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Les cinq travaux de Abbas El Fassi

Personne ne dira le contraire : le Premier ministre est un homme politique ouvert et ne se prive jamais de répondre aux interrogations des journalistes. Tous ceux qui en ont fait l'expérience confirmeront que Abbas El Fassi n'a pas changé son numéro de portable. Le Secrétaire général du parti de l'Istiqlal qu'il était et qu'il continue d'être étanche, en homme politique aguerri, la soif d'en apprendre plus, que ce soit sur sa formation ou encore sur la marche de l'Exécutif.

Les cinq travaux de Abbas El Fassi
C'est d'ailleurs dans ce même esprit d'ouverture et de communication qu'il a anticipé les 100 jours pour recevoir, à la résidence de la Primature, qui était occupée par Abderrahmane Youssoufi du temps qu'il était Premier ministre, une belle brochette de représentants des médias nationaux et certains responsables des bureaux de la presse arabe établis au Maroc.

Une occasion en or pour le chef de l'Exécutif pour avancer les sujets inscrits au fronton des préoccupations du gouvernement. Certes, les présents n'ont pas eu droit à des scoops, mais les engagements pris dans la déclaration de politique générale ont été réitérés ce mardi 29 janvier. Abass El Fassi a toutefois, et contrairement à la ribambelle de projections de la déclaration gouvernementale, eu l'intelligence de recadrer les priorités. Question, semble-t-il, de dépasser le sobriquet qui avait collé à ces mêmes projections lorsqu'elles ont été considérées comme un chapelet de souhaits.

On retiendra, ainsi, que le gouvernement compte surtout s'attaquer à cinq grands chantiers. Il s'agit, par ordre d'apparition, de la justice, de l'enseignement, de l'agriculture, du développement rural, de la bonne gouvernance et de son pendant, relatif à la lutte contre la corruption. Tout un programme, en fait, qui se recoupe avec de réelles préoccupations qui donnent des cheveux blancs aux détenteurs de la décision dans le pays.

Commençons par le commencement : la justice, chantier ouvert depuis belle lurette déjà, mais qui est resté pratiquement en friche. Autant dire que Abdelouahed Radi, qui, à l'en croire, a ses idées bien en place pour changer le visage d'une justice qui peine à avoir le crédit des justiciables. Pas uniquement, les justiciables de «tous les jours» mais de ceux dont l'impact ne manque pas d'influer sur la marche même des affaires. Les moyens mis à la disposition de ce département, déclinés d'ailleurs, dans la loi de Finances, militent en faveur d'une approche qui se veut en rupture avec certains tergiversations d'antan. Ce n'est pas que la justice n'a pas eu l'intérêt qu'elle mérite, mais juste que des poches de résistance ont eu raison des démarches retenues auparavant. Reste à savoir, maintenant, si cet engagement ira jusqu'au bout de la logique annoncée pour rendre notre justice aussi «compétitive» qu'on le souhaite. La même interrogation s'impose, également, par rapport à l'enseignement.


Voilà un secteur qui dispose, pourtant, d'une feuille de route on ne peut plus claire, notamment par le truchement de la Charte nationale, qui avance, cahin caha. Le bilan est on ne peut plus décevant, en effet, lorsqu'on prend en ligne de compte le peu de réalisations concrètes engrangées depuis le lancement de la «décennie de l'éducation et de la formation», car, à part les statistiques mises en circulation quant au processus de généralisation de l'enseignement, tout porte à croire que la logique des chiffres l'emporte sur tout le reste.

On en a pour exemple le poids de l'abandon scolaire, la légèreté avec laquelle on aborde le secondaire, les lycées et l'enseignement supérieur, l'omission d'une réelle mise en adéquation entre l'offre «formative» et les débouchés, sans parler de la recherche scientifique…Et la liste des carences qu'il va falloir endiguer n'est pas exhaustive. Il est évident que des efforts ont été consentis, sans pour autant donner les résultats escomptés. C'est dire que la tâche du ministre Ahmed Khchichen, qui fait ses jours-ci, la tournée des académies pour expliciter au mieux la démarche à suivre, est des plus ardues. Elle l'est d'autant plus que le vent de la revendication, porté par les centrales syndicales, qui souffle de manière intermittente sur le secteur, n'est pas pour faciliter les choses.

Pas non plus facile, ce qui attend Aziz Akhenouch qui devra mener deux batailles de front. D'une part l'agriculture et de l'autre, de façon transversale, le développement rural. Le ministre, qui a hérité un amas d'insuffisances et des espoirs non-honorés, aura bien du grain à moudre. D'ailleurs, il paraît que sous peu, A.Akhenouch mettra les dernières retouches à une nouvelle stratégie, sous la forme d'une branche de l'arbre Emergence, pour sortir le secteur du tunnel d'une démarche, par trop marquée par la précipitation et les effets d'annonce, qui a prouvé son incapacité de changer la donne. Et last but not least, vient la grosse épine de la bonne gouvernance.

Un terme qui induit plus d'une interprétations et qui reste encore à définir, pas uniquement en tant que concept (on en connaît bien des déclinaisons), en termes d'actions à mener, qui sont, qui plus est, à même d'y mettre du sens. A.El Fassi en retient l'épine par excellence : la corruption. Une gangrène qu'on ne peut plus se permettre d'attaquer à coup de millions par le truchement de campagnes de sensibilisation.

Or, à ce niveau-là, il s'agit du domaine de la transversalité par excellence, puisqu'il engage la responsabilité partagée entre plusieurs départements ministériels, sans perdre de vue la nécessaire synergie avec la société civile. C'est dire que le gouvernement El Fassi est appelé, là aussi, à rompre avec les discours, pour passer à l'acte.
Le fait qu'il s'engage, devant les médias, à prendre la problématique à bras le corps est une bonne chose. Le mieux sera d'agir sans attentisme aucun, pour aller au vif du sujet.
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