Le thème est on ne peut plus d'actualité. Il est au cœur, depuis quelques temps, des débats et des rencontres entre religieux, hommes politiques et de culture. Aujourd'hui, l'idée est de dépasser les discours de salons, de passer à l'action et d'établir une vision d'avenir du dialogue des civilisations. Un dialogue qui exige une connaissance de soi et le respect des valeurs universelles dont la tolérance, la reconnaissance de l'autre et le respect de ses traditions quelles que soient sa religion et sa culture.
La tâche n'est pas aisée. Mais elle n'est pas impossible pour de nombreux intervenants du forum qui s'est tenu du 15 au 17 novembre à Fès sous le signe de «l'alliance des civilisations et des cultures: de la stratégie à l'action». Pour Latifa Akharbach, la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et à la Coopération, l'alliance des civilisations doit, pour constituer un socle pour le développement humain et la paix mondiale, être traduite sur le terrain par la conclusion de partenariats et de projets communs dans les domaines notamment de l'éducation, des médias et de la migration ainsi que par la création d'espaces communs du savoir où l'interculturalité pourra féconder la réflexion et aboutir à l'action.
La préservation de la paix et la sécurité mondiales étant, toujours selon elle, plus que jamais tributaire de la compréhension et la cohabitation entre les religions et les cultures du progrès humain.
La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et à la Coopération a également rappelé dans son intervention, les efforts faits par le Maroc pour la promotion à travers des politiques, les principes de la tolérance, de l'altérité, d'ouverture et de modernité et son engagement international contre toutes les formes d'extrémisme et du rejet d'autrui. « L'alliance des civilisations est enracinée dans notre mémoire, dans nos traditions, dans notre système de gouvernance religieuse, le Maroc s'est investi de manière volontariste pour la réussite du dialogue interculturel, seul à même de défaire les logiques univoques que véhiculent souvent les tenants de la thèse du choc des civilisations et de la confrontation entre les religions et les peuples», ajoute t-elle. Armand Guigui, président du comité des communautés israélites de Fès, Oujda et Sefrou, n'a pas manqué comme toujours, de revenir dans son intervention, sur la présence juive au Maroc datant des premières immigrations de l'Andalousie vers le Maroc ainsi que sur la coexistence des marocains de confessions diverses dans le Maroc, pays de tolérance, de coexistence et de cohabitation entre ses multiples composantes ethniques, sociales, culturelles et religieuses. Pour Xavier Guerrand-Hermès, président de la Fondation Guerrand-Hermès pour la paix, l'union ne peut se faire que dans l'équilibre de nos similarités et différences et la reconnaissance de l'autre réside dans le respect de nos différences.
Du même avis, Abbas El Jirari, conseiller de S.M. le Roi Mohammed VI, a indiqué dans son intervention lors des travaux du Forum, que le dialogue entre les cultures passe nécessairement par l'acceptation de l'autre. « Le dialogue entre les cultures ne peut se réaliser sans l'acceptation de l'autre, avec ses spécificités, son patrimoine, sa religion, son identité et ses différences », précise t-il en insistant sur l'importance de dépasser le cadre théorique à celui de l'application des idées véhiculées dans les rencontres tenues partout dans le monde.
Mission qui incombe selon lui aux responsables des secteurs de la culture, de l'enseignement et de la société civile. Les idées de tolérance, de dialogue et d'ouverture sur l'autre reviennent d'ailleurs de façon récurrente dans les interventions de plusieurs conférenciers lors des travaux de cette rencontre. Pour eux, il est important aujourd'hui d'agir en commun, d'élargir le dialogue aux peuples et aux instances de la société civile afin qu'il soit libéré des idéologies et des calculs politiques étriqués et dissiper les malentendus.
Il s'agit aussi de prévaloir l'idée de la tolérance comme voie de rapprochement et de lutte contre la montée des ignorances et des haines entre les nations et les peuples ainsi que le concept de l'interculturalité pour le développement des relations et des échanges culturels entre personnes, groupes ou communautés de cultures différentes, fondés sur la reconnaissance des droits culturels de chaque groupe ou communauté et où chaque entité peut affirmer sa singularité. C'est la panacée vers un monde meilleur où toutes les religions et cultures cohabitent en harmonie et dans le respect mutuel.
