prophète.
Sallâm, surnommé Abou-Râfi, était le chef des juifs de Khaïbar, et résidait dans cette ville. C'était un homme considérable, très riche et maniant bien la parole. Il avait été lié d'amitié avec Ka'b, fils d'Aschraf, et il faisait également des satires contre le Prophète.
La population de Médine se composait de deux tribus, les Aus, les moins nombreux, et les Khazradj.

Ces deux tribus étaient en rivalité entre elles, et si l'une accomplissait quelque action d'éclat, l'autre cherchait également à en accomplir. Les sept hommes qui avaient tué Ka'b appartenaient tous à la tribu d'Aus. Alors les hommes de Khazradj se réunirent et dirent : il faut que nous aussi nous tuions un des principaux personnages des juifs, pour être agréables au Prophète ; et ils résolurent de massacrer Abou-Râfi' ; chef des juifs de Khaïbar, qui étaient les plus nombreux.

Ils firent part de leur dessein au Prophète, qui l'approuva. Huit d'entre eux, des hommes jeunes et braves, se concertèrent, et , avant de partir, vinrent trouver le Prophète, qui les remercia et leur dit : Allez, mais ne tuez pas de femmes ni d'enfants.

Ces hommes partirent et arrivèrent à Khaibar au moment du coucher du soleil. Khaïbar était une forteresse telle qu'il n'y en avait pas de plus solide dans le monde ; elle se composait de sept forts, l'un entourant l'autre, et chaque fort était muni d'une porte de fer. Au moment de la prière du soir, où le gardien rentrait dans la forteresse, Abdallah, fils d'Onaïs, l'un des huit, recommanda à ses compagnons de se cacher derrière le mur, leur donna ses armes et leur dit : Je vais chercher à m'introduire dans la forteresse; tenez-vous à la porte, se couvrant la figure, comme quelqu'un qui fait ses besoins.

A ce moment, le gardien voulut fermer la porte, et, pensant que cet homme était l'un des gens de la forteresse, il lui cria : Entre tout de suite, je vais fermer la porte, il est tard. Abdallah se leva, ramassant ses vêtements et la tête toujours couverte, pour que le gardien ne pût le reconnaître, entra dans la forteresse et s'assit à un endroit où le gardien ne le voyait pas.

Chaque soir, après avoir fermé les sept portes, le gardien suspendait les sept clés ensemble à un clou, à un endroit caché, et le lendemain matin celui qui, à l'intérieur, se levait le premier pour sortir, prenait les clefs et ouvrait les portes, sans qu'il fût nécessaire d'appeler le gardien. Abdallah avait été souvent à Khaïbar et connaissait cette habitude.
Le gardien ayant suspendu les clefs, Abdallah attendit que l'on eût éteint les flambeaux.

Abou-Rafi avait son appartement au milieu du fort, élevé au-dessus du sol. Il fallait y monter par cinq marches. Les habitants du fort restèrent avec lui jusqu'à minuit, ensuite ils se séparèrent et allèrent se coucher.

Alors Abdallah prit les clefs, ouvrit les portes, et ses compagnons entrèrent. Ils tirèrent leurs sabres et montèrent à l'appartement d'Abou-Rafi, qui était couché avec sa femme. La porte de l'appartement était ouverte.

Ils entrèrent, et Abdallah, fils d'Onaïs, dirigea son sabre sur Abou-Rafi. A ce moment, la femme se précipita (hors du lit) et voulut crier. Abdallah, fils d'Alik, leva son sabre pour la frapper, mais, se rappelant que le Prophète leur avait recommandé de ne pas tuer les femmes, il lui dit : Si tu cries, je te frappe. La femme se tint tranquille. Après qu'ils eurent tué Abou-Rafi, et qu'ils se furent retirés, la femme donna l'alarme.

