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Ksar Aït Benhaddou, un monument en péril

Ce palais attend toujours d'être réhabilité

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A 30 km de la ville d'Ouarzazate, se trouve le Ksar Aït Benhaddou. Construit probablement au 11e siècle, sous les Almoravides ce ksar n'est pas comme les autres qui émaillent la région présaharienne. Situé en bordure de l'Oued El Maleh qui sillonne la vallée d'Ounila, il en subit périodiquement les crues.

On imagine les effets en chaîne. Dans un rapport réalisé par le Centre de conservation et de réhabilitation des Kasbahs du Sud (Cerkas) dans le cadre du Plan de sauvegarde et de réhabilitation du Ksar Aït Benhaddou, on apprend que lors de la dernière inondation en date, le ksar a subi un dépeuplement conséquent qui a réduit sa population à quelque 700 personnes.

C'est un moindre mal lorsqu'on pense à la suite des conséquences : difficulté d'accès au site en l'absence de pont sur l'oued ; risque d'effondrement des soubassements en terre et des toitures sans parler de la dégradation des façades sous l'effet des intempéries.
Aux effets de la nature et du temps, il faut ajouter ceux de l'homme. Etant le lieu d'une activité touristique de plus en plus accrue -il reçoit en moyenne 120.000 touristes par an-, le ksar connaît une prolifération de bazars et de commerces en tout genre qui ont des répercussions sur le site.

Ce n'est pas tout. Ouarzazate, étant devenue un espace de création cinématographique international, le Ksar Aït Benhaddou comme d'autres sites alentour sont, par effet d'entraînement, sollicités par les producteurs pour servir de plateaux de tournage. Ce qui n'est pas sans contribuer à leur dégradation.

Il faut ajouter à ces facteurs extérieurs, celui des habitants des environs. Le rapport fait mention de la dégradation du site et du douar à proximité sous l'effet de l'urbanisation anarchique. La surélévation des constructions, l'installation des fils électriques d'éclairage et de réservoirs d'eau dans le village ont fini par obstruer la vue panoramique du site, alors que la profusion d'une typologie d'habitat économique pose le problème d'adaptation au climat et de l'accessibilité aux équipements et services de base.

Le site comprend en fait deux entités que le rapport nous décrit : le ksar qui abrite six familles et le douar situé près de la route où réside une centaine.
Inscrit depuis 1987 sur la liste du Patrimoine mondial, il a, depuis, été l'objet de travaux ponctuels de réfection tels le pavage des rues, la restauration de la mosquée sans rapport avec le site lui- même. Depuis, plus rien.

La multiplicité des intervenants, l'absence d'un centre de prise de décisions, ajoutée à celle des moyens financiers ont acculé tout le monde à l'impuissance et à l'inertie. D'acteurs actifs, ils s'enlisent peu à peu dans le rôle de spectateurs passifs qui assistent, impuissants, à la dégradation de la situation. Le site est en passe, en effet, d'être dans la situation de « patrimoine en péril »
On lit dans le rapport du Cerkas, qui reconnaît son incapacité à faire face à la situation: «Le centre opère sur un vaste territoire d'intervention comprenant les provinces de Zagora, Ouarzazate, Azilal, Figuig, Agadir, Guelmim, Oued Eddahab, ce qui limite objectivement ses moyens d'intervention, au regard des moyens logistiques dérisoires dont il dispose ». Autant dire que la sauvegarde du Ksar d'Aït Benhaddou n'est pas pour demain.

Lettre morte

Dès 1986, le Pnud a souhaité coopérer au développement du Sud du Maroc, défavorisé par sa situation géographique, en soutenant les efforts de conservation du patrimoine architectural bâti en terre.
Cette volonté a donné naissance à un premier projet de coopération, appuyé par le Pnud et l'Unesco, avec pour objectif la création d'un organisme – le Cerkas – responsable de la sauvegarde des éléments les plus représentatifs de cette longue tradition architecturale.
L'ambition de ce projet consiste à élaborer un plan de gestion du site, intégré par un plan d'action, instrument décisif pour conduire un programme de sauvegarde et de réhabilitation fonctionnelle, capable de servir de modèle pour l'élaboration de recommandations et de termes de référence pour la conception d'autres documents de projet concernant les kasbahs du Sud.
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