Pas une semaine ne passe sans qu'un incident de ce genre et les enchaînements qui s'ensuivent (plaintes devant les tribunaux, tentatives d'étouffer l'affaire par les coupables, procès, décision du tribunal, appel…) ne soient étalés sur les pages de nos journaux.
Les histoires sont aussi multiples que différentes. Les mésaventures des victimes sont aussi étranges qu'étonnantes. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent.
Dans un passé très récent, la presse nationale a relaté plusieurs cas de ce que les victimes qualifient d'«erreurs médicales» de la part de leur médecins. (Nous ne les appellerons pas ainsi avant la décision finale du tribunal).
Il s'agit notamment de l'affaire du petit Abdellah (13 ans) de la ville de Benslimane dont le père accuse un médecin d'avoir opéré son fils pour une fausse appendicite. Selon le père de la victime, le médecin a prétendu qu'il avait procédé, contre 7.000 DH en pièces sonnantes et trébuchantes, à l'ablation de l'appendice du patient.
Quatre mois après, Abdellah souffrait des mêmes symptômes dont il souffrait avant l'opération.
Après un deuxième diagnostic au Centre universitaire Ibn Rochd à Casablanca, le résultat avait eu l'effet d'une bombe: le patient n'a jamais subi d'ablation de l'appendice. Autre cas dévoilé par la presse récemment, celui d'une quinquagénaire à Fès. Opérée dans une clinique pour un cancer de l'utérus, la femme avait souffert le martyre pendant deux mois à cause de douleurs atroces qui déchiraient ses entrailles. La plaie n'a également pas cicatrisé. Après une deuxième opération effectuée dans la même clinique, les chirurgiens ont découvert l'existence, à l'intérieur du ventre de la malheureuse, d'une serviette oubliée après la première opération. Sans commentaire.
Comment procéder quand on soupçonne qu'on est victime d'une erreur médicale, quels sont les recours et les chances des victimes d'avoir gain de cause? L'affaire n'est pas aussi simple que cela. Bien au contraire, ceux qui ont déjà souffert ce calvaire préviennent, non sans amertume, que cela relève du parcours du combattant. «Bienvenue en enfer», semblent-ils tous dire. Haj Mustapha, dont la sœur a été victime d'une erreur médicale, raconte: «Pendant l'accouchement, le nouveau-né de ma sœur a décédé succombant à une profonde blessure au crâne, provoquée par l'ongle de la sage femme». Et de poursuivre: «Les collègues de la coupable et les responsables de l'hôpital avaient essayé de camoufler l'affaire. Mais, c'était sans compter avec ma ferme volonté d'établir le droit de ma sœur et de son bébé mort-né.
J'avais provoqué un tollé et contacté toutes mes connaissances bien placées pour que les responsables me disent enfin la vérité». Même s'il a gagné son procès contre la sage femme, Haj Mustapha garde toujours comme un os en travers de la gorge. «Outre le fait que la coupable a quitté le Maroc avant le verdict (elle a été condamnée par contumace à huit mois de prison ferme), les victimes sont toujours obligées de batailler contre vent et marrée pour avoir leurs droits, ce qui n'est pas du tout normal», s'insurge-t-il.
Si Haj Mustapha a quand même eu, ce qu'il appelle «une demi-victoire», d'autres victimes n'ont jamais pu avoir l'ombre d'une quelconque réparation.
C'est le cas, entre autres, de feue Wafae de Rabat. Selon le frère de la défunte, cette dernière suivait, dans une clinique r'batie, des séances de chimiothérapie après une opération pour un cancer du sein. Une carence en potassium, au moment de la chimiothérapie, lui a été fatale. «Avant son décès, elle avait des diarrhées aigues et elle vomissait abondamment. Même après les analyses, son médecin traitant lui a confirmé que ce n'était pas grave et qu'elle pouvait poursuivre sa chimio sans problème. Ce faux diagnostic lui a coûté la vie», estime le frère. «Après sa mort, personne n'a voulu nous aider ou nous orienter. Les responsables de la clinique ont apparemment tout fait pour étouffer l'affaire. L'avocat aussi n'a pas été à la hauteur», considère-t-il. Et des exemples pareils sont innombrables.
