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«Épouser» la terre d'accueil pour s'épanouir

Mon passé au Maroc m'a donné une énergie inépuisable

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«S'ils veulent s'épanouir pleinement, les MRE qui fouleront cette terre devront, à mon avis, oublier tout esprit de radicalisme religieux ou sectaire. Ils pourront ainsi faire partie d'une nation qui vit en harmonie avec notre patrie et mettre toutes les chances de leurs côtés», conseille Mehdi El Harouchy, ressortissant marocain en France depuis belle lurette.

Cet ophtalmologiste multi-diplômé des Facultés de Montpellier, Besançon et Toulouse, spécialiste notamment en chirurgie de la cataracte, des paupières et en implants multifocaux et, qui par-dessus tout possède sa propre clinique au pays de la tour Eiffel, croit dur comme fer que malgré tous les obstacles, les immigrés peuvent se frayer un chemin et s'épanouir en France s'ils acceptent de «se marier» avec leur terre d'accueil, sans vouloir y imposer leurs coutumes, comme cela a été trop souvent le cas. «La religion est une affaire personnelle et nous sommes ici dans un pays laïc qui a été aussi une terre chrétienne avec une présence des papes à Avignon pendant des siècles, presque autant que la présence arabo-islamique en Espagne», avance-t-il.

C'est pour cela que ce père de quatre enfants (deux garçons et deux filles) n'a jamais été d'accord avec ceux qui font du port du voile, pratique qui a fait couler beaucoup d'encre et qui a été à l'origine d'une grande polémique en France, un principe indiscutable. Pour lui, la France est un pays accueillant et multiculturel.

Le fait d'être Arabe n'est pas un handicap, surtout lorsqu'on est bien intégré. La ténacité est également un trait de caractère qu'il faut développer. «Réussir ma carrière en France avec des origines arabes n'a pas été de tout repos. Il faut être meilleur que les autres, plus gentil, plus travailleur, plus disponible. Mais cela paye à long terme», explique M. Mehdi. Né à Dakar en 1953 d'un père marocain et d'une mère française, Mehdi est arrivé à Casablanca à l'âge de 3 ans. Selon son témoignage, son enfance et adolescence au bled ont été plutôt privilégiée avec une scolarité à la mission française de Casablanca.

Il a également «baigné» dans une société empreinte de liberté (d'entreprendre), de grands espaces, de soleil, de générosité, du sens de l'entraide familiale et de l'ouverture d'esprit de feu Sa Majesté Hassan II qui l'a marqué par son intelligence et son anticipation de l'avenir.

Son père, fils de commerçant, a commencé sa carrière à l'ONA comme vendeur pour gravir les échelons de la société jusqu'à fonder sa propre société commerciale. Il avait pour rêve de participer au secteur industriel par la création d'une unité de fabrication de réchauds et cuisinières à gaz. Malheureusement, son expérience n'a pas abouti. «L'échec de mon père a été un «séisme» pour moi. C'est pour cette raison que j'ai décidé de posséder mon outil de travail dans ma tête», avance M. Mehdi qui avait alors décidé de faire des études en médecine à Montpellier, région natale de sa mère.

«Etant fils unique et, de surcroît, l'aîné de mes deux sœurs, j'avais été élevé de telle manière que je devais réussir peu importe où. C'est ainsi que depuis 1972 (date d'obtention de mon baccalauréat) je n'ai pas cessé de travailler», souligne-t-il. Et d'ajouter: «Mon passé au Maroc m'a également donné cette énergie inépuisable, cette force de caractère et ce goût du risque».

A présent, M. Mehdi ne regrette rien. Ou presque. «Je noterais avec une profonde amertume notre exclusion, malgré les qualités indiscutables d'un grand nombre d'immigrés, du débat institutionnel en France. Cela semble s'éveiller un peu par la nomination d'un ministre par ci ou par là, mais cela, à mon avis, reste suffisant», estime-t-il.
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Le gros risque

C'est à 50 ans, contrairement à plusieurs autres personnes pour qui cet âge est synonyme de sagesse et de stabilité, notre ophtalmologiste a hypothéqué tous ses biens (une décision ô combien difficile à prendre) pour réaliser son rêve professionnel.

Résultat: une clinique d'un investissement de plus d'un million d'euros. «Il n'en existe que quatre en France de la sorte», précise-t-il. «Je me suis également endetté pour réaliser un ensemble immobilier, pavé de marbre marocain, avec un patio, un mur avec du marbre fossilisé du sud marocain et surtout un vrai bloc opératoire aseptique», ajoute-t-il sans fierté.
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