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Accueil next Spécial Marche verte

Du conjugal à hauts risques

La tromperie est souvent fatale. Qu'elle soit commise dans les affaires, entre associés, entre amis ou entre frères et sœurs, elle est souvent de nature à rompre des liens de confiance tissés, parfois, des années durant.

Du conjugal à hauts risques
L'acte a la latitude de séparer même des siamois, lorsque l'un trahit la confiance de l'autre, d'une manière ou d'une autre. Les dégâts restent cependant limités, car l'une ou l'autre des parties tourne des talons et prend une autre direction, reléguant le tout au statut de mauvais souvenir. Parfois même, l'on finit par pardonner et trouver une explication au comportement reprochable de l'autre.
Dans un couple, les choses prennent une autre dimension. Chez nous, la chose a sa propre particularité.
En effet, quand c'est l'homme qui revêt la casquette du «dernier à être mis au courant» - une autre façon de dire «cocu»- les choses prennent généralement des tournures dramatiques.

Pour quelles raisons ? Personne ne le sait, à part le fait qu'il s'agit là d'un lourd héritage culturel, gravé dans du marbre et faisant bénéficier l'adultère de la célèbre notion de «deux poids, deux mesures».
De facto, dans la mentalité masculine, et même dans celle de certaines femmes, un homme qui trompe son épouse est un homme, plutôt, un peu léger sur les bords et qui finira par rentrer dans les rangs, sans plus. La situation devient, par essence, sans gravité à proprement parler. «C'est un homme après tout», est une célèbre formule que tout le monde a dû entendre un jour.

En revanche, une femme adultère est considérée comme une femme qui a commis le crime le plus odieux de l'histoire de l'humanité. Une personne exécrable, juste bonne pour le bûcher, pire qu'Adolf ou que Caligula. De la foutaise, bien entendu, puisque le sentiment provoqué par la tromperie a les mêmes répercussions négatives et la même amplitude, aussi bien chez l'homme que chez femme.
Fort heureusement que la justice divine est là pour le rappeler et pour faire une petite mise au point quant au degré de gravité de l'acte : le châtiment pour une personne adultère, qu'elle soit de sexe masculin ou féminin, est en effet pareil. De même, fort heureusement que notre justice ne fait pas de distinction entre l'acte au masculin et au féminin : les risques encourus étant les mêmes pour les deux sexes. Voilà de quoi cadrer les choses. Sans aucun doute, le prologue était plutôt, disons, un peu long, mais bon, on est au moins sûr que le reste le sera moins !
Rachid venait de quitter le centre pénitentiaire Oukacha de Casablanca. «Vive la liberté!», après six mois passés derrière les barreaux.

Sauf que certains s'y habituent, à ces satanées barres métalliques, au point de tout faire pour les retrouver au plus vite. C'est notamment le cas de Rachid qui, bien avant sa libération, ne pensait qu'à ça. Pas directement, certes, mais d'une autre manière.

«Tu en as pour six mois de prison, c'est ça ? Cela fera six mois de liberté pour ta femme qui s'enverra en l'air avec le premier venu durant toute cette période», lui dira l'un de ses codétenus lors d'une discussion, juste après avoir rejoint la case «prison». La formule allait travailler Rachid, au point de devenir une véritable obsession durant son séjour à l'ombre. Cependant, cela allait lui causer une hantise double, puisque Rachid n'avait pas qu'une épouse extra-muros, mais aussi une maîtresse. Du coup, dans son esprit, les deux bonnes dames vivaient le grand bonheur pendant qu'il purgeait sa peine. Autre particularité de l'histoire de Rachid, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, sa femme et sa maîtresse vivaient sous le même toit. Une situation qu'il a pu imposer d'abord à son épouse, puis à sa maîtresse, usant pour cela des deux uniques arguments qu'il possède : sa tyrannie et sa cruauté.

Six mois plus tard, Rachid est libre de ses actes et déplacements, mais une haine incommensurable le submerge. Il ne pouvait penser à autre chose qu'à ce que les deux femmes de sa vie auraient pu faire durant son absence. C'est très déplacé de la part de quelqu'un qui a le culot d'avoir une épouse et une maîtresse, d'une part. Encore pire de la part de quelqu'un qui leur a imposé d'être ensemble sous le même toit. Mais c'est une mentalité ; l'homme, c'était lui, les femmes, c'étaient elles. De plus, rien ne prouvait que les deux bonnes femmes soumises du joug de l'autoritarisme s'adonnaient aux plaisirs du libertinage durant son incarcération. Mais si un malfrat de son espèce le lui avait dit, cela ne pouvait être que vrai, devait-il penser.