Mais, pourquoi les victimes sont-elles souvent lésées? Pour Mohamed Naciri Bennani, médecin et président du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), le problème réside d'abord dans la complexité de l'identification de l'erreur médicale. «L'erreur médicale est très complexe et le code de déontologie médicale actuel est très ancien (il date de 1953) et compte beaucoup de lacunes», estime-t-il. Selon lui, la médecine est complexe parce qu'en aucun cas, et contrairement à toutes les autres professions, on ne peut avoir une obligation de résultat. «Les corps humains sont tellement différents les uns des autres qu'aucun malade ne réagit de la même manière à tel ou tel médicament ou tel ou tel traitement». En revanche, poursuit le président de la Snmsl, il y a une obligation de moyens. «Le médecin est obligé d'utiliser les moyens nécessaires pour assurer la sécurité du patient. Un acte médical doit être sécurisé».
Outre les moyens techniques, il faut aussi assurer les moyens humains. D'où la nécessité de la formation continue des médecins et de leur mise à jour avec les nouvelles techniques et le savoir-faire à l'échelle internationale. «La médecine évolue d'une façon tellement rapide que ce qui se pratiquait il y a cinq ans n'est plus valable aujourd'hui», affirme Bennani. Malheureusement, au Maroc, la formation médicale continue fait gravement défaut. «Seules des rencontres financées par des laboratoires dans un but marketing pour l'industrie pharmaceutique sont organisées de temps à autres», souligne-t-il.
Même quand l'erreur, la faute ou la négligence médicale est identifiée, les victimes peinent à faire valoir leur droit. Pour Bennani, l'inertie de l'ancien Ordre des médecins y est pour beaucoup. «Chaque fois qu'un citoyen croit qu'il est victime d'une erreur ou d'une négligence médicale, il doit y avoir une instance proche de lui, constituée d'experts dans le domaine (des médecins) qui a la possibilité de constituer des commissions multidisciplinaires, pour étudier le dossier et donner un jugement.
Le tribunal doit faire appel à l'ordre qui doit être présent dans les différentes étapes du procès», indique-t-il. Malheureusement, poursuit Bennani, notre Ordre a connu une longue période de léthargie. C'est pour cela que le Maroc a besoin d'un Ordre fort, capable de défendre les victimes des erreurs médicales. Et pour cela, il faut lui en donner les moyens. «Outre les médecins expérimentés, l'ordre doit comprendre plusieurs juristes. 65% des personnes qui travaillent dans l'Ordre national français sont des juristes professionnels et y travaillent à plein temps», indique Bennani. Toutefois, Bennani reconnaît que l'erreur médicale discutée dans les médias est traitée d'une manière «qui n'est pas correcte». «La fréquence des procès n'est pas synonyme de la fréquence des erreurs», renchérit Mohamed Hafiani, chirurgien urologue. Et d'expliquer: «Les erreurs existent, mais elles sont rares. D'où leur caractère exceptionnel. Les gens prennent les effets secondaires, les complications ou les aléas thérapeutiques pour des erreurs».
Pour Mohamed El Cohen, chirurgien et président de l'Association marocaine de chirurgie viscérale (AMCV), cette situation est due à plusieurs facteurs. D'abord, explique El Cohen, il y a un manque de communication de la part des médecins qui n'expliquent pas aux patients les tenants et les aboutissants d'un acte médical, ce qui fait qu'un simple aléa thérapeutique, un effet secondaire ou une simple complication peuvent être pris par le patient pour une erreur médicale.
L'Etat est également responsable de cette situation, puisqu'il n'y a pas un cadre juridique de recours. Et qui dit Etat, dit Ordre des médecins, ajoute El Cohen. «Ce dernier ne jouait pas parfaitement son rôle. Mais, avec l'arrivée de la nouvelle équipe, il va sûrement le faire dans l'avenir», affirme le président de l'Amcv.
Les médias ne sont pas en reste dans cette confusion. Ils ont également leur part de responsabilité, estime El Cohen. Selon lui, ces derniers doivent informer d'une façon correcte. «Il faut absolument qu'il y ait un contact efficace et une information constructive, pour que le malade puisse comprendre ce qu'on lui fait. Le malade a le droit de savoir et le médecin à le devoir de répondre au malade», insiste
El Cohen.
