Le projet INQAD, surtout dans sa composante sensibilisation, est une action courageuse qu'il faut saluer. Il met l'accent sur les acteurs essentiels, notamment les parents, les employeurs et les «samsars» dont les attitudes et pratiques doivent changer si on veut arriver à la vision d'un Maroc sans enfants en situation de travail.
J'aurai aimé que les spots publicitaires visent aussi les instituteurs et l'école, responsables pour une bonne part de la dégradation de la qualité de l'éducation et de l'abandon scolaire.
Comme tout le monde le sait, l'abandon scolaire, conjugué à la pauvreté, à la marginalisation et aux difficultés familiales, sont les causes premières du travail des enfants. Bien plus, au regard des taux d'abandon scolaire enregistrés et de leur rythme de croissance, on a besoin de plusieurs projets INQAD chaque année.
Regardons les chiffres de plus près : une moyenne de 220.000 enfants abandonne le primaire chaque année ; une moyenne de 120.000 abandonne le collège.
Ceci veut dire que nos écoles publiques livrent 340.000 enfants par année à la rue, aux champs, aux ateliers de mécanique et d'artisanat et aux maisons (pour les enfants domestiques). Le chiffre est alarmant à plusieurs égards ; parce qu'il représente 7,09 % des enfants inscrits à l'école en 2004/05 alors qu'il était seulement de 6,26 % en 1989-99; parce qu'il continue de progresser alors que nous sommes arrivés à la septième année de la mise en œuvre de la réforme et, enfin, parce que le taux croît en parallèle avec la croissance de l'absentéisme des enseignants et le recours accru aux cours de soutien «forcés» qui deviennent des pratiques courantes dans nos écoles.
Si l'on y ajoute le fait que 87% des enfants subissent des violences selon une dernière étude de l'Unicef, on trouve que l'école publique est loin de jouer son rôle de lieu d'apprentissage et d'épanouissement pour les enfants et qu'en fait, elle devient la source numéro un des problèmes que vit l'enfance marocaine déscolarisée, maltraitée et exploitée.
En parallèle au projet courageux INQAD, on a besoin d'une véritable opération INQAD de l'école publique. Le problème n'est pas seulement dans la prise de conscience de la part des parents quant à la valeur de l'éducation; mais dans l'école elle-même, dans l'absence d'un système de contractualisation et de responsabilisation de l'institution et de ses acteurs qui doivent rendre des comptes sur leurs résultats.
Sans ce système, la réforme restera un simple vœu pieux et notre système continuera sa dégradation, avec des centaines de milliers d'enfants qui deviendront chaque année des candidats au travail précoce et à l'exploitation.
Dr. Lahcen Haddad
J'aurai aimé que les spots publicitaires visent aussi les instituteurs et l'école, responsables pour une bonne part de la dégradation de la qualité de l'éducation et de l'abandon scolaire.
Comme tout le monde le sait, l'abandon scolaire, conjugué à la pauvreté, à la marginalisation et aux difficultés familiales, sont les causes premières du travail des enfants. Bien plus, au regard des taux d'abandon scolaire enregistrés et de leur rythme de croissance, on a besoin de plusieurs projets INQAD chaque année.
Regardons les chiffres de plus près : une moyenne de 220.000 enfants abandonne le primaire chaque année ; une moyenne de 120.000 abandonne le collège.
Ceci veut dire que nos écoles publiques livrent 340.000 enfants par année à la rue, aux champs, aux ateliers de mécanique et d'artisanat et aux maisons (pour les enfants domestiques). Le chiffre est alarmant à plusieurs égards ; parce qu'il représente 7,09 % des enfants inscrits à l'école en 2004/05 alors qu'il était seulement de 6,26 % en 1989-99; parce qu'il continue de progresser alors que nous sommes arrivés à la septième année de la mise en œuvre de la réforme et, enfin, parce que le taux croît en parallèle avec la croissance de l'absentéisme des enseignants et le recours accru aux cours de soutien «forcés» qui deviennent des pratiques courantes dans nos écoles.
Si l'on y ajoute le fait que 87% des enfants subissent des violences selon une dernière étude de l'Unicef, on trouve que l'école publique est loin de jouer son rôle de lieu d'apprentissage et d'épanouissement pour les enfants et qu'en fait, elle devient la source numéro un des problèmes que vit l'enfance marocaine déscolarisée, maltraitée et exploitée.
En parallèle au projet courageux INQAD, on a besoin d'une véritable opération INQAD de l'école publique. Le problème n'est pas seulement dans la prise de conscience de la part des parents quant à la valeur de l'éducation; mais dans l'école elle-même, dans l'absence d'un système de contractualisation et de responsabilisation de l'institution et de ses acteurs qui doivent rendre des comptes sur leurs résultats.
Sans ce système, la réforme restera un simple vœu pieux et notre système continuera sa dégradation, avec des centaines de milliers d'enfants qui deviendront chaque année des candidats au travail précoce et à l'exploitation.
Dr. Lahcen Haddad
