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A chacun son métier

L'héritage ancestral, la solidarité entre les natifs d'une même région, et surtout le sens des bonnes affaires, peuvent fournir des éléments de réponse pour bien comprendre cette donne qui caractérise le commerce au Maroc.

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Un commerce où chaque région marocaine se distingue dans un créneau.
C'est aux rythmes de la musique amazighe que Lahcen, la trentaine, sert ses clients habituels. Il est vendeur de graines de tournesol et de courge, de cacahuètes et d'amandes. Depuis qu'il a quitté sa ville natale de Tata, au Sud du pays, pour venir Casablanca, il a parcouru du chemin. Aujourd'hui, il a son propre commerce.

«Cela fait plus d'une dizaine d'années que j'ai commencé à vendre des "pépites". Au début, c'était difficile, car je travaillais par ailleurs, mais j'ai réussi à mettre un peu d'argent de côté pour devenir propriétaire de mon propre magasin» témoigne Lahcen. Les habitants du quartier l'ont surnommé Will Smith, d'après le célèbre acteur américain.

D'ailleurs, c'est son acteur préféré dont il garde un poster, collé sur une vitrine. Il affirme que ce métier nécessite beaucoup de patience. C'est pour cette raison qu'il est le plus souvent pratiqué par les personnes originaires du Sud, notamment de la ville de Tata. «Avant, les gens n'accordaient pas une grande importance à la vente des pépites, alors qu'elle draine beaucoup d'argent pour les vendeurs. Ces dernières années, et alors que les choses ont changé, beaucoup de personnes commencent à investir ce métier» ajoute-il. Cela fait un bout de temps que Lahcen a fait venir son petit frère de Tata pour l'aider dans son travail. C'est de cette manière que ce métier se transmet entre les natifs du Sud marocain. Ainsi, plusieurs membres d'une même famille se passent le relais l'un à l'autre. Ces derniers, disent qu'il s'agit plutôt d'un don, qui leur permet de prospérer dans ce genre d'activité.

Non loin du magasin de Lahcen, se trouve une laiterie ou «mahlaba». Bien évidemment, il s'agit de ces célèbres commerces, connus de tous les Marocains, où l'on vend à la fois des produits laitiers, des sandwichs et des pâtisseries. Il est quasiment impossible de rencontrer un propriétaire de laiterie qui ne soit pas originaire du Souss. «Les gens qui ont le sens des affaires arrivent à réussir dans ce commerce. Peut être, les "Chleuhs" sont-ils dotés des qualités requises.
C'est pour cette raison qu'ils s'adonnent en grand nombre à ce métier», explique Mohammed, originaire de Tafraout. Il tient depuis huit ans une laiterie au centre de Casablanca. Probablement, comme c'est le cas pour les vendeurs de pépites, il s'agit d'un don ou d'une qualité qui serait propre aux populations de ces régions marocaines.

«Ne croyez pas qu'il s'agit d'un métier facile. Le propriétaire d'une laiterie doit non seulement développer les bonnes qualités d'un gérant, mais également faire preuve de beaucoup de patience. Chaque jour, ce sont des dizaines de personnes de tous les âges et les catégories sociales qui défilent chez nous. Il faut trouver la bonne formule pour servir tout ce monde. C'est d'ailleurs ce qui fait la réussite de ces gens» poursuit-il. Le nombre impressionnant de «mahlabate» est également à relever.

Ces commerces foisonnent un peu partout. Ils fonctionnent sur le même principe que chez les vendeurs de pépites. C'est le grand frère qui arrive à fonder son propre business au bout de quelques années de dur labeur. Ensuite, il fait venir ses proches pour l'aider. C'est ainsi que le métier passe entre les membres d'une même famille. Il est donc normal que ce commerce se développe dans un cercle restreint. A Derb Omar, au centre de Casablanca, la tension monte d'un cran tous les soirs. Ce quartier marchand, connaît quotidiennement une activité commerciale intense. L'un des secteurs d'activité fleurissant à Derb Omar, est sans nul doute le commerce de tissus. Ce sont les Fassis qui tiennent le haut du pavé dans ce créneau. Haj Mohamed Benjelloun est l'un de ces commerçants. Depuis son jeune âge, il pratique ce métier. «Il est vrai qu'il existe une certaine prépondérance de «Ahl Fas» dans ce commerce.

Cela peut s'expliquer par deux éléments. D'abord, la ville de Fès est connue depuis de longue années par l'artisanat et le commerce de certaines marchandises, notamment le tissu. Ensuite, de nombreux commerçants dans ce même quartier ont hérité ce métier de leurs pères et grands pères » témoigne Haj Benjelloun. Chaque génération apporte sa touche de modernisation à ce commerce. Haj Benjelloun est épaulé dans son travail par sa fille. Cette dernière pourrait très bien assurer la relève, comme ce fut le cas pour son père et bien d'autres commerçants fassis à Derb Omar.

Sans aller jusqu'à parler de disparités ou limites entre les originaires des différentes régions, on peut relever plutôt des particularités. Il arrive assez souvent de voir un Fassi et un Chelh, cote à cote dans un même commerce.
Normal, car ils sont avant tout des Marocains. De quoi prouver que la dominance dans une activité ne vaut absolument pas dire exclusivité ou mainmise. Ne soyez pas surpris d'être servi un jour par un Fassi dans une mahlaba !
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Les commerçants chinois

Depuis quelques années, ils ont débarqué sur le marché marocain. C'est au coeur même de Derb Omar, où la plupart des commerces du Maroc s'approvisionnent, que les commerçants chinois ont pris place, suscitant par la même occasion moult réactions.

Certains hommes d'affaires marocains ont même qualifié cette percée d'une menace pour l'économie. Ces commerçants asiatiques proposent diverses marchandises notamment des miroirs, des souliers et des sandales, des échiquiers et divers jouets électroniques. Quelques mois seulement après leur arrivée, ces commerçants commencent à utiliser des formules en dialecte marocain pour communiquer avec leurs clients.

La plupart des ces commerçant sont originaires de Fujian, une province du sud-est de la Chine.
Depuis qu'ils se sont installés à Derb Omar, les Chinois mènent une concurrence rude aux grossistes marocains. Leur principale force réside dans les prix bas proposés pour leurs produits importés de chine. Selon certains commerçants, «les Chinois font recours à des méthodes et des pratiques déloyales ».
Leur nombre dépasse les 1000 commerçants et ils sont concentrés dans des centres commerciaux. Dans certains cas, ils vendent les produits à des prix défiant toute concurrence alors que les commerçant marocains peuvent débourser le double de ces prix pour payer douane et impôts.
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