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Selon lui, les juges ont même parfois désigné des médecins qui ne sont pas dans la spécialité. Un dermatologue pour un problème de chirurgie digestive par exemple. «Ce qui représente une aberration, qui peut générer énormément de problèmes», avance ce chirurgien. Un expert assermenté près les tribunaux confirme.
«C'est l'une des erreurs qui empêchent les victimes des erreurs médicales d'avoir gain de cause et de faire valoir leurs droits. Personnellement, j'ai à plusieurs reprises été désigné pour des affaires qui ne font pas partie de mon domaine de compétence», reconnaît cet expert. Autre carence: le juge désigne des médecins qui ne sont pas au top de la technologie, voire qui ne sont pas très compétents pour ce genre d'opération. «Ce sont les victimes qui en pâtissent», indiquent plusieurs professionnels.
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Les auteurs soulignent que 125 000 à 205 000 de ces hospitalisations auraient pu être évitées. Plus grave, près d'un tiers de ces événements ont menacé le pronostic vital des malades.
Parmi les causes de ces hospitalisations, on trouve non seulement des actes chirurgicaux ou d'exploration, des médicaments mais aussi des infections liées aux soins.
Les auteurs citent plusieurs exemples : un enfant de 10 ans dont la fracture du radius s'est déplacée sous un plâtre trop lâche ; un patient de 73 ans hospitalisé à cause d'une perforation du colon suite à une coloscopie ; une patiente de 59 ans dont la thrombose veineuse a été prise en charge trop tard
et qui a fait une embolie pulmonaire, une méningite suite au non-respect de procédures d'hygiène durant un accouchement...
Certes, il faut souligner que le risque zéro n'existe pas en matière médicale comme ailleurs. Pour réduire au minimum ce nombre, une mobilisation de l'ensemble des professionnels de santé est nécessaire. Les auteurs soulignent ainsi que la priorité doit être la lutte contre les infections nosocomiales (un plan a été lancé par le gouvernement en 2004) et les erreurs médicamenteuses.
Source : Doctissimo, (décembre 2006).
Les histoires sont aussi multiples que différentes. Les mésaventures des victimes sont aussi étranges qu'étonnantes. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent.
Dans un passé très récent, la presse nationale a relaté plusieurs cas de ce que les victimes qualifient d'«erreurs médicales» de la part de leur médecins. (Nous ne les appellerons pas ainsi avant la décision finale du tribunal).
Il s'agit notamment de l'affaire du petit Abdellah (13 ans) de la ville de Benslimane dont le père accuse un médecin d'avoir opéré son fils pour une fausse appendicite. Selon le père de la victime, le médecin a prétendu qu'il avait procédé, contre 7.000 DH en pièces sonnantes et trébuchantes, à l'ablation de l'appendice du patient.
Quatre mois après, Abdellah souffrait des mêmes symptômes dont il souffrait avant l'opération.
Après un deuxième diagnostic au Centre universitaire Ibn Rochd à Casablanca, le résultat avait eu l'effet d'une bombe: le patient n'a jamais subi d'ablation de l'appendice. Autre cas dévoilé par la presse récemment, celui d'une quinquagénaire à Fès. Opérée dans une clinique pour un cancer de l'utérus, la femme avait souffert le martyre pendant deux mois à cause de douleurs atroces qui déchiraient ses entrailles. La plaie n'a également pas cicatrisé. Après une deuxième opération effectuée dans la même clinique, les chirurgiens ont découvert l'existence, à l'intérieur du ventre de la malheureuse, d'une serviette oubliée après la première opération. Sans commentaire.
Comment procéder quand on soupçonne qu'on est victime d'une erreur médicale, quels sont les recours et les chances des victimes d'avoir gain de cause? L'affaire n'est pas aussi simple que cela. Bien au contraire, ceux qui ont déjà souffert ce calvaire préviennent, non sans amertume, que cela relève du parcours du combattant. «Bienvenue en enfer», semblent-ils tous dire. Haj Mustapha, dont la sœur a été victime d'une erreur médicale, raconte: «Pendant l'accouchement, le nouveau-né de ma sœur a décédé succombant à une profonde blessure au crâne, provoquée par l'ongle de la sage femme». Et de poursuivre: «Les collègues de la coupable et les responsables de l'hôpital avaient essayé de camoufler l'affaire. Mais, c'était sans compter avec ma ferme volonté d'établir le droit de ma sœur et de son bébé mort-né.
