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Une crise généralisée selon la Banque mondiale

Les pays en développement et les pays à revenus élevés doivent se préparer à affronter le scénario du pire, qui aboutirait à une croissance encore plus faible, voire éventuellement une baisse du PIB mondial pour la première fois depuis l'après-guerre.

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Notant partout un net ralentissement, y compris dans les pays en développement jusqu'ici moins touchés, le nouveau rapport de la Banque mondiale, «Perspectives économiques mondiales 2009», vient de dresser un tableau très pessimiste de l'économie de la planète en 2009, avec une croissance extrêmement faible et des échanges commerciaux en recul, laissant craindre une crise généralisée. Dans la section consacrée au panorama de l'économie mondiale, le rapport prévoit une baisse de la croissance mondiale du PIB de 2,5% en 2008 à 0,9% en 2009. La Banque mondiale se risque à une prévision pour 2010, avec une croissance mondiale qui se limiterait à 3%, tandis que le volume des échanges repartirait sur sa tendance croissante (+6,0%). Ces prévisions sont nettement inférieures aux précédentes, publiées par la Banque mondiale en juin : 3,0% de croissance mondiale, +6,4% dans les pays en développement. Elles sont aussi plus pessimistes que celles du FMI qui remontent au 6 novembre : 2,2% de croissance mondiale, +5,1% dans les pays en développement. La croissance des pays en développement, vigoureuse en 2007, avec un taux atteignant 7,9%, devrait retomber à 4,5% en 2009.

Pour l'institution multilatérale, la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) semble avoir bien résisté en 2008, avec une croissance maintenue à 5,8%, mais ce chiffre global masque des fluctuations considérables au niveau du commerce, de la balance courante et des conditions du financement extérieur. Les pays exportateurs de pétrole étant confrontés à une baisse de revenus en 2009, la croissance régionale ne devrait pas dépasser 3,9%. L'augmentation des prix des matières premières au cours des années 2006-2008 combinée à l'accélération de l'inflation ont posé des défis politiques difficiles. La pratique continue de subvention des carburants et des denrées alimentaires dans de nombreux pays du MENA contribue actuellement à l'alourdissement des déficits budgétaires et a pour effet de resserrer la marge de manœuvre des responsables politiques dans d'autres régions, y compris pour le soutien du revenu ciblé, l'investissement dans les objectifs de développement pour le Millénaire et la politique budgétaire anticyclique.

En Afrique subsaharienne, la croissance a augmenté en 2008, atteignant 5,4%, mais devrait retomber à 4,6% en 2009. On pourrait toutefois voir baisser la contribution des exportations nettes à la croissance du PIB en Afrique, et de nombreux pays sont exposés aux chocs des termes de l'échange.
La hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants a, d'autre part, creusé l'écart entre pauvres et riches, avec pour conséquence un risque accru de troubles sociaux. Intitulé «Commodities at the Crossroads», (Un tournant décisif pour les produits de base), ce rapport révèle qu'à l'avenir la demande et l'offre de produits de base, comme le pétrole et les denrées alimentaires, pourront atteindre un équilibre à condition d'adopter des politiques adaptées dans les secteurs de l'énergie et de l'agriculture. Malgré la baisse des prix des produits de base, le problème de l'offre et de la demande reste préoccupant sur le long terme, tout comme les conséquences de ces prix élevés sur les populations pauvres.

On se pose la question de savoir si le monde pourrait entrer dans une longue période de pénurie, avec (comme certains le craignent) une diminution de l'approvisionnement en pétrole, métaux, céréales et des prix qui ne cessent de grimper. La demande de nouveaux véhicules dans les pays en développement devrait représenter 75% des besoins énergétiques supplémentaires jusqu'à 2030. Il est donc primordial d'améliorer l'efficacité du transport, en recourant par exemple à des voitures hybrides, électriques et à hydrogène. Pour la Banque mondiale, l'évolution de la situation au cours des 20 prochaines années va dépendre des mesures prises par les gouvernements pour réduire la dépendance pétrolière, promouvoir des énergies de substitution, combattre le changement climatique et stimuler la productivité agricole.» L'une des autres conclusions essentielles de ce rapport est que les exportations de produits de base peuvent promouvoir la croissance à condition d'adopter des mesures adéquates. Le rapport indique en particulier qu'alors que les pays dépendants en matière de ressources tendent à avoir une croissance faible, les pays riches en ressources tendent à être des pays à revenu élevé.
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Impact sur la pauvreté

Le rapport révèle que la hausse des prix des produits de base (en particulier des aliments) a eu un fort impact sur la pauvreté, en faisant basculer de 130 à 155 millions de personnes sous le seuil de pauvreté pour la seule période comprise entre décembre 2005 et décembre 2007. Les zones urbaines ont été les plus touchées. Les gouvernements ont certes réagi rapidement pour atténuer les plus graves effets de cette hausse des prix, mais ces efforts se sont avérés pour beaucoup mal ciblés et coûteux. «A l'avenir, les programmes d'aide sociale doivent être mieux ciblés, de sorte que la prochaine fois qu'ils seront déployés lors d'une crise, une part beaucoup plus importante de cette aide bénéficie à ceux qui en ont le plus besoin», conclut Andrew Burns, le principal auteur du rapport. « Il faut également agir au niveau mondial, afin de décourager les interdictions frappant l'exportation de céréales, renforcer les organisations telles que le Programme alimentaire mondial et améliorer l'information et la coordination en ce qui concerne les réserves de céréales nationales existantes».
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