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La gestion des boues en question

Une conférence internationale sur la gestion durable des boues a tenu ses travaux à El Jadida, les 9 et 10 juillet 2008, en présence de chercheurs venus de plus de 12 pays d'Afrique, d'Europe et d'Asie.

La gestion des boues en question
La rencontre, qui s'est tenue sous le patronage du ministère de l'Education nationale de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique et du secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement, et avec le soutien de l'Académie Hassan II des sciences et techniques, a été organisée par la Faculté des sciences de l'Université Chouaïb Doukkali. Cette conférence a été l'occasion de débattre des technologies de traitement des boues et de confronter les expériences menées dans d'autres pays (compostage, humification, stabilisation...).

Elle a également examiné les politiques et les directives relatives à la gestion des boues, et l'échange d'expériences a pu être très fructueux pour des pays qui ont prévu de larges programmes nationaux d'assainissement, tels que le Maroc. La conférence a regroupé aussi des opérateurs publics et privés versés dans le domaine de la gestion de l'eau, des chercheurs et des experts du Maroc, d'Afrique, de Grèce, d'Allemagne, d'Espagne, de Chypre et de France… ce qui a auguré d'un débat fructueux et sans doute bénéfique pour tous les participants. Les participants ont focalisé leurs interventions sur les thèmes suivants: politiques et directives pour la gestion des boues, technologies de traitements des boues des eaux usées, compostage et récupération des nutriments à partir des boues et des eaux usées, gestion durable des boues (enjeux et perspectives).

Lors de la séance d'ouverture, Omar Fassi-Fihri, secrétaire perpétuel de l'Académie Hassan II des sciences et techniques, a mentionné que «au Maroc, la gestion des ressources en eau s'est faite d'une manière relativement satisfaisante lors des quatre dernières décennies. Comme résultat, l'alimentation en eau potable et l'agriculture irriguée ont atteint un bon niveau de satisfaction des besoins en eau. Par ailleurs, grâce à la mobilisation de l'eau par barrages, réalisée par anticipation sur les dates de saturation des besoins, les longue périodes de sécheresse, qui ont sévi durant les deux dernière décennies, n'ont pas eu d'impact sur l'approvisionnement des villes en eau potable, ces barrages jouant par ailleurs un rôle essentiel de protection contre les crues et les inondations.

Ceci étant, l'on se doit encore d'anticiper et de préparer l'avenir, en ce qui concerne la gestion de la pollution des eaux qui restera une préoccupation majeure; la qualité des eaux superficielles et souterraines reste menacée par de nombreuses pollutions dont les principales sources sont les rejets d'eaux usées domestiques et industrielles sans épuration et le lessivage des engrais et des produits phytosanitaires utilisés dans l'agriculture. Le Maroc, à l'instar de plus de 157 autres pays, a signé la convention sur la diversité biologique en 1992, lors du "Sommet de Rio" relatif à la Conférence des Nations unies pour l'environnement et le développement; il a défini une stratégie et un plan d'action pour la conservation et l'utilisation durable de sa diversité biologique. S'il y a un milieu naturel où les eaux usées sont déversées c'est bien le milieu marin et s'il y a des ressources biologiques naturelles ayant un intérêt et des retombées socio-économiques pour notre pays, celles en provenance du milieu marin restent les plus riches et les plus diversifiées.

L'importance de la composante marine parmi les espèces ayant un intérêt sur les plans économique et social réside certainement dans le fait que la très grande majorité des formes vivantes extraite du milieu marin pourrait être commercialisée et utilisée ; ce sont là des enjeux économiques et sociaux importants pour le développement durable de notre pays.
Ceci étant, l'on se doit d'être parfaitement conscient qu'en plus de l'exploitation massive et irrationnelle de nos ressources halieutiques et de l'utilisation abusive des ressources côtières et des sables le long de nos côtes marines, la pollution des eaux marines par les rejets des eaux usées domestiques et industrielles demeure un problème majeur…

Cette conférence s'inscrit parfaitement dans la ligne des préoccupations que j'ai mentionnées, puisqu'elle a pour objectif de traiter en aval des problèmes liés à l'assainissement liquide, au traitement des eaux usées et à la gestion durable des boues. La participation de spécialistes de différents pays permettra un échange fructueux d'expériences et d'informations concernant la gestion rationnelle et intégrée des milieux naturels.