Ce n'est certes pas facile, mais c'est possible si on y croit réellement.
---------------------------------------------------------
La rencontre de Fès, initiée par le Centre marocain Interdisciplinaire des Etudes Stratégiques et Internationales (CMIESI), l'Association «1200-ème anniversaire de la Fondation de la Ville de Fès» et la Fondation «Esprit de Fès», a rendu un hommage à Abdelhadi Tazi, membre de l'Académie du Royaume du Maroc avec l'intervention d'éminentes personnalités marocaines et étrangères.
---------------------------------------------------------------
Interview • anne marie slaughter
Pour le respect de la différence
LE MATIN : Depuis le 11 septembre, les néoconservateurs du Parti républicain dont le président George Walker Bush ont adopté l'analyse du clash des civilisations de Huntington et l'ont transformé en stratégie basée sur une croisade de la civilisation judéo-chrétienne contre l'islam. Qu'en est-il aujourd'hui de cette stratégie notamment avec Barack Obama ?
Anne Marie Slaughter: Je pense que l'idée d'un clash des civilisations était toujours destructive. Mais je ne crois pas que cette idée prédomine dans un pays de plusieurs millions d'immigrés comme les Etats-Unis.
C'est l'arrivée au pouvoir de l'administration de George Bush Jr en 2001 qui donna pleinement légitimité à cette dangereuse idée de clash des civilisations, soutenue par le courant néoconservateur du Parti républicain, spécialement après le 11 septembre.. Aujourd'hui, avec le futur président démocrate Barack Obama, les choses vont sûrement changer. Le changement est d'ailleurs l'un des thèmes fort de sa campagne et ce à tous les niveaux.
Mais nous avons l'impression que le futur président, d'après ses discours, n'est pas très clair concernant la future politique étrangère des Etats-Unis notamment en Moyen Orient ?
Les Etats-Unis sont touchés de plein fouet par la crise financière mondiale en plus d'autres problèmes sociaux comme l'éducation, le chômage. Le futur président aura à faire face à la crise financière mondiale et à de nombreuses autres questions prioritaires de politique intérieure et aider le pays à surmonter les défis. Mais il est fort probable que sa politique étrangère sera différente et donc des rapports différents avec la communauté internationale dont les pays arabes et islamiques et un plus grand engagement en faveur du multilatéralisme.
Outre le politique, que faut-il faire à votre avis pour relancer le dialogue des civilisations ?
Il est important à mon avis aujourd'hui de s'ouvrir davantage sur les autres cultures et civilisations dans le respect de la différence. Cela se fera à travers les rencontres et les forums qui sont des plates formes de dialogue. Mais aussi à travers les moyens de communications et les voyages.
Qu'en est-il des Américains ?
La politique étrangère de Bush a donné une image négative des Etats Unis et a crée une certaine phobie chez les américains qui ont arrêté de voyager dans certaines parties du monde. Aujourd'hui, avec la nouvelle direction de Barack Obama qui est une personnalité très appréciée dans le monde, l'image des Etats-Unis va s'améliorer dans les autres pays et les américains notamment les jeunes vont commencer à voyager et à s'ouvrir davantage sur les autres cultures et à comprendre l'autre... Barack Obama est un homme qui a traversé les civilisations d'Afrique, d'Indonésie et d'Amérique. C'est le symbole de l'Amérique de la diversité ethnique et culturelle.
La tâche n'est pas aisée. Mais elle n'est pas impossible pour de nombreux intervenants du forum qui s'est tenu du 15 au 17 novembre à Fès sous le signe de «l'alliance des civilisations et des cultures: de la stratégie à l'action». Pour Latifa Akharbach, la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et à la Coopération, l'alliance des civilisations doit, pour constituer un socle pour le développement humain et la paix mondiale, être traduite sur le terrain par la conclusion de partenariats et de projets communs dans les domaines notamment de l'éducation, des médias et de la migration ainsi que par la création d'espaces communs du savoir où l'interculturalité pourra féconder la réflexion et aboutir à l'action.
