Menu
Search
Jeudi 25 Décembre 2025
S'abonner
close
Jeudi 25 Décembre 2025
Menu
Search

Sous le signe de la mémoire

Exceptionnelle. «Que d'émotion !», reconnait Maxim Karoutchi sur la scène d'Essaouira, d'une voix qui peine à exprimer un mélange de joie, de reconnaissance, de nostalgie et d'amour.

Sous le signe de la mémoire
Passé l'émotion, le bonhomme, habité par le diable de la musique met le feu à la scène et fait danser les âmes les plus récalcitrantes. La beauté des airs qui reviennent de loin, magistralement interprétés par ce virtuose ne pouvait laisser personne indifférent.

La scène se passe sous un chapiteau érigé à Bab Manzah à Essaouira pour accueillir les concerts programmés par la 5e édition des Andalousies atlantiques, marquée cette année par le vibrant hommage rendu à Samy El Maghribi. Mort le 9 mars 2008, l'âme de cet artiste accompli, planera sur la ville le temps d'un festival.
Si Essaouira a choisi de fêter ce musicien, chanteur et compositeur, c'est par reconnaissance aux services de ce fils béni rendus au Maroc dans le domaine de l'art et de la culture. Aussi, famille du défunt (sa veuve Messody et sa fille Yolande Amzallag), amis et disciples se réunissent, du 30 octobre au 1er novembre pour chanter en cœur un hymne à son œuvre.

Aussitôt le festival démarré, les organisateurs ont voulu jeter les amoureux de la bonne musique dans un bain de jouissance et d'allégresse. C'est que la programmation du festival ne fait dans la demi-mesure. Que du bon du début jusqu'à la fin.

Donner la parole à l'orchestre du rossignol andalou Abdelkrim L'Amarti, c'est ouvrir ce grand bal en beauté. Artiste dans l'âme, il a montré un intérêt particulier pour la musique dès sa tendre enfance. Inscrit au conservatoire de Fès, il suivit les cours des grands cheikhs du répertoire andalou dont Haj Abdelkrim Raiss.
Une formation solide et un talent incontestable lui permettent de passer d'un genre musical à un autre en toute aise. L'homme excelle aussi bien dans l'Andalou, le Gharnati, le Hawzi que le Malhoun. Après avoir puisé dans les chansons de Samy El Maghribi, c'est avec beaucoup d'émotion que Yolande Amzallag chanta à ses côtés un répertoire ancré dans la mémoire culturelle du pays.

Les spectateurs tombés sous le charme de ce virtuose n'eurent pas le temps de souffler qu'une autre grosse pointure de la musique classique pris dans son sillage. Mohamed Ali, le chanteur à la voix d'or a fait vibrer les lieux de son timbre qui fait des mélodies qu'il interprète un véritable moment de joie. « Mouachahat » et reprises des grands succès des ténors arabes classiques ont fait le bonheur d'une assistance venue nombreuse revivre les moments de gloire de la musique arabe.
Et pour finir en beauté, tout comme cette grand-messe a débuté en beauté, le grand Maxim Karoutchi prit le relais pour enchanter les esprits et faire danser les corps.

Disciple de Samy El Maghribi, qu'il a rencontré dans les années 80 au Canada, il hérite de lui un répertoire riche et varié. Une voix chaude doublée d'une présence impressionnante sur scène font de cet artiste le digne représentant de Samy et «l'héritier » dont il peut être fier. Mais ce qui est encore plus étonnant chez Maxim (descendant d'une lignée de chanteurs de père en fils depuis six générations) c'est qu'il n'a pas seulement mémorisé les œuvres du défunt chanteur mais perpétue également son esprit patriotique. Fol amoureux du Maroc, ce fils d'Essaouira n'en rate pas une pour chanter sa bien-aimée. « Revenir pour chanter dans ma ville d'origine, devant ce parterre de connaisseurs et d'artistes
qui me faisaient rêver quand j'étais jeune, c'est plus qu'un rêve pour moi », reconnaît-t-il.

En récompense et en signe de gratitude à tous les artistes qui se sont succédé sur scène, le public n'a pas tari d'applaudissements et de standing ovations. Il a été charmé par tant de talents et de prestance.
------------------------------------------

Dialogue des cultures

Grand-messe de la musique et des arts, les Andalousies atlantiques prône surtout le dialogue des cultures. Derrière cette volonté de jeter les ponts entre les peuples et les religions se trouve la fondation « Trois cultures de la Méditerranée », une fondation privée sans but lucratif qui est devenue en quelques années, en raison du caractère exceptionnel de son conseil d'administration et de son activité culturelle, un référent international de dialogue et de respect en faveur de la paix et l'entente des peuples. Cette fondation est née à l'initiative du Gouvernement Andalou et du Royaume du Maroc qui envisagent en 1998 de créer un forum pour promouvoir la rencontre entre les peuples de la Méditerranée.

La proposition obtint un accueil international très favorable et elle fut secondée par le Centre Pères pour la Paix, l'Autorité Palestinienne et par d'autres personnalités et institutions de la région euroméditerranéenne engagées dans le processus de dialogue et de paix.
Lisez nos e-Papers