J'avais provoqué un tollé et contacté toutes mes connaissances bien placées pour que les responsables me disent enfin la vérité». Même s'il a gagné son procès contre la sage femme, Haj Mustapha garde toujours comme un os en travers de la gorge. «Outre le fait que la coupable a quitté le Maroc avant le verdict (elle a été condamnée par contumace à huit mois de prison ferme), les victimes sont toujours obligées de batailler contre vent et marrée pour avoir leurs droits, ce qui n'est pas du tout normal», s'insurge-t-il.
Si Haj Mustapha a quand même eu, ce qu'il appelle «une demi-victoire», d'autres victimes n'ont jamais pu avoir l'ombre d'une quelconque réparation.
C'est le cas, entre autres, de feue Wafae de Rabat. Selon le frère de la défunte, cette dernière suivait, dans une clinique r'batie, des séances de chimiothérapie après une opération pour un cancer du sein. Une carence en potassium, au moment de la chimiothérapie, lui a été fatale. «Avant son décès, elle avait des diarrhées aigues et elle vomissait abondamment. Même après les analyses, son médecin traitant lui a confirmé que ce n'était pas grave et qu'elle pouvait poursuivre sa chimio sans problème. Ce faux diagnostic lui a coûté la vie», estime le frère. «Après sa mort, personne n'a voulu nous aider ou nous orienter. Les responsables de la clinique ont apparemment tout fait pour étouffer l'affaire. L'avocat aussi n'a pas été à la hauteur», considère-t-il. Et des exemples pareils sont innombrables.
Mais, pourquoi les victimes sont-elles souvent lésées? Pour Mohamed Naciri Bennani, médecin et président du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), le problème réside d'abord dans la complexité de l'identification de l'erreur médicale. «L'erreur médicale est très complexe et le code de déontologie médicale actuel est très ancien (il date de 1953) et compte beaucoup de lacunes», estime-t-il. Selon lui, la médecine est complexe parce qu'en aucun cas, et contrairement à toutes les autres professions, on ne peut avoir une obligation de résultat. «Les corps humains sont tellement différents les uns des autres qu'aucun malade ne réagit de la même manière à tel ou tel médicament ou tel ou tel traitement». En revanche, poursuit le président de la Snmsl, il y a une obligation de moyens. «Le médecin est obligé d'utiliser les moyens nécessaires pour assurer la sécurité du patient. Un acte médical doit être sécurisé».
Outre les moyens techniques, il faut aussi assurer les moyens humains. D'où la nécessité de la formation continue des médecins et de leur mise à jour avec les nouvelles techniques et le savoir-faire à l'échelle internationale. «La médecine évolue d'une façon tellement rapide que ce qui se pratiquait il y a cinq ans n'est plus valable aujourd'hui», affirme Bennani. Malheureusement, au Maroc, la formation médicale continue fait gravement défaut. «Seules des rencontres financées par des laboratoires dans un but marketing pour l'industrie pharmaceutique sont organisées de temps à autres», souligne-t-il.
Même quand l'erreur, la faute ou la négligence médicale est identifiée, les victimes peinent à faire valoir leur droit. Pour Bennani, l'inertie de l'ancien Ordre des médecins y est pour beaucoup. «Chaque fois qu'un citoyen croit qu'il est victime d'une erreur ou d'une négligence médicale, il doit y avoir une instance proche de lui, constituée d'experts dans le domaine (des médecins) qui a la possibilité de constituer des commissions multidisciplinaires, pour étudier le dossier et donner un jugement.
Le tribunal doit faire appel à l'ordre qui doit être présent dans les différentes étapes du procès», indique-t-il. Malheureusement, poursuit Bennani, notre Ordre a connu une longue période de léthargie. C'est pour cela que le Maroc a besoin d'un Ordre fort, capable de défendre les victimes des erreurs médicales. Et pour cela, il faut lui en donner les moyens. «Outre les médecins expérimentés, l'ordre doit comprendre plusieurs juristes. 65% des personnes qui travaillent dans l'Ordre national français sont des juristes professionnels et y travaillent à plein temps», indique Bennani. Toutefois, Bennani reconnaît que l'erreur médicale discutée dans les médias est traitée d'une manière «qui n'est pas correcte». «La fréquence des procès n'est pas synonyme de la fréquence des erreurs», renchérit Mohamed Hafiani, chirurgien urologue. Et d'expliquer: «Les erreurs existent, mais elles sont rares. D'où leur caractère exceptionnel. Les gens prennent les effets secondaires, les complications ou les aléas thérapeutiques pour des erreurs».
