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Les chasseurs “lavent leur linge sale”

Il a fallu attendre plus d'une cinquante d'années pour que la Fédération royale marocaine de la chasse (FRMC) pense à réunir l'ensemble de ses troupes.

Les chasseurs “lavent leur linge sale”
Ainsi, en partenariat avec le Haut Commissariat aux eaux et forêts et la lutte contre la désertification (HCEFLD), la fédération a organisé récemment à Rabat, la première Journée nationale du chasseur. Un rendez-vous qui a pour objectif d'informer les acteurs et les partenaires de la chasse des nouvelles dispositions réglementaires et des grandes orientations du projet directeur de la chasse, nouvellement initié par le HCEFLD. Cette journée a été également l'occasion de récompenser les meilleurs gardes fédéraux pour le mandat qui vient de prendre fin. Ceci afin d'encourager cette catégorie de chasseurs à lutter contre le braconnage qui représente avec la sécheresse les grandes menaces pour le gibier.

Lors de ces grandes retrouvailles, où aucune chasseuse n'a malheureusement été présente, les chasseurs n'ont pas ménagé les instances dirigeantes. «Il est temps de lancer un audit pour savoir ce qui se passe au Conseil supérieur de la chasse»…. «Notre fédération doit renouveler ses instances et se pencher par ailleurs sur le dossier des gardes fédéraux qui usent et abusent»… «Un massacre de gazelles s'effectue à la frontière maroco-algérienne et personne n'en parle», se sont accordés à répéter plusieurs participants.
Selon ces derniers, la fédération devra mettre en place un téléphone vert pour s'informer davantage sur ce qui se passe dans ce secteur qui connaît plusieurs aberrations.

«En ce même moment où nous sommes réunis ici, je peux vous assurer que des chasseurs, sans scrupules, sont en train de commettre un autre massacre du gibier parce qu'ils savent que les gardes fédéraux participent à cette réunion», affirme, dans les coulisses, un chasseur qui estime que la filière a besoin de l'aide des médias pour plus de sensibilisation. Un autre participant s'interroge sur le sort réservé aux procès- verbaux dressés par les gardes fédéraux. Selon lui, presque tous ces PV se perdent dans les rouages administratifs, faute de suivi. «Aujourd'hui, ils proposent aux services des communes rurales de faire le suivi de l'exécution de ces jugements. Mais comme ces derniers manquent cruellement de moyens, certains responsables se cachent derrière une formule magique: la personne concernée n'habite plus la même adresse», explique-t-il.

Au-delà de ces problématiques, l'avenir du gibier a été le point le plus important de cette journée. La menace qui pèse sur certaines espèces est aggravée par la conjugaison de plusieurs facteurs défavorables, telle la sécheresse devenue structurelle et qui entraîne la réduction de la faune sauvage, l'accroissement démographique qui induit des pressions sur l'exploitation des ressources naturelles et particulièrement de la faune sauvage ainsi que l'utilisation de pesticides dans l'agriculture. Par ailleurs, la rencontre a été marquée par la présentation des grandes lignes du Plan directeur de la chasse 2006-2015, dont la principale disposition oblige tout nouveau chasseur à passer un examen pour avoir son permis de chasse. C'est le HCEFLD qui sera responsable de l'organisation de cet examen qui comprendra une partie théorique et une autre pratique.

Rabat, Tanger et Marrakech ont été choisies pour abriter les premiers centres d'examen avant de les généraliser après sur l'ensemble du territoire. Ce Plan directeur prévoit également l'ouverture d'autres espaces de chasse, la lutte contre la chasse avec le «sloughi » (lévrier d'origine marocaine) et le faucon.
Il faut savoir que quelque 60% du gibier prélevé résultent d'une chasse illégale. «Les coupables ne respectent ni la date d'ouverture ni de fermeture de la saison de la chasse. Ils opèrent toute l'année et représentent ainsi un grand danger pour le gibier, notamment le lièvre et la perdrix», explique un représentant de la fédération.
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Quelque 24.000 espèces

La chasse constitue à la fois un outil de développement social et un facteur de développement durable. En effet, ce secteur permet la création d'emplois en milieu rural d'environ 700.000 jours par an ainsi que le recouvrement par l'Etat d'une recette moyenne annuelle de 60 millions DH, outre ses effets induits sur la restauration, l'hôtellerie, les armuriers et les unités de production d'élevage du gibier. Il contribue également à la protection de l'environnement à travers des aménagements pour le gibier sauvage et une meilleure gestion de la faune.

Toutefois, la préservation et la consolidation des acquis de la chasse nécessitent une coopération encore plus étroite entre les partenaires et les acteurs qui y opèrent, pour atténuer le risque de mettre en péril la survie de nombreuses espèces du patrimoine faunique national. Celui-ci compte environ 24.000 espèces dont 92 mammifères et 334 oiseaux.

Quatre types d'espèces sont déclarés comme gibier pour la pratique de la chasse: grand gibier (sanglier), petit gibier sédentaire (perdrix, lièvre, lapin, faisan, pigeons biset et ramier, alouettes), gibier migrateur terrestre (caille des blés, tourterelle des bois, bécasse des bois, pigeon colombin, grives) et gibier migrateur d'eau (oie, canard, sarcelle, bécassine, etc.).

La chasse regroupe quelque 40.000 détenteurs de permis de chasse dans notre pays, dont 35.000 qui pratiquent régulièrement cette activité, soit dans des espaces libres (environ 30.000 chasseurs), soit dans des espaces
amodiés (environ 6.000 chasseurs opèrent dans 421 lots qui représentant 6% de la superficie totale dédiée à la chasse). Quelque 31 sociétés sont également dédiées à la chasse touristique, qui draine chaque année un millier de chasseurs étrangers, et qui opèrent dans des lots amodiés d'une superficie globale
qui représente environ 3,6% de la superficie ouverte à la chasse.
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