Le Matin : Qui est Saïd Mosker ?
Saïd Mosker : Je suis un compositeur, chanteur. J'ai débuté ma carrière en imitant les Beatles, ainsi que d'autres stars internationales. Après, j'ai commencé à introduire mes propres chansons dans le programme des soirées que j'animais, afin de tester la réaction du public vis-à-vis de mes compositions. En 1989, j'ai lancé mon premier album « Ghitouni ». Actuellement, j'ai neuf albums sur mon registre.
La plupart de vos chansons sont en « darija » (dialecte marocain). Pourquoi ce choix ?
Je crois que la « darija » a tous les atouts pour être reconnue au niveau international. Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas de la musique marocaine un support pour transmettre notre langue dialectale aux autres peuples.
C'est pour cela que malgré les rythmes de rock ou de latino qui marquent mes chansons, je tiens aussi à leur donner un aspect marocain.
C'est ainsi qu'on peut approcher différents publics sans perdre pour autant notre authenticité. Il suffit juste de faire de bonnes mélodies.
Cela veut-il dire que les chanteurs qui n'arrivent pas à se faire un nom sur la scène artistique internationale ou arabe ne sont pas de bons artistes ?
Pas du tout. Durant mon travail en tant qu'ingénieur de son, j'ai enregistré de bonnes mélodies marocaines qui n'ont rencontré aucune réussite sur le marché local. En fait, tout dépend des médias notamment l'audiovisuel. Un passage ou deux à la télé peut épargner à l'artiste un effort de dix ans durant sa carrière. En outre, on manque également de sponsors et de chaînes musicales qui prennent en charge la promotion des chanteurs nationaux, à l'instar de leurs confrères arabes.
Il faut admettre aussi que nous n'avons pas encore au Maroc la culture de vidéo-clips pour concurrencer les autres artistes arabes. Aucun producteur national n'accepterait d'investir 300 ou 400 mille dirhams dans un clip alors que c'est le minimum pour faire la promotion d'un album.
Pensez-vous alors que les nouvelles émissions de télé-réalité tel que Studio 2M pourront faciliter la tâche aux jeunes talents par rapport aux expériences que vous avez vécues ?
Bien sûr, ces jeunes artistes ont actuellement la chance d'approcher directement le public, ainsi que des compositeurs de grande renommée.
A notre époque, nous devions galérer pour arriver à cette étape.
Cependant, ces efforts ne pourront aboutir à rien si on ne combat pas le piratage qui tue la production locale.
Il est insensé de trouver un travail qui a coûté au moins 150.000 dirhams vendus à 5 dirhams sur les étalages.
Ne croyez-vous pas que c'est le prix élevé
des CD originaux qui encourage la prolifération
du piratage ?
Un CD original coûte actuellement près de 12 dirhams sur le marché.
Mieux encore, les maisons de production le proposent aux revendeurs à un prix plus bas de façon à leur laisser une grande marge de bénéfice. On n'a donc aucune excuse d'aller vers les produits piratés.
Le piratage ou le téléchargement gratuit n'a-t-il pas servi certains à la promotion de nouveaux artistes marocains tels que les groupes de rap ou de fusion ?
Peut être, mais il faut savoir que ce genre de musique est loin d'être le baromètre du marché national.
Sur la base de la profusion de ces nouvelles productions récemment, est-ce qu'il y a lieu de parler de «qualitatif» ou bien cela se limite-t-il au «quantitatif» ?
En effet, la scène artistique marocaine a connu récemment l'apparition de beaucoup de jeunes artistes.
Je crois que bon nombre d'entre eux sont déjà sur la bonne voie, alors que beaucoup d'autres ne seront que de passage. Seuls le sérieux, la persévérance et surtout la modestie peuvent garantir la continuité d'un artiste.
Est ce que vous pensez que la transformation de la scène musicale actuelle pourra nuire à la pérennité de la chanson marocaine moderne ?
Effectivement, nous n'avons pas de relève pour la chanson marocaine classique. Toutefois, les types de musique qui émergent actuellement connaissent un grand succès aussi bien auprès des jeunes que de l'ancienne génération. Il suffit de choisir des thèmes appropriés et de respecter la culture marocaine pour toucher un public de différentes catégories d'âge.
---------------------------------------
En effet, le titre phare de cet album, «Echoufa», nous entraîne sur des rythmes zouk africains gnaouis teintés de musique traditionnelle celtique. Inspiré du vécu et des rêves des Marocains, cette composition se veut éclectique jusqu'au bout des notes et des intonations.
Elle se veut tournée vers les aléas de la vie, ses joies, ses souffrances, ses trahisons, mais aussi l'espoir qui s'en dégage au fil des épreuves et des années.
Dans cette album, Saïd Mosker nous livre des pans de sa jeunesse … Son adolescence dans le mythique quartier de Derb Soltane, des premiers regards volés adressés à une voisine «Zine a Zine», de l'importance de la famille dans nos vies «Hamani», de la miséricorde filiale «Tleb rahma», ou, encore d'un hommage fait à ses origines berbères «Alayli».
Ce nouvel opus chargé d'ondes positives et interprété en tant que «Guest Star» pour la première fois au sein de l'antre mythique de la salle de l'Olympia, le 18 mai dernier est une invitation au voyage, à la découverte de nouvelles «saveurs» musicales et à un retour aux valeurs essentielles de la société marocaine.