Pour Mohamed El Cohen, chirurgien et président de l'Association marocaine de chirurgie viscérale (AMCV), cette situation est due à plusieurs facteurs. D'abord, explique El Cohen, il y a un manque de communication de la part des médecins qui n'expliquent pas aux patients les tenants et les aboutissants d'un acte médical, ce qui fait qu'un simple aléa thérapeutique, un effet secondaire ou une simple complication peuvent être pris par le patient pour une erreur médicale.
L'Etat est également responsable de cette situation, puisqu'il n'y a pas un cadre juridique de recours. Et qui dit Etat, dit Ordre des médecins, ajoute El Cohen. «Ce dernier ne jouait pas parfaitement son rôle. Mais, avec l'arrivée de la nouvelle équipe, il va sûrement le faire dans l'avenir», affirme le président de l'Amcv.
Les médias ne sont pas en reste dans cette confusion. Ils ont également leur part de responsabilité, estime El Cohen. Selon lui, ces derniers doivent informer d'une façon correcte. «Il faut absolument qu'il y ait un contact efficace et une information constructive, pour que le malade puisse comprendre ce qu'on lui fait. Le malade a le droit de savoir et le médecin à le devoir de répondre au malade», insiste
El Cohen.
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Expertise, l'aberration
Lors des procès relatifs aux erreurs médicales, le juge a le droit de désigner un expert pour les besoins de l'affaire. Sauf que, selon plusieurs praticiens, ces choix ne sont pas toujours heureux. «Je crois savoir que ces désignations ne répondent pas souvent à des règles strictes», souligne Mohamed El Cohen.Selon lui, les juges ont même parfois désigné des médecins qui ne sont pas dans la spécialité. Un dermatologue pour un problème de chirurgie digestive par exemple. «Ce qui représente une aberration, qui peut générer énormément de problèmes», avance ce chirurgien. Un expert assermenté près les tribunaux confirme.
«C'est l'une des erreurs qui empêchent les victimes des erreurs médicales d'avoir gain de cause et de faire valoir leurs droits. Personnellement, j'ai à plusieurs reprises été désigné pour des affaires qui ne font pas partie de mon domaine de compétence», reconnaît cet expert. Autre carence: le juge désigne des médecins qui ne sont pas au top de la technologie, voire qui ne sont pas très compétents pour ce genre d'opération. «Ce sont les victimes qui en pâtissent», indiquent plusieurs professionnels.
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L'erreur médicale sous d'autres cieux
Entre 315 000 et 404 000 hospitalisations sont liées chaque année à des erreurs, des événements indésirables ou des effets secondaires liés aux soins ! C'est la conclusion d'un rapport publié par l'Institut français de Veille Sanitaire. Cela représenterait ainsi 4 % de tous les séjours en hôpital.Les auteurs soulignent que 125 000 à 205 000 de ces hospitalisations auraient pu être évitées. Plus grave, près d'un tiers de ces événements ont menacé le pronostic vital des malades.
Parmi les causes de ces hospitalisations, on trouve non seulement des actes chirurgicaux ou d'exploration, des médicaments mais aussi des infections liées aux soins.
Les auteurs citent plusieurs exemples : un enfant de 10 ans dont la fracture du radius s'est déplacée sous un plâtre trop lâche ; un patient de 73 ans hospitalisé à cause d'une perforation du colon suite à une coloscopie ; une patiente de 59 ans dont la thrombose veineuse a été prise en charge trop tard
et qui a fait une embolie pulmonaire, une méningite suite au non-respect de procédures d'hygiène durant un accouchement...
Certes, il faut souligner que le risque zéro n'existe pas en matière médicale comme ailleurs. Pour réduire au minimum ce nombre, une mobilisation de l'ensemble des professionnels de santé est nécessaire. Les auteurs soulignent ainsi que la priorité doit être la lutte contre les infections nosocomiales (un plan a été lancé par le gouvernement en 2004) et les erreurs médicamenteuses.
Source : Doctissimo, (décembre 2006).
