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«Le bonheur» coûte 10 dirhams à Ben Abid

Les indications qui nous ont été données par un responsable du centre d'estivage de Ben Abid ne peuvent être plus précises.

«Le bonheur» coûte 10 dirhams à Ben Abid
En effet, une grande colline, qui était autrefois une carrière, fait face à la plage réservée pour la colonie de vacances organisée par le collectif Maillage, en collaboration avec 14 associations du Grand Casablanca. C'est désormais le cinquième centre de vacances d'été organisé par ce collectif, le troisième du genre avec l'INDH. Les drapeaux rouges et verts nous confirment de loin qu'il s'agit bel et bien de notre destination. Sur les lieux, l'ambiance est bon enfant. Les gens venus de la grande métropole et les résidents de ce petit hameau se côtoient pour ne faire qu'un seul groupe d'estivants. Notre visite a coïncidé avec celle d'Abdellatif Hamane, gouverneur de la préfecture des arrondissements d'Al Fida-Mers Sultan, venu s'enquérir des conditions de séjour des jeunes de sa région.

Satisfait, ce dernier a salué les efforts des animateurs qui offrent de bonnes prestations à un coût très modeste. «Je me suis amusé à faire un calcul pour ce qui concerne le prix de revient par personne. Le résultat est spectaculaire! Avec la modique somme de 10 DH, cette colonie permet à un jeune de passer une journée paisible et profitable dans une belle plage comme celle-là …», indique Abdellatif Hamane. Sympathique et décontracté, le gouverneur a exhorté les jeunes à suivre la voie des études pour réussir dans leur vie. «Je suis moi-même issu d'un quartier populaire, en l'occurrence El Hank, mais cela ne m'a pas empêché de gravir les échelons et de devenir aujourd'hui gouverneur». Des tentes jaunes neuves et bien entretenues et des parasols orange donnent à cette immense plage, qui alterne sable fin et petit rocher, un air estival.

Un petit snack de fortune improvisé par les animateurs permet aux estivants de faire face à la petite faim qui les guette souvent au bord de la mer. «Cette petite échoppe nous permet de casser la croute. Nous remercions nos grands frères et grandes sœurs pour leurs attention», souligne Hamid, un jeune de Hay Hassani. Pour se divertir, une ‘'radio plage'' est placée au milieu de la colonie pour faire résonner des tubes d'été chers aux estivants. Les jeunes sont particulièrement sensibles aux sonorités Rythmes and Blues qui ont pris une part de popularité très appréciable après le concert de la star internationale Rihanna, il y a quelques jours à Casablanca. L'animation dans cette colonie bat son plein. En effet, l'équipe d'animation ne laisse pas aux enfants le temps de s'ennuyer.

En cette après-midi, les estivants ont droit à un concours de remplissage de verres d'eau à l'aide d'une cuillère sur la bouche. L'engouement des petits et des grands est très perceptible. Un peu plus loin, d'autres jeunes s'adonnent à leur sport préféré: le foot. En effet, un tournoi est organisé pendant toute une semaine. Ce jour se joueront les matchs des quarts de finale. De petites parties de beach-tennis sont organisées tout au long de cette superbe plage et retiennent particulièrement l'attention des estivants. «Je participe volontiers à toutes les activités organisées par les animateurs du centre, mais le beach-tennis est ce qui me donne plus de sensations fortes», avance Aicha, une des animatrices de ce sport.

Le vendredi est réservé aux familles. Les petits estivants en profitent pour passer une journée entière avec leurs proches au bord de ‘'la Grande bleue''. Khadija, une mère de famille de Hay Moulay Rachid, l'un des quartiers les plus défavorisés et chauds de la capital économique, avance: «C'est le meilleur camp et nous en sommes très contents. Il est propre et il y a de la sécurité pour tous, surtout pour nos filles». Une anecdote racontée, avec beaucoup d'émotions, par Amane Al Aouad, économe et trésorière du collectif Maillage, en dit long sur le rôle des colonies de vacances pour les enfants et leur intégration. «Un jour, un jeune, réputé être un garçon difficile et craint par tous les habitants de son quartier, a demandé de se joindre à nous pour une journée à la plage. Jamal, de son nom, nous a suppliés de lui donner sa chance pour nous prouver qu'il peut s'intégrer avec le groupe. A notre grande surprise, Jamal a été exemplaire dans son comportement et a même sauvé une fille qui a pu se noyer», raconte Amane.

