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Anfgou, une localité sous le choc

Les habitants du douar sinistré confirment le décès de deux petits garçons

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Encore deux morts dans la localité d'Anfgou, relevant de la commune rurale d'Anemzy, dans la région de Khénifra, selon des habitants du douar, rencontrés à Tounfit -bourgade la plus proche d'Anfgou (quelque 70 km), accessible par la route et via le téléphone portable- et le représentant de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) dans la région.

Ces deux derniers cas (deux petits garçons), survenus mardi 9 janvier, portent le nombre de morts à Anfgou à 26, depuis l'apparition de ce phénomène en décembre dernier.
Pour les autorités locales de Tounfit, et jusqu'au soir du mercredi 10 janvier, aucun autre décès n'avait été enregistré.

Le khalifa de Tounfit est catégorique : « Seuls les chiffres officiels sont avérés»! «Ce sont juste des surenchères de la part des habitants pour attirer plus d'attention et obtenir des aides», souligne-t-il. Comment peut-il être aussi catégorique, en l'absence de moyens de communication rapides, à cause du dramatique enclavement d'Anfgou ?
De son côté, le ministère de la Santé tient également à ses chiffres : Seulement onze décès, dont dix ont été enregistrés entre le 11 et le 20 décembre. Le onzième cas, en l'occurrence le bébé Zaïd Zinou, a rendu l'âme dans la journée du 6 janvier.

La plupart des défunts sont des enfants âgés de trois jours à 14 mois, alors que les deux jeunes filles sont âgées respectivement de 17 et 25 ans. Toujours selon le ministère de la Santé, le rapport sanitaire qui lui a été fourni par la préfecture de Khénifra indique que les décès sont dus à une pneumopathie sévère due à la vague de froid et à la malnutrition. Des commissions sanitaires ont été dépêchées sur les lieux depuis le 29 décembre pour apporter l'assistance et la logistique nécessaires.

Pour l'AMDH, rien de cela n'est vrai. Le ministère de la Santé et les autorités locales de Khénifra mènent une politique de black-out pour minimiser l'événement, estime-t-on. L'association compte d'ailleurs organiser demain samedi 13 janvier un sit-in devant l'hôpital provincial de Khénifra. Selon Aziz Akkaoui, président de la section de l'AMDH dans cette ville et du bureau régional, le sit-in est une protestation contre la politique sanitaire du pays et contre le désengagement de l'Etat de ce secteur.
C'est également pour dénoncer le silence du délégué provincial de la Santé.

Pour Akkaoui, la région a toujours connu des vagues de froids beaucoup plus sévères. Mais, il n'y a pas eu un nombre aussi important de morts. «C'est probablement une épidémie», souligne-t-il. Une enquête sur les causes réelles de ce phénomène doit être ouverte afin de pouvoir prendre à temps les mesures qui s'imposent et les précautions nécessaires, ajoute-t-il. Les commissions sanitaires dépêchées sur les lieux pour venir en aide à la population sinistrée sont également critiquées par les habitants et l'AMDH. Par ailleurs, les autorités locales ont distribué dans la journée du mardi des denrées alimentaires aux habitants des douars.

Dix kilogrammes de farine, cinq litres d'huile, six pains de sucre, un kilogramme de thé et quelques couvertures par famille pour les habitants d'Anfgou. Une petite goutte d'eau dans une mer immense, mais toujours bonne à prendre quand on est un pauvre «absolu».
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Enclavement dramatique

La communication est un réel problème dans la région. Pas de réseau téléphonique dès la sortie de Tounfit et les seuls moyens de transports disponibles sont les camions des jours du souk hebdomadaire du dimanche. Le camion part vers les douars enclavés jeudi après-midi et revient samedi matin pour repartir le dimanche. Et c'est tout.

Pour les 70 km qui séparent Tounfit d'Anfgou, cinq heures de calvaire sont nécessaires. Les voyageurs s'entassent à l'arrière des camions comme des sardines. Pour ceux qui en ont les moyens, et ils ne sont pas nombreux, et les membres des autorités locales, seules des voitures 4x4 et des chauffeurs chevronnés sont capables de franchir les routes dangereuses de la région. Mais, cette semaine, tous les véhicules des autorités locales sont tombés en panne.
Les plaquettes de freins de la voiture 4x4 du président de la commune rurale d'Anemzy ont lâché.

Pour son collègue, président de la commune rurale voisine d'Agoudim, c'est le démarreur de son Land Rover qui ne marche plus. De son côté, la Land Rover du khalifa de Tounfit est aussi en panne: une fuite d'huile, a-t-il affirmé.

Une chose est certaine, l'enclavement des douars sinistrés est vraiment dramatique.
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