Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next L'humain au centre de l'action future

«Notre participation au Jazz in Riads est une consécration»

INTERVIEW : Mehdi Nabti, leader du groupe AïssawaNiyya

«Notre participation au Jazz in Riads est une consécration»
Le groupe enchante le public fassi avec ses chants aissawis aux rythmes du jazz

LE MATIN : Qui est le groupe AissawaNiyya ?

MEHDI NABTI :
C'est un groupe franco-marocain composé de musiciens de la confrérie soufie des Aissawas de Fès et de jazzmen du quartet français Niyya d'où leur appellation, AissawaNiyya. Le groupe des Aissawas qui se compose de nombreux musiciens jouant sur des instruments traditionnels est mené par Hadj Azzedine Bettahi, chef des Aissawas de Fès tandis que le quartet français est formé de deux saxophonistes, un bassiste et un batteur.


Tout a commencé quand je faisais mon doctorat sur le soufisme maghrébin.
Au cours de mes recherches, j'ai passé quatre ans sur le terrain à réaliser des enquêtes sur Aissawa, Gnaoua, les zawiyas Boutchichia… Et c'est là que je me suis plus intéressé à Aissawa en assistant à leurs rituels spirituels et en écoutant leur musique. Une fois rentré en France, mon groupe et moi avons pensé que ça serait intéressant de jouer avec les Aissawa.
On a donc essayé de monter un répertoire en commun qu'on a présenté en France et au Canada.

Racontez-nous un peu les débuts de cette aventure plutôt originale ?

Tout a commencé quand je faisais mon doctorat sur le soufisme maghrébin.
Au cours de mes recherches, j'ai passé quatre ans sur le terrain à réaliser des enquêtes sur Aissawa, Gnaoua, les zawiyas Boutchichia… Et c'est là que je me suis plus intéressé à Aissawa en assistant à leurs rituels spirituels et en écoutant leur musique. Une fois rentré en France, mon groupe et moi avons pensé que ça serait intéressant de jouer avec les Aissawa.
On a donc essayé de monter un répertoire en commun qu'on a présenté en France et au Canada.

Vous jouez pour la première fois au Maroc, qu'est-ce que cela vous procure ?

C'est vraiment un honneur. Notre participation au Jazz in Riads est comme une consécration longtemps attendue. On espère que notre musique sera bien accueillie par le public. En général, les Marocains sont habitués à la fusion de leurs musiques avec d'autres, notamment celle des Gnaouas qui restent la plus classique, mais cette fois-ci, ce sont les Aissawa avec le jazz, ça sera donc une première.

En effet, on n'a pas l'habitude d'écouter du jazz mixé aux Aissawa, n'avez-vous pas eu peur au début que les gens n'acceptent pas ce style ?

En fait, ma première crainte était que les Aissawa, eux-mêmes n'acceptent pas. Bien au contraire, ils étaient motivés dès le départ de travailler avec une nouvelle musique. Ils se sont montrés très ouverts même si on vient de deux générations différentes.

Selon vous, outre Aissawas, avec quelle autre musique marocaine le jazz peut-il être mixé ?

Avec toutes les musiques. Le jazz est un genre qui s'adapte à tous les styles et son musicien est très flexible et très ouvert sur les autres cultures. Que ce soit en France, au Qatar, en Turquie…le jazz peut facilement être joué avec des musiques locales. On passe d'ailleurs le temps à s'essayer à d'autres instruments, à adapter les rythmes. Le jazz est un vrai caméléon. Au Maroc, on peut jouer avec Gnaoua, Hmadchas, le Malhoun…Il faut juste écouter la musique de l'autre, s'approfondir et s'engager dans cette expérience.

Pour nous par exemple, ce n'était pas un petit caprice mais c'est une envie profonde de réaliser un vrai projet qui a vu le jour après cinq ans de travail. Aujourd'hui, on est plus une famille dans la vie qu'une formation musicale sur scène.

Au-delà d'un simple mélange de musiques, la fusion reflète également le dialogue entre les cultures et les civilisations, est-ce le message que vous véhiculez par votre groupe ?

C'est très évident, je voudrais montrer à mes amis français, une autre culture qu'ils ne connaissent pas malgré la présence importante de Maghrébins en France. Dans notre groupe, on ressent la fraternité, la générosité et les bonnes vertus des Marocains. Par rapport à la croyance, le public découvre cette liaison entre la spiritualité et la musique qui existe au Maroc, une liaison inconnue à certains.

Quels sont vos projets ?

On n'a rien de prévu. Il faut dire que ce n'est pas facile de déplacer les musiciens surtout qu'on ne vit pas dans le même pays. En plus, il y a beaucoup de réticences de la part des programmateurs qui ne comprennent pas pourquoi on ramène des musiques maghrébins d'ailleurs alors qu'il y en a en France. Puisqu'on n'a pas encore un agent, c'est normal qu'on rencontre toutes ces difficultés.

Quels sont les festivals marocains où vous vous voyez le plus ?

Il y a de nombreux festivals marocains qui nous intéressent comme le Festival des musiques sacrées de Fès, le festival de la culture soufie, le Festival Gnaoua d'Essaouira. Ce sont tous des évènements qui collent parfaitement à l'esprit de notre expérience.
------------------------------------------

Parcours de l'artiste

Musicien, docteur en sociologie et conférencier, Mehdi Nabti est né à Bondy en France. Il a été l'élève de certains des grands noms de la musique maghrébine et occidentale dont François Jeanneau (saxophoniste et directeur de l'orchestre national de Jazz et du Conservatoire supérieur de musique et de danse de Paris), Steve Coleman (fondateur du mouvement M Base, New York), Mohamed Briouel (directeur de l'orchestre arabo-andalou de Fès), Mohamed Chaouqi, maître gnaoui, Abderrahim Amarani (muqqadem de la confrérie des Hamadcha de Fès)…Mehdi Nabti poursuit ses activités de musicien freelance au sein de groupes musicaux très divers (Raï, funk, Jazz, Rap…) et de son propre projet AissawaNiyya. Il est l'auteur de plusieurs articles dur le soufisme en général et les Aissawa en particulier, participant à de nombreuses conférences en France, au Canada et au Maghreb.
Lisez nos e-Papers