«Ce sont des moments pareils qui nous poussent à faire ce métier merveilleux. Nous avons la meilleure jeunesse du monde du peu qu'on lui offre les moyens de nous montrer ses capacités et faire étalage de ses talents», ajoute Amane. Selon elle, certains jeunes ont perdu de leur amour propre à cause de la marginalisation dont ils sont victimes. Le travail de nos associations est de leur redonner confiance en eux pour qu'ils croient de nouveau en eux-mêmes. Abouzid Azzedine, directeur du centre est au four et au moulin. Le travail ne manque pas. Le nombre des bénéficiaires s'élève à plus de 430 enfants. Un nombre qui peut atteindre les 620 les vendredis (jours des familles). Les employés sont au nombre de 26, tous dévoués à servir les bénéficiaires âgés de 15 à 24 ans. Selon le directeur, le centre d'estivage reçoit, pour une durée de sept semaines par an, des subventions de l'INDH à hauteur de 280.000 DH.

La CDG (Caisse de dépôt et de gestion) contribue avec 50.000 DH. D'autres partenaires participent à ce projet, en l'occurrence la multinationale «Théolia» qui a offert les tentes et les parasols et «Rédagraph» qui met à la disposition des jeunes estivants et de leurs familles une sonorisation ‘'radio plage'' pour animer leurs journées estivales. Par ailleurs, le centre ambitionne de décrocher le label Pavillon bleu l'année prochaine. Son directeur souligne: «Nous avons l'ambition d'aller loin vu l'équipe de grands travailleurs que nous avons».

Et d'ajouter: «Nous avons déjà créé grâce à ce projet 26 postes d'emploi directs et 100 autres postes indirects. Nous sommes confiants quant à nos chances de décrocher le label d'excellence en matière de gestion des plages de la Méditerranée. «Nous avons une plage magnifique et très propre.
D'après les services compétents, l'état de l'eau est impeccable. La sécurité est renforcée grâce à la collaboration des éléments de la police. Nous avons également un staff médicale composé de huit infirmiers pour faire face à toute urgence, et une équipe de cinq maîtres-nageurs formés aux dernières méthodes de sauvetage».
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Symbiose…

Une bonne symbiose règne dans le centre d'estivage «Hors des murs» entre les estivants, venus de la grande métropole et les habitants du petit hameau situé à proximité de la colonie. En effet, tout le monde s'associe aux multiples activités organisées par les animateurs (matchs de beach- volley, foot, tennis, etc). Mokhtar Ahmadi, membre d'une association de la très proche Tamaris 3, confirme: «Il y a une bonne ambiance. On dirait que nous sommes une seule famille. Nous souhaitons que ce genre d'initiatives se multiplieront dans différentes régions de notre beau pays».

Le crédit est à mettre au profit des organisateurs qui ne lésinent pas sur les détails pour offrir des moments de bonheur à des jeunes issus de milieux défavorisés et dont la plupart n'ont jamais profité des vacances. Tout comme le programme «Vacances pour tous», «Hors les murs» arbore un aspect non seulement estival, mais aussi éducatif. Il contribue à l'essor et à l'épanouissement de la jeunesse sur plusieurs plans. Il contribue également à l'augmentation de l'effectif pour faire profiter le plus grand nombre d'enfants et de jeunes, l'augmentation de la plate-forme d'accueil, la mise en place d'une infrastructure de base et des équipements annexes, ainsi que la mobilisation des ressources humaines.

* Journaliste stagiaire
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