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Lundi noir pour les Bourses mondiales prises de panique

Les Bourses mondiales connaissaient un lundi noir, effrayées par l'ampleur de la crise financière et les risques de faillite de banques en série. "C'est la panique générale.

Lundi noir pour les Bourses mondiales prises de panique
Tout le monde espérait après l'adoption du «plan Paulson» aux Etats-Unis et les opérations de sauvetage en Europe que les choses se calmeraient.

Mais en réalité, il y a toujours des craintes d'effet domino", a déclaré à l'AFP Adrian van Tiggelen, stratégiste principal chez ING Investment à Amsterdam. Vers 11h45 GMT, Londres et Francfort perdaient chacune 5,2%, Paris 5,6%. Amsterdam était particulièrement déprimée avec une chute de 6,3% tout comme Milan (-5,8%), Stockholm (-5,7%) et Zurich (-4,5%). Vienne chutait de 7,8% alors qu'Oslo s'effondrait de près de 9%. L'indice paneuropéen Eurostoxx 50 abandonnait 5%, portant son recul depuis le début de l'année à 32,8%.

Cette déroute suivait des reculs de 4,2% de Tokyo, de 5% à Hong Kong alors que Djakarta s'est effondrée de 10%. En Russie, les indices dégringolaient de plus de 15%, les échanges étant même interrompus à la mi-journée sur l'une des deux Bourses moscovites, le Micex. Le plan Paulson de sauvetage bancaire adopté par le Congrès américain vendredi "fait peu pour soulager la contraction du marché du crédit", car il "ne s'attaque pas directement aux problèmes de fond des marchés financiers, mais simplement aux conséquences de la crise", relevaient les analystes de BNP Paribas. S'ajoutaient à l'anxiété générale les déboires de la banque allemande Hypo Real Estate (HRE) en Allemagne, renflouée in-extremis dimanche soir par le gouvernement et les autres banques allemandes grâce à un apport en liquidités de 50 milliards d'euros. Cela n'empêchait pas le cours de HRE de chuter de plus de 35% lundi à Francfort. Les difficultés de cette banque font craindre une propagation à l'ensemble du secteur bancaire européen alors que celui-ci connaît une phase de consolidation accélérée.

La dernière étape en date est la prise de contrôle par la française BNP Paribas du bancassureur belgo-luxembourgeois Fortis, les Etats belges et luxembourgeois rentrant en retour au capital de la banque française. L'action de BNP Paribas perdait quand même 5% à Paris alors que Dexia sombrait de 25% malgré le plan de sauvetage annoncé par les autorités publiques françaises, belges et luxembourgeoises la semaine dernière. "Dexia a encore fait parler d'elle ce week-end en partie en raison de son exposition à Hypo Real Estate mais aussi parce qu'il y a encore des questions sur des besoins supplémentaires de financement", a indiqué Laurent Fransolet, de Barclays Capital à Londres. C'est sur le marché interbancaire que les tensions étaient toutefois toujours les plus palpables : Témoignant de la réticence des établissements financiers à se prêter de l'argent entre eux, le taux interbancaire à trois mois offert à Londres et exprimé en dollars (Libor) restait à un niveau exceptionnellement élevé, malgré une légère baisse à 4,2887% contre 4,3337% vendredi.

L'Euribor à trois mois, l'un des principaux taux de référence du marché monétaire d e la zone euro, montait quant à lui à 5,345% contre 5,339% vendredi, atteignant de nouveau un niveau historique pour le septième jour consécutif. "Ce dont nous avons vraiment besoin c'est d'une reprise du marché interbancaire. Si davantage de gouvernements européens annoncent des garanties de dépôts, cela pourrait être possible", indiquait Adrian van Tiggelen. L'ouverture de Wall Street à 13h30 GMT était, dans un tel contexte, un nouveau facteur d'incertitude. "Les marchés américains décideront de la direction générale et beaucoup sont ceux qui espèrent un retournement après les pertes de vendredi", soulignait Ian Griffiths, courtier chez CMC Markets à Londres.