Saïd Mosker : Je suis un compositeur, chanteur. J'ai débuté ma carrière en imitant les Beatles, ainsi que d'autres stars internationales. Après, j'ai commencé à introduire mes propres chansons dans le programme des soirées que j'animais, afin de tester la réaction du public vis-à-vis de mes compositions. En 1989, j'ai lancé mon premier album « Ghitouni ». Actuellement, j'ai neuf albums sur mon registre.
La plupart de vos chansons sont en « darija » (dialecte marocain). Pourquoi ce choix ?
Je crois que la « darija » a tous les atouts pour être reconnue au niveau international. Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas de la musique marocaine un support pour transmettre notre langue dialectale aux autres peuples.
C'est pour cela que malgré les rythmes de rock ou de latino qui marquent mes chansons, je tiens aussi à leur donner un aspect marocain.
C'est ainsi qu'on peut approcher différents publics sans perdre pour autant notre authenticité. Il suffit juste de faire de bonnes mélodies.
Cela veut-il dire que les chanteurs qui n'arrivent pas à se faire un nom sur la scène artistique internationale ou arabe ne sont pas de bons artistes ?
Pas du tout. Durant mon travail en tant qu'ingénieur de son, j'ai enregistré de bonnes mélodies marocaines qui n'ont rencontré aucune réussite sur le marché local. En fait, tout dépend des médias notamment l'audiovisuel. Un passage ou deux à la télé peut épargner à l'artiste un effort de dix ans durant sa carrière. En outre, on manque également de sponsors et de chaînes musicales qui prennent en charge la promotion des chanteurs nationaux, à l'instar de leurs confrères arabes.
Il faut admettre aussi que nous n'avons pas encore au Maroc la culture de vidéo-clips pour concurrencer les autres artistes arabes. Aucun producteur national n'accepterait d'investir 300 ou 400 mille dirhams dans un clip alors que c'est le minimum pour faire la promotion d'un album.
Pensez-vous alors que les nouvelles émissions de télé-réalité tel que Studio 2M pourront faciliter la tâche aux jeunes talents par rapport aux expériences que vous avez vécues ?
Bien sûr, ces jeunes artistes ont actuellement la chance d'approcher directement le public, ainsi que des compositeurs de grande renommée.
A notre époque, nous devions galérer pour arriver à cette étape.
Cependant, ces efforts ne pourront aboutir à rien si on ne combat pas le piratage qui tue la production locale.
Il est insensé de trouver un travail qui a coûté au moins 150.000 dirhams vendus à 5 dirhams sur les étalages.
Ne croyez-vous pas que c'est le prix élevé
des CD originaux qui encourage la prolifération
du piratage ?
Un CD original coûte actuellement près de 12 dirhams sur le marché.
Mieux encore, les maisons de production le proposent aux revendeurs à un prix plus bas de façon à leur laisser une grande marge de bénéfice. On n'a donc aucune excuse d'aller vers les produits piratés.
Le piratage ou le téléchargement gratuit n'a-t-il pas servi certains à la promotion de nouveaux artistes marocains tels que les groupes de rap ou de fusion ?
Peut être, mais il faut savoir que ce genre de musique est loin d'être le baromètre du marché national.
Sur la base de la profusion de ces nouvelles productions récemment, est-ce qu'il y a lieu de parler de «qualitatif» ou bien cela se limite-t-il au «quantitatif» ?
En effet, la scène artistique marocaine a connu récemment l'apparition de beaucoup de jeunes artistes.
Je crois que bon nombre d'entre eux sont déjà sur la bonne voie, alors que beaucoup d'autres ne seront que de passage. Seuls le sérieux, la persévérance et surtout la modestie peuvent garantir la continuité d'un artiste.
Est ce que vous pensez que la transformation de la scène musicale actuelle pourra nuire à la pérennité de la chanson marocaine moderne ?
Effectivement, nous n'avons pas de relève pour la chanson marocaine classique. Toutefois, les types de musique qui émergent actuellement connaissent un grand succès aussi bien auprès des jeunes que de l'ancienne génération. Il suffit de choisir des thèmes appropriés et de respecter la culture marocaine pour toucher un public de différentes catégories d'âge.
---------------------------------------
L'album «Dayra»
Intitulé «Dayra», ce nouveau registre est le résultat de trois ans de travail et de composition musicale inspirée du patrimoine musical marocain, tout en mettant en valeur la «darija». «Cet opus comporte un raccord de différents rythmes : gnaoui, latino, haïdous, aïssaoui, marsaoui, rebab et amazigh», nous explique Saïd Mosker.En effet, le titre phare de cet album, «Echoufa», nous entraîne sur des rythmes zouk africains gnaouis teintés de musique traditionnelle celtique. Inspiré du vécu et des rêves des Marocains, cette composition se veut éclectique jusqu'au bout des notes et des intonations.
Elle se veut tournée vers les aléas de la vie, ses joies, ses souffrances, ses trahisons, mais aussi l'espoir qui s'en dégage au fil des épreuves et des années.
Dans cette album, Saïd Mosker nous livre des pans de sa jeunesse … Son adolescence dans le mythique quartier de Derb Soltane, des premiers regards volés adressés à une voisine «Zine a Zine», de l'importance de la famille dans nos vies «Hamani», de la miséricorde filiale «Tleb rahma», ou, encore d'un hommage fait à ses origines berbères «Alayli».
Ce nouvel opus chargé d'ondes positives et interprété en tant que «Guest Star» pour la première fois au sein de l'antre mythique de la salle de l'Olympia, le 18 mai dernier est une invitation au voyage, à la découverte de nouvelles «saveurs» musicales et à un retour aux valeurs essentielles de la société marocaine.
