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Et encore de la sorcellerie...

La veille de Achoura avec les tâarej, les mjamers se vendent à la pelle

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Comme toute occasion religieuse, les jours qui précèdent Achoura sont marqués par une intensité spirituelle toute particulière. Les fidèles, à l'image du Prophète, jeûnent les neuvième et dixième jours de Moharram ou le lendemain.

Une « sunna » qui tient sa source dans un fait relaté par les théologiens : «Le saint Prophète avait remarqué que les juifs jeûnaient ce jour. Lorsqu'Il en demanda l'origine, on Lui dit que les juifs le jeûnaient car Le Tout Puissant avait sauvé Moïse de ses ennemis, et depuis c'est devenu une coutume en souvenir de ce jour-là.

Notre Prophète, que la paix et le salut soient sur Lui l'avait également jeûné et a conseillé qu'on le jeûne car il attesta que les musulmans sont plus dignes de le faire», nous relate Karim Boustani, imam dans une mosquée à Fès.

Les femmes aussi, en cette occasion, s'activent à préparer les meilleurs mets. Selon les régions, couscous, bercoukch, herber… sont au rendez-vous, en plus de la fakia (fruits secs et dattes) servie avec un bon verre de thé.

Outre les festivités dans les rues, les feux de camp allumés par les enfants, les chants et youyous partout, d'autres rituels marquent cette soirée. Tout comme Laylat al-Qadr, Achoura est aussi entachée par mille et une pratiques de sorcellerie.

«Ce sont les plus malsaines des pratiques faites en cette veille de Achoura. Autant que le 26e jour du Ramadan la plupart sollicite le pardon et les bienfaits des djinns en accomplissant des offrandes, en cette occasion ce sont les pires sorts qui sont jetés», s'indigne Hajja Rkia, préposée à l'administration du mausolée d'un Saint (moqadd'ma).

Elle nous a confié que ce sont spécialement les femmes mariées qui procèdent à la magie noire pour «mieux» tenir leurs maris.
«Généralement, elles préparent des recettes chez elles dans de nouveaux braseros et tagines pour les jeter ensuite sur une plage, au bord d'un oued ou dans un cimentière», nous explique-t-elle.
D'autres personnes, se disant atteintes de grigris, se rendent chez les fqihs ou les voyantes pour conjurer le mauvais sort. Ces derniers les dirigent vers « ziara », la visite de tel ou tel mausolée.

«Ce qui se vend le plus en cette période à côté des fameuses recettes des femmes, c'est le «fassoukh» (mélange contre les grigris)», confirme Mokhtar, âttar (herboriste) à Souk Jmiâ à Casablanca.

Contrairement à Laylat al-Qadr, où tous les adeptes de la sorcellerie organisent des soirées en offrande aux djinns, ce sont spécialement les «praticiens» (voyantes et fqihs) qui s'y adonnent pendant Achoura. «Ce sont ceux qui sont en contact direct avec les mlouks (djinns) notamment les voyantes qui leur offrent des sacrifices en cette nuit sainte pour qu'ils continuent à les servir», nous éclaire Hajja Rkia.

Encore une fois, et comme à chaque occasion religieuse, rites spirituels et maléfiques vont de pair. Drôle de dualité qui forme notre quotidien.

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Origines historiques

Selon le calendrier de l'Hégire, les musulmans commémorent le 10 du mois de Mouharram, le souvenir de l'imam Husseïn, petit-fils du Prophète Sidna Mohammed, assassiné par Lyazid, fils de Mouawiya lors de la bataille de Kerbala en Iraq, qui eut lieu il y a 1.400 ans et qui a conduit au schisme historique en Islam entre sunnites et chiites. Cette commémoration appelée «Achoura» perpétue le souvenir des 10 jours durant lesquels la famille du Prophète (les descendants de Fatima Zahra, fille de Sidna Mohammed et épouse de l'imam Ali) a enduré la faim et la soif puis la mort par le glaive.

Cette commémoration a pris un relief exceptionnel en Iraq. Mais avant cela, selon les théologiens, ce jour fut en effet celui qui marqua l'intervention divine aux côtés de Moïse et le sauva du Pharaon et de ses sbires. Moïse en remerciement à Allah jeûna ce jour.
Notre Prophète que la paix et le salut soient sur Lui l'avait également jeûné et ordonna qu'on le jeûne car il attesta que les musulmans étaient plus dignes de le faire.
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