"Ce sont les valeurs financières qui seront sous les feux de la rampe après les derniers développements en Allemagne et la poursuite des réactions au plan de sauvetage américain", estimait-il. A l'image des autres marchés boursiers mondiaux, la Bourse saoudienne, la première du monde arabe en termes de capitalisation, a plongé de près de 10% lundi à sa réouverture, alors que les bourses des autres monarchies du Golfe poursuivaient leur recul de la veille. La Bourse saoudienne était restée fermée pendant une semaine en raison de Aïd Al-Fitr. En milieu de séance, le Saudi Tadawul All-Shares Index (Tasi) perdait 9,85% à 6.724,11 points, son niveau le plus bas depuis plus d'un an. Il s'agit des pertes les plus élevées en une seule journée depuis plusieurs années.

Avant l'Aïd, le Tasi avait déjà fini le troisième trimestre en baisse de 20,2% par rapport à la clôture du deuxième trimestre. Outre la crise financière mondiale, la chute du marché saoudien semble s'expliquer par les résultats modestes annoncés par certaines grandes banques du royaume pour les neuf premiers mois de l'année. La combinaison de ces deux facteurs a fait sombrer le marché, a indiqué l'économiste saoudien Ali Al-Dakkak. "C'est la panique face aux événements sur le marché mondial. Ici, les investisseurs s'attendent au pire sur les marchés américain et européens et ils s'attendent à un impact sur l'Arabie Saoudite et la région", a-t-il dit à l'AFP.

L'ensemble des secteurs sur le marché saoudien étaient en baisse lundi. Pour leur part, les bourses des autres monarchies pétrolières du Golfe ont poursuivi la dégringolade amorcée à la reprise de leurs activités dimanche après l'Aïd. Le Kuwaiti Stock Market (KST), le second du monde arabe en termes de capitalisation, est tombé lundi en dessous de 12.000 points pour la première fois depuis 15 mois. Il a perdu 3,4% pour fermer à 11.951,70 points. La Bourse koweïtienne a ainsi chuté de 6,9% en deux jours malgré l'injection par le gouvernement de liquidités sur le marché. La Bourse de Dubaï, quant à elle, a chuté de 7,6% à 3.551,79 points, son plus bas niveau en plus de 18 mois, portant ses pertes à près de 14% en deux jours.
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Ralentissement de la croissance

Les nouvelles prévisions mondiales que le Fonds monétaire international (FMI) publiera mercredi tablent "sur un ralentissement de la croissance assez sensible" en raison de la crise financière internationale, a prévenu lundi son directeur général, Dominique Strauss-Kahn. Le patron de l'Organisation internationale s'est montré particulièrement inquiet pour la situation des pays en développement qui vont subir le contre-coup de la crise financière.

"Nous allons publier un nouveau jeu de prévisions et on verra que nous tablons malheureusement sur un ralentissement de la croissance assez sensible", a-t-il dit à des journalistes en marge d'un colloque Union européenne-Amérique Latine organisé à Paris.

"Les conséquences pays par pays dépendent de la structure des économies", a-t-il dit, sans donner davantage de précisions. Le responsable du FMI a exclu que les pays en développement ou émergents échappent aux conséquences de la crise financière et bancaire qui secoue les pays développés. "Je ne crois pas à cette thèse (du découplage nord-sud), l'ensemble du monde aujourd'hui est globalisé et les conséquences de la crise financière se feront sentir partout, avec un décalage et pas obligatoirement par l'intermédiaire du monde financier", a-t-il averti.

On assiste à un "ralentissement de la croissance un peu partout" mais dans certains pays en développement, en Afrique ou en Amérique latine, "les conséquences peuvent être dramatiques, car cela se chiffre en termes de famine, de malnutrition des enfants", a ensuite expliqué M. Strauss-Kahn lors du colloque. Le patron du FMI a aussi mis en garde contre une reprise de la crise alimentaire qui a touché les pays les plus pauvres après la flambée des prix des matières premières.
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