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La navette : une «non-vie» quotidienne

Prendre le train chaque jour pour se rendre au travail est loin d'être de tout repos

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Réveil rapide, petit déjeuner presto si ce n'est une tasse de café avalée en moins une, direction la gare, courir, courir et courir… Telles sont les matinées stressantes des utilisateurs du train navette, qui habitent une ville et travaillent dans une autre. Entre obligation et choix, les jours se succèdent et leur rythme de vie bascule!

En effet, pour la plupart de gens travaillant dans une grande agglomération urbaine et subissant chaque jour les affres de la congestion routière, faire la navette entre le domicile et le lieu de travail est loin d'être une activité agréable. Généralement, pour la très grande majorité des travailleurs, prendre le train chaque matin et chaque soir, constitue au mieux un mal nécessaire, et au pire un cauchemar. Zoom sur cette course infernale.

Depuis quelques années, le nombre des abonnés aux TNR (Train navette rapide) ne fait qu'augmenter.
Pourtant, l'utilisation du train pour se rendre au travail a autant d'avantages que d'inconvénients.
Cependant, malgré la pression constante qu'ils subissent, les usagers se consolent entre eux.

A force d'avoir pratiquement le même horaire et de prendre la même navette, des amitiés se lient entre les navetteurs, une panoplie de relations se crée, de nature professionnelle, amicale ou amoureuse.
Ce qui s'avère plus réconfortant, c'est que ces personnes constituent une sorte de micro-société, Kamal, employé à Rabat, en témoigne.
«On se reconnaît entre nous! On se refile les bons tuyaux pour l'entre-midi et deux, on se retrouve même à fréquenter les mêmes clubs de sport et les mêmes restaurants les week-ends dans notre propre ville».
Souvent, un non habitué de la navette ne trouvera pas la tâche facile.

En effet, prendre le train à une heure de pointe c'est une réelle aventure.
«Les gens qui font la navette tous les jours sont plus rapides à dénicher les bonnes places et en retiennent pour leurs amis retardataires ou qui montent dans les autres gares», explique Adnane, un usager occasionnel.

Malheureusement, entre 7 heures et 8 heures du matin, ainsi qu'aux heures de sortie du travail, le soir, nombreux sont ceux qui risquent d'effectuer le trajet debout, vu l'encombrement. Les fameux trains «Aouita»deviennent à ces heures-là de vraies boîtes de sardines. Les wagons sont archi complets et la climatisation semble ne pas fonctionner.

Par ailleurs, être navetteur est loin d'être sans tracas.
Les inconvénients de cette pratique se répercutent sur le plan physique, émotionnel et familial. Le stress figure parmi les effets néfastes de cette pratique. C'est le cas pour Abdlkarim, ancien navetteur. « Tout a commencé lorsque je me suis marié, ma femme habitait Rabat et moi Casa, l'un de nous devrait faire une concession, et bien évidemment, c'était moi!
Au début, ça paraissait moins stressant, je bossais dans un magazine hebdomadaire.

Du coup, je bénéficiais d'un horaire flexible.
Mais tout a changé lorsque je suis passé à une agence de communication, et là j'ai compris que j'étais en train de vivre sous la tutelle du harcèlement horaire…
Je me suis rendu compte que la navette changeait du tout au tout le rythme normal de la vie. C'était une éternelle course contre le temps».

Mésentente et querelles
Les trajets quotidiens des utilisateurs de train comportent de nombreux désagréments, s'il y a des liens d'amitié qui se tissent, des querelles et des mésententes sont aussi à l'ordre du jour !
Lassitude et fatigue en sont les principales causes.

Afin d'avoir un compagnon de route, des voyageurs réservent des places pour les retardataires. Cependant, ce geste attire la foudre de certains passagers qui ne trouvent pas de place, protestent et se lamentent d'avoir une rude journée de travail qui les attend ou d'avoir eu à subir un réveil en catastrophe. Faire le trajet debout, pour eux, est de ce fait inconcevable.

Une autre catégorie qui «crée» des problèmes, c'est celle des fumeurs. Certains parmi eux ne sont pas très appréciés. On les trouve entre les wagons ou dans les couloirs des trains à cabines.
Quelques-uns n'ont même pas la délicatesse de fermer les portières derrières eux! La foudre des non-fumeurs se s'abat alors sur eux. Le plus frappant dans un train, c'est que les divergences sociales sont présentes et très visibles.

Le plus souvent, les voyageurs de première et deuxième classes ne sont pas logés dans le même wagon.
Cependant, les premiers considèrent les autres comme des trouble-fête et veillent à ce qu'aucun d'entre eux ne se glisse parmi eux, même par inattention.

Quant aux seconds, ils taxent les usagers de la première de bourgeois. «Ils se croient supérieurs et nous regardent de haut et dès que l'un de nous pointe son nez, ils ferment leur compartiment comme si on avait la peste», s'écrie Mounir, un vétéran de la navette. Prendre le train pour se rendre à son lieu de travail n'est pas une mince affaire.

Lorsqu'il n'est pas un choix, une bonne maîtrise du temps s'avère obligatoire pour un usager de la «navette», mais lorsqu'il n'est plus une fatalité, et que le stress devient répétitif, mieux vaut savoir arrêter que de sombrer dans la non maîtrise de sa propre vie!.

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Pour exclure la dépression


Hanane, mère de deux enfants, habite Rabat et travaille à Casablanca. Entre vie familiale et professionnelle, le stress l'a envahie et le surmenage l'a épuisée…Au fil des jours, la dépression était au rendez vous !

C'est l'un des cas les plus courants des usagers du train navette…Selon le psychologue Bouchaib Karroumi, le stress de la navette n'est pas le seul facteur qui provoque, à lui seul, une dépression «Il faut savoir que cette dernière est un cumul d'activités accablantes.
Au stress de la navette, il faut ajouter l'épuisement physique dû au travail, au devoirs familiaux, au bruit et au manque de confort».
En effet, tous ces points constituent une source appropriée au stress qui vire à la dépression nerveuse.

Un certain cumul quotidien peut non seulement avoir des effets néfastes sur la santé, mais aussi sur la vie de couple ou de famille. Le Dr Karroumi précise : «Une bonne répartition du temps s'avère nécessaire. Il faut surtout inclure du sport, une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée».
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