Quelques jours après sa libération, Rachid rentrera très tard avec un peu de sang dans son alcool. À l'attention des enquêteurs de la police judiciaire qui l'interrogeaient, il racontera que, ce soir-là, il ne tenait plus sur ses jambes, qu'il est rentré chez lui et qu'il s'est dirigé vers sa chambre à coucher où il s'est assoupi, sans prêter attention à quoi que ce soit.
Les faits diront autre chose. En effet, le lendemain, au réveil, Rachid avait le sentiment d'avoir une enclume sur la tête. Pendant qu'il recouvrait sa lucidité, il passa en revue la soirée bien arrosée, la veille, avec ses vieux potes. Il se souvient aussi que des joints avaient circulé durant cette veillée. Il eut un sourire en pensant à ce passé trop récent, trop agréable. Il avait besoin d'un café pour calmer un peu ses maux de tête, gueule de bois oblige.

Avec beaucoup de bonne volonté, il sortit du lit, effectua quelques pas jusqu'à la porte de la chambre, avant de stopper net, comme foudroyé. Deux cadavres ensanglantés gisaient par terre, le premier étant celui de son épouse, tandis que le deuxième ne pouvait être que celui de sa maîtresse. Les deux femmes avaient été sauvagement défigurées, au point d'être difficiles à identifier.
Subitement, d'autres souvenirs à la violence inouïe remontèrent à la surface. Une série de flashs lui rafraîchit la mémoire. Rachid reconnut aussi l'arme du crime, ce gros bâton taché de sang, posé à l'entrée de la chambre à coucher, qu'il avait récupéré la veille dans la nature en rentrant chez lui.

Réalisant que son obsession avait eu le dernier mot, il enfilera rapidement quelques vêtements, sortit en trombe et quitta la ville. Il y sera de retour, après quelques jours de cavale seulement, avec des menottes autour des poignées.
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Règlement de compte au féminin

Ils venaient de convoler en justes noces. Une belle fin pour une histoire d'amour, sauf que ce n'était que le début de la fin. Cet enchantement continuera de prendre de l'envergure et connaîtra son apogée avec l'arrivée au monde d'un premier enfant.
Leur vie prendra une autre dimension : c'était la course aux prénoms, aux premières nécessités de bébé, aux petits soins à longueur de journée… bref, leur bonheur décupla d'une façon exponentielle.

Les jours passèrent, le bébé faisait déjà ses premiers pas quand Halima accoucha d'un deuxième enfant. Ce dernier ne bénéficiera pas d'une attention de la même intensité que son frère aîné de la part du «chef de clan». C'est que, depuis quelques mois déjà, la vie du couple avait amorcé sa phase de routine. De petites rixes ponctuaient leur existence et se faisaient de plus en plus fréquentes. Le deuxième bébé commençait à pousser alors que son père se faisait de plus en plus tardif quant au retour au domicile conjugal. Mourad s'est découvert une nouvelle passion: les femmes. Parfois, il ne rentrait chez lui qu'au petit matin.
Les petites investigations de Halima lui feront découvrir le pire : Mourad n'avait pas une seule, mais plusieurs maîtresses. Elle tomba des nues et souffrit, durant longtemps, en silence. Un jour, elle décida de secouer le cocotier. N'ayant pas fermé l'œil cette nuit-là, elle guettait l'arrivée de son époux pour aborder la discussion. Ce sera chose faite. Mourad ne dira pas grand-chose, marquant un comportement s'assimilant à du regret. Son épouse en était plus que ravie, prête à tout absoudre.

Le calme s'installa, plus d'un mois durant, avant la tempête. Mourad avait fini par renouer avec ses habitudes, rentrant très tard le soir. La vie de tous les jours s'envenima à nouveau. Un soir, Mourad rentrera beaucoup plus tôt que d'habitude. Il convoqua sa femme à la chambre à coucher et lui annonça son intention de se marier. Une énième dispute éclata, la pire sans doute, puisqu'on en était venu aux mains.

Mourad dormait déjà. Cela ne pouvait être le cas pour sa femme. Dans son sommeil, Mourad prendra de plein fouet un mortier traditionnel en cuivre dans la gueule. Le coup était tellement violent qu'il lui occasionna plusieurs fractures crâniennes mortelles.
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