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«Un Centre de compétences pour le Maghreb et l'Afrique francophone»

Interview : Saïd Wahbi
Mise en place à Casablanca du «Monitoring center»

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LE MATIN : Dans quelques jours, vous vous apprêtez à inaugurer un nouveau système, le «Monitoring center», consistant à externaliser la gestion des guichets automatiques bancaires (GABs). En quoi consiste d'une part ce nouveau système que vous implantez pour la 1re fois en Afrique et, d'autre part, la notion d'externalisation? Pourriez-vous mieux nous expliciter ces deux dimensions ?

SAÏD WAHBI :
Pour ce qui est de l'externalisation, je ne veux pas jouer sur l'étymologie, mais on peut en effet définir l'externalisation de manière générale comme une gestion déléguée. Autrement dit, on se substitue à l'organisme qui nous confie une responsabilité pour qu'on l'assume. Cependant, on peut se demander ce qu'il y a derrière l'externalisation.

C'est à mon avis important et je pense qu'aujourd'hui, chacun doit faire son métier. La banque doit faire son métier, c'est-à-dire distribuer des crédits, faire du marketing, de la monnaie et la gestion des finances. Nous sommes quant à nous des spécialistes de la monétique. Nous vendons des guichets automatiques et nous sommes en mesure de les surveiller et de les contrôler.
Donc, ici, il s'agit d'une nette séparation des tâches, car chacun de nous assure et fait son métier.

Mais derrière tout cela, il y a la question des profits et des coûts. Et quel que soit aussi aujourd'hui le type d'activité, l'informatique ou la presse ou la finance, il y a le paradigme de réduction des coûts et du profit. A partir du moment où la banque décide d'externaliser tout ou partie de son informatique, c'est qu'elle juge possible et utile de payer moins cher le coût de son activité, grâce à l'externalisation.

Votre groupe entend aussi faire de la place de Casablanca une plateforme originale, un Centre de compétences pour le Maghreb et l'Afrique francophone. En quoi consiste-t-il et quel sera son impact ?

Notre groupe depuis quelques années avait pris la responsabilité d'implanter au Maroc la direction de ses activités pour le Maghreb et l'Afrique. Aujourd'hui, c'est une réalité plus que tangible. Cinq ans après, le centre est disponible et prêt, il abrite notamment une importante matière grise, nous n'avons que des ingénieurs dont beaucoup de femmes qui sillonnent l'Afrique tout au long de la journée, du mois et de l'année. J'entends souligner ici la qualité, la performance et l'engagement de nos ingénieurs. A partir du moment où la matière grise est présente de manière abondante, le processus est assuré, facile.

De plus, au niveau de l'Allemagne, le « business model » est surtout basé sur le principe de décentralisation qui s'applique à notre groupe. Il y a l'Europe, confiée à l'Allemagne, ensuite l'Amérique latine confiée à Sao Paulo, l'Asie à Singapour, l'Amérique du nord à Austin et enfin le Maghreb et l'Afrique à Casablanca. Ce sont cinq pôles importants à travers le monde. Je peux vous dire que beaucoup de facteurs objectifs y jouent également comme la stabilité politique et institutionnelle, le dynamisme de l'économie, la vision à l'horizon 2010 et notamment le potentiel en matière de monétique dont regorgent le Maroc et l'Afrique.

L'activité bancaire au Maroc, notamment les réseaux de distribution, connaîtront-ils selon vous une transformation avec ce nouveau système de prise en charge ?

C'est le cœur du problème, et je poserai la question par pédagogie à n'importe quel citoyen pour demander quelle a été la dernière visite effectuée à son agence bancaire. Je pense que les visites sont espacées de plus en plus et que l'on visite les agences de moins en moins, sinon que par le téléphone mobile ou le téléphone fixe. Pourquoi ? L'agence reste un canal, certes mais un canal traditionnel de distribution.
Or, nous disons aujourd'hui, il n'y a pas que l'agence comme canal de distribution, car le guichet automatique de la banque peut en effet être un canal de distribution comme l'est une agence tout entière. Nous exportons au niveau des guichets automatiques des opérations multiples et complexes comme, bien sûr, le retrait d'argent classique.

Mais aujourd'hui, avec le système que nous mettons en œuvre pour les banques, vous pouvez effectuer des opérations de dépôt au guichet automatique, à n'importe quelle heure et à n'importe quel guichet homologué ! Vous pouvez aussi faire des versements de chèques aux guichets automatiques, etc. Pour un pays touristique comme le Maroc, les opérations de change - et celles-ci représentent un volume en pleine croissance - peuvent aussi être effectuées au guichet automatique. Vous pouvez même acheter des timbres, payer votre vignette automobile à la fin de l'année fiscale au guichet automatique, payer vos factures de Maroc Telecom, Méditel ou Wana, opérer des transferts de compte à compte. Il s'agit donc d'une «agence légère» dont la souplesse accroît à l'inverse la performance que nous proposons à la banque comme canal de distribution.
On peut se poser la question de savoir son coût. Eh bien elle est dix fois moins chère que l'agence traditionnelle de banque.

Cependant le rôle de l'agence demeure primordial pour la vente de produits et de services à haute valeur ajoutée : le crédit, le marketing, le contact, la gestion de la fortune mais tout ce qui relève des opérations de caisse répétitives et routinières doit être basculé vers les guichets automatiques nouveaux.

Je pense que les marchés marocain, maghrébin et africain sont suffisamment mûrs de nos jours pour intégrer une telle mutation technologique et structurelle. Il y un gain de temps énorme. Sans compter la forte bancarisation qui en résultera, parce que les gens consommeront des cartes et qui dit consommation de cartes de crédits, dit ouverture de comptes. Si on vulgarise et élargit les moyens de règlement électroniques, il est logique que les gens iront se doter de cartes et ouvrir des comptes, ce qui renforcera encore la bancarisation actuellement de 25% au sein de la population. Le marché marocain est aujourd'hui mûr pour adopter un tel système. Nous sommes en pourparlers avec toutes les banques pour la mise en œuvre de cette stratégie multi-canaux.

Le vice-président de AG Wincor Nixdorf, Stefan Auerbach, effectuera les 10 et 11 décembre prochains une visite de travail au Maroc pour décliner de manière officielle ces projets. Quel sens donnez-vous à cette visite et qu'en
attendez-vous ?


Cette visite est la troisième d'un vice président du groupe au Maroc.
Je peux vous dire que le président du groupe est aussi le président de notre Conseil au Maroc. C'est plus que significatif à la fois de la place du Maroc et de l'implication du staff managérial de Wincor-Nixdorf.. Il y a deux entités importantes en Afrique, la première au Maroc et la seconde en Afrique du sud, en attendant celle qui se crée en Algérie.

La visite s'inscrit dans le cadre d'une activité normale du groupe mais constitue, cependant, un signal fort parce qu'elle illustre la continuité, la confiance des dirigeants dans leur filiale marocaine, dans le pays, dans la vision de celui-ci, dans ses performances économiques et ses perspectives d'avenir et surtout dans ses ambitions en matière de technologie de l'information et de communication.
C'est un signal très fort pour le Maroc.
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