Ils se précipitèrent en toute hâte en bas de l'escalier ; mais Abdallah, fils d'Atik, ayant manqué les marches, tomba sur le sol et se cassa la jambe. Il poussa des cris de douleur, et ses compagnons, craignant qu'il ne restât là, le prirent sur leur dos et l'emportèrent hors du fort.
Les gens de l'intérieur du fort accoururent tous de leurs maisons. Personne ne put dire qui étaient les meurtriers.

Avant que l'on eût allumé des flambeaux, les musulmans étaient déjà à une certaine distance. Les gens du château vinrent trouver le gardien, qui dit : J'avais fermé les portes et réuni les clefs comme d'habitude.

Alors ils lui dirent : Ferme les portes ; peut-être Mohammed et ses compagnons sont-ils venus pour nous surprendre ; il ne faut pas qu'ils puissent pénétrer dans le fort. On ferma donc les portes, et personne n'osa sortir.

Les musulmans dirent entre eux : Ne nous en allons pas avant d'avoir la certitude qu'Abou Rafi est mort.
Au matin, lorsqu'ils entendirent du fort le bruit des lamentations des femmes, ils surent qu'il était mort, et partirent pour Médine, en emportant celui qui s'était cassé la jambe. Le Prophète fut très heureux; il toucha l'homme blessé, qui fut guéri à l'instant même et se leva.

Les juifs qui demeuraient tout autour de Médine furent dans la terreur devant le Prophète. Ils disaient: Quels sont ces hommes qui sont avec Mohammed, qui tuent les gens enfermés dans leurs châteaux ? Ils vinrent tous pour faire la paix.

C'est ainsi que se passèrent les mois de redjeb, de ramadan et de scha'ban. Le Prophète observa le jeune pendant le mois de ramadan, fit la prière de la fête et recommanda l'aumône de la fête. Au mois de schaa ban, il épousa Hafça, fille d'Omar, fils d'Alkhattab. Lorsque sept jours se furent écoulés du mois de schawwal, il partit pour le combat d'Ohod.

Après avoir essuyé la défaite de Bedr, les Qoraïschites disaient entre eux : Nous n'aurons pas de repos avant d'avoir pris notre revanche sur Mohammed. Ils envoyèrent des lettres et des messagers à tous les Arabes pour demander leur assistance. Ikrima, fils d'Abou-Dja, et Cafwan, fils d'Omayya, personnages considérables parmi les Qoraïschites, qui, l'un et l'autre avaient perdu leur père au combat de Bedr, rassemblèrent les propriétaires des biens que Zaîd, fils de Haritha, avait enlevés à la caravane de Syrie conduite par Abou-Sofyan, et leur dirent : L'armée de La Mecque va partir à cause de vous et de vos biens.

Que chacun de vous contribue aux dépenses. Les autres répondirent : Nous ne vous donnerons rien, nous préparons nous-mêmes notre revanche. Donc, pendant un an, les Mecquois rassemblèrent une armée, dont ils donnèrent le commandement à Abou Sofyan. Ils choisirent d'entre les Arabes qui se présentaient tous ceux qui étaient distingués par leur courage.

Abou-Sofyan résolut de prendre avec lui l'idole de Hobal, la plus grande de celles qui étaient placées dans le temple de La Mecque, afin que l'armée arabe eût à combattre pour sa religion. Un certain poète, faible et chétif, qui récitait des chants pendant le combat et qui encourageait les hommes à la lutte, avait été fait prisonnier à Bedr, et le Prophète, sur ses prières, lui avait fait grâce et l'avait mis en liberté, à la condition qu'il ne composerait plus de poésies pour les infidèles.

Abou-Sofyan le fit venir et lui dit d'aller trouver les Arabes et de les appeler à la guerre. Cet homme répondit : J'ai une nombreuse famille, puis Mohammed m'a obligé en me donnant la liberté. Cafwan lui dit : Je me charge de tes enfants. En conséquence, il quitta La Mecque et voyagea pendant un an dans le désert, excitant les hommes à la guerre contre le Prophète.

Beaucoup de gens répondirent à son appel et vinrent avec lui à La Mecque.
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