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Quand le sacré prend forme

Mois sacré, mois de jeûne et de piété, Ramadan n'est pas perçu par tous de la même manière. En dépit de quelques constantes qui font l'unanimité, le regard que jettent les âmes sur cette période du calendrier de l'hégire varie selon leurs affinités.

Quand le sacré prend forme
Et quand il s'agit d'artistes, cette perception est encore plus particulière, ces êtres étant dotés d'une sensibilité singulière.
Alors comment les artistes abordent les problèmes spirituels et quel impact cette approche exerce sur leur art ?

C'est justement la question que s'est posée Abderrahmane Ouardane, président de l'Association Arkane. Une interrogation ou plutôt une invitation adressée aux artistes, toutes disciplines confondues, pour méditer sur cette thématique et proposer aux amateurs des arts des œuvres qui s'éloignent du réalisme et qui versent dans une représentation du sacré répondant à leur propre perception.

Ont répondu présents à cet appel de grands noms de la peinture, de la sculpture, de la gravure et de la photographie. Les œuvres de ces passeurs de spiritualité fleurent bon le sacré et sont riches en signes, allégories, calligraphie et symboles. Le temps d'une exposition, Nabili, Abdellah Hariri, Tibari Kantour, Abdelhay Mellakh, Banana, Malika Agheznay, Rahima Ech Chahed, Saïd Housbane, Khalid Achaari, Alioua, Said Raji, Khalid Bayi, Wafaa Mezouar, Houssein Miloudi, Tayeb Seddiki, Issa Ikken, Rim Laabi, Aziz Sayed et Abderrahmane Ouardane exposeront côte à côte avec des jeunes talents qui ne demandent qu'à faire éclater au grand jour leur talent et leur savoir-faire.

«Des créatifs qui usent du langage de la spiritualité pour faire chanter les âmes», c'est en ces termes que A. Ouardane les qualifie avant d'expliquer plus en détail la mission qui leur sera assignée. «Ils exposent leurs œuvres durant la période du jeûne, en ce moment même, où le rôle de l'artiste est d'apporter aux hommes la trace de leurs croyances et de les aider à se rapprocher davantage de leurs idéaux sacrés et de vivre avec plus d'intensité leurs adorations spirituelles. L'un des enjeux de cette exposition est d'essayer de mettre en lumière la relation entre l'art moderne et la spiritualité. Comment nos artistes communiquent avec le sacré et quels recours font-ils au signe pour exprimer le spirituel, cet état d'âme qui se manifeste toujours comme une réalité d'un tout autre ordre que la réalité naturelle.»

C'est dire que la communion sera au rendez-vous. En exprimant leurs émotions et en recevant celles de l'autre, le dialogue et l'échange seront à leur comble. Plus qu'une simple exposition, cet événement se veut un moment privilégié d'élévation et de transcendance, un élan vers les firmaments de la quiétude.

Cette transcendance, ce sont justement les signes qui peuplent les toiles et les formes des sculptures qui les communiquent, chaque artiste, dans l'art et la manière, que lui dicte son inspiration. Kahlid Bayi, jeune peintre, a trouvé sa muse dans la lettre arabe. Il met de côté sa fonction en tant que moyen de communication, il n'en garde que la forme. Ce qui importe pour lui c'est le signe qu'elle représente. «L'œil absorbe la forme de la lettre. Ce qui m'intéresse, c'est son architecture que je place dans un espace toile. Et c'est cette harmonie qui donne le caractère sacré à ce signe et à la toile tout entière», souligne l'artiste. Sur des fonds en tourbillon, les lettres sont déployées, éparpillées dans une composition qui leur donne vie. On a l'impression d'avoir affaire à des êtres humains. «Elles sont l'ombre d'une civilisation arabe révolue. Elles sont nous», affirme Khalid Bayi.

Si ce dernier a élu la lettre pour figurer sur son œuvre, les autres artistes qui participeront à cette exposition ont trouvé d'autres vecteurs qu'ils exploiteront chacun selon son affinité pour finalement emprunter la même voie, celle de la spiritualité et de l'art. Une manifestation d'une telle intensité ne pourrait avoir lieu dans quelque lieu ordinaire. Il fallait que tous les éléments de la spiritualité soient réunis pour réussir cette entreprise mystique. Aussi, c'est dans l'enceinte de la cathédrale Sacré Cœur à Casablanca que les œuvres seront exposées du 19 septembre au 10 octobre sous l'intitulé «Langage sacré des signes». Nul espace n'est plus approprié pour accueillir cette grande fête des arts qui célèbre en beauté le mois sacré du Ramadan.
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Un programme varié

L'exposition «Langage sacré des signes» propose parallèlement un programme riche et diversifié qui traduit à travers ses axes d'animation quelques facettes représentatives de la culture plurielle du Maroc. Une première soirée poétique est prévue le vendredi 19 septembre à 22 h avec Ahmed Tayeb Laâlej, Fatiha Mourchid et Mohamed Derham, avec des intermèdes (solo oud, solo kanoune, duo oud kanoune). Une conférence de Hassan Nejmi autour du thème : «La place du sacré dans la Aita» aura lieu le samedi 20 septembre à 21h avec une animation de Hassan Habibi, Laasibi et la troupe Aita.

Un rendez-vous à noter est celui du débat autour du «Langage du sacré dans l'art» animé par Faouzi Skalli, Moulime Laâroussi et Touriya Ikbale le mardi 23 septembre avec des illustrations (lectures de textes avec Ahmed Lakhlii, chants sacrés présentés par la troupe Souhoum, Hajhouj Gnaoui), lectures sacrées multi langues avec accompagnements d'instruments à corde (textes en berbère accompagnés du « Rbab», textes en Hassani accompagnés du «Centir»,textes en arabe accompagnés en luth/kanoune, texte en français accompagnés du violon, textes en anglais accompagnés de la guitare), composition musicale et improvisations sacrées, poètes en verve : Ahmed Lamsiah, El Attar, Mohamed Ben Aguida le vendredi 26 septembre, cérémonie de clôture et hommage à l'artiste peintre Abdellah Hariri, le vendredi 10 octobre.
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