Les principaux thèmes qui seront débattus au cours de ces deux journées vont permettre de faire le tour de la question et d'affiner les recommandations qui serviront de base pour l'élaboration et la mise en place de programmes pour la gestion durable des milieux naturels en général et des boues en particulier. Le représentant du secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement a souligné dans son allocution qu'«afin de résoudre les problèmes de la dégradation globale de l'environnement, des programmes prioritaires de grande envergure ont été mis sur pied. Il s'agit du programme national d'assainissement et d'épuration des eaux usées couvrant plusieurs villes et centres urbains, du programme national des déchets ménagers concernant la collecte des déchets et le nettoiement, la fermeture et la réhabilitation des décharges sauvages et la généralisation des décharges contrôlées, le programme de dépollution industrielle et enfin le programme d'amélioration de la qualité de l'air.

D'autres actions sont entreprises pour la conservation des forêts et de la biodiversité, la promotion de l'amélioration de l'environnement urbain, la prévention des risques liés aux produits chimiques, aux déchets dangereux et aux pollutions accidentelles en mer. Il est important de souligner que la préservation et la protection de l'environnement naturel est une responsabilité collective des pouvoirs publics en général mais aussi des opérateurs publics et privés qui génèrent les pollutions… La loi sur l'eau permet donc d'établir de nouvelles règles d'utilisation de l'eau plus appropriée aux conditions économiques et sociales du Maroc moderne et jette les bases d'une gestion efficace de l'eau dans le futur pour relever les défis attendus pour la sécurité de l'approvisionnement de la population. Cette nouvelle loi permet par ailleurs de valoriser encore plus les efforts considérables consentis pour la mobilisation et l'utilisation de l'eau et de les rendre compatibles avec les aspirations au développement économique et social du Maroc du XXI siècle.»

Selon la secrétaire générale de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, le gouvernement a pris l'engagement, conformément au choix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, d'œuvrer au développement de la recherche scientifique, technique et technologique sur la base d'une vision stratégique.
Cette vision a pour objectif de parachever la restructuration du secteur, d'accorder davantage d'intérêt aux chercheurs, d'œuvrer à assurer les moyens matériels et financiers pour mobiliser toutes les énergies et de réaliser le développement durable.

Et, pour concrétiser ces objectifs, les pouvoirs publics et la communauté scientifique sont vivement appelés, plus que jamais, à approfondir la réflexion sur le contenu de la recherche scientifique et ses dimensions et sur les structures qu'elle nécessite.

Là est la seule voie à même de permettre à notre pays de relever ce grand défi qui est l'amélioration du niveau et de la qualité de vie de ses citoyens et leur préparation à s'intégrer avec succès dans l'économie mondiale fondée sur la créativité et la compétitivité. D'où la nécessité de centrer la recherche sur
les créneaux d'appoint tout en veillant au respect de l'environnement.
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Le projet MOROCOMP

En marge de cette conférence, le président du comité d'organisation de cette rencontre internationale, le Professeur Omar Assobhei nous a déclaré:« La Conférence internationale sur la gestion durable a été organisée dans le cadre du projet. Le projet MOROCOMP : "Conception et construction d'une unité innovante de compostage pour le traitement efficace des boues et tout autre déchet organique biodégradable au Maroc" est cofinancé par l'Union européenne.

C'est un projet de Recherche – Développement qui vise, entre autres, une meilleure intégration de l'université marocaine dans son environnement socio-économique. L'implication des institutions gouvernementales, des associations, des autorités locales, des chercheurs de l'Université Chouaïb Doukkali, de l'Université nationale technique d'Athènes (Grèce) et de l'Office régional de mise en valeur agricole des Doukkala est un bel exemple de partenariat… Récemment, le Maroc a lancé un large programme d'assainissement liquide et de traitement des eaux usées. Le projet MOROCOMP apportera certainement une contribution importante et originale pour traiter les boues produites qui handicapent fortement la gestion des stations d'épuration (odeurs, infiltrations, occupation d'espace).

Le projet visant le traitement et le recyclage des matières organiques contenues dans les boues, constitue d'autre part, une source potentielle de fertilisants et de matières organiques pour l'agriculture, à condition de s'assurer de l'innocuité des matériaux produits en terme de toxicité pour le sol et les plantes. L'Université Chouaïb Doukkali compte faire de cet événement un rendez-vous bi-annuel pour permettre à tous les participants de mieux s'informer sur les avancées scientifiques dans ce domaine et contribuer ainsi à mieux préserver les ressources naturelles et à en recycler le maximum tout en préservant la santé des populations et de l'environnement… La gestion des boues issues de la collecte et de l'épuration des eaux usées constitue un sérieux défi à relever en raison des coûts élevés de leur traitement et des risques que ces boues occasionnent pour l'environnement et pour la santé humaine.
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