La préservation de la paix et la sécurité mondiales étant, toujours selon elle, plus que jamais tributaire de la compréhension et la cohabitation entre les religions et les cultures du progrès humain.
La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et à la Coopération a également rappelé dans son intervention, les efforts faits par le Maroc pour la promotion à travers des politiques, les principes de la tolérance, de l'altérité, d'ouverture et de modernité et son engagement international contre toutes les formes d'extrémisme et du rejet d'autrui. « L'alliance des civilisations est enracinée dans notre mémoire, dans nos traditions, dans notre système de gouvernance religieuse, le Maroc s'est investi de manière volontariste pour la réussite du dialogue interculturel, seul à même de défaire les logiques univoques que véhiculent souvent les tenants de la thèse du choc des civilisations et de la confrontation entre les religions et les peuples», ajoute t-elle. Armand Guigui, président du comité des communautés israélites de Fès, Oujda et Sefrou, n'a pas manqué comme toujours, de revenir dans son intervention, sur la présence juive au Maroc datant des premières immigrations de l'Andalousie vers le Maroc ainsi que sur la coexistence des marocains de confessions diverses dans le Maroc, pays de tolérance, de coexistence et de cohabitation entre ses multiples composantes ethniques, sociales, culturelles et religieuses. Pour Xavier Guerrand-Hermès, président de la Fondation Guerrand-Hermès pour la paix, l'union ne peut se faire que dans l'équilibre de nos similarités et différences et la reconnaissance de l'autre réside dans le respect de nos différences.
Du même avis, Abbas El Jirari, conseiller de S.M. le Roi Mohammed VI, a indiqué dans son intervention lors des travaux du Forum, que le dialogue entre les cultures passe nécessairement par l'acceptation de l'autre. « Le dialogue entre les cultures ne peut se réaliser sans l'acceptation de l'autre, avec ses spécificités, son patrimoine, sa religion, son identité et ses différences », précise t-il en insistant sur l'importance de dépasser le cadre théorique à celui de l'application des idées véhiculées dans les rencontres tenues partout dans le monde.
Mission qui incombe selon lui aux responsables des secteurs de la culture, de l'enseignement et de la société civile. Les idées de tolérance, de dialogue et d'ouverture sur l'autre reviennent d'ailleurs de façon récurrente dans les interventions de plusieurs conférenciers lors des travaux de cette rencontre. Pour eux, il est important aujourd'hui d'agir en commun, d'élargir le dialogue aux peuples et aux instances de la société civile afin qu'il soit libéré des idéologies et des calculs politiques étriqués et dissiper les malentendus.
Il s'agit aussi de prévaloir l'idée de la tolérance comme voie de rapprochement et de lutte contre la montée des ignorances et des haines entre les nations et les peuples ainsi que le concept de l'interculturalité pour le développement des relations et des échanges culturels entre personnes, groupes ou communautés de cultures différentes, fondés sur la reconnaissance des droits culturels de chaque groupe ou communauté et où chaque entité peut affirmer sa singularité. C'est la panacée vers un monde meilleur où toutes les religions et cultures cohabitent en harmonie et dans le respect mutuel.
Ce n'est certes pas facile, mais c'est possible si on y croit réellement.
---------------------------------------------------------
Centre mondial pour le dialogue à Fès
Les participants au 2-ème Forum mondial sur les civilisations et la diversité culturelle, ont appelé à la création à Fès d'un centre mondial pour le dialogue entre les civilisations, les religions et les cultures. Ce centre devra élire domicile au sein de l'université euroméditerranéene, dont la création a été annoncée lors de la conférence ministérielle, tenue début novembre à Marseille. Ils ont également appelé à la création d'un observatoire mondial des manuels scolaires pour rapprocher les différentes cultures, la publication d'une encyclopédie mondiale sur les civilisations et la diversité culturelle et la participation aux programmes euroméditerranéens sur le patrimoine, dont les assises auront lieu à Marrakech début 2009.La rencontre de Fès, initiée par le Centre marocain Interdisciplinaire des Etudes Stratégiques et Internationales (CMIESI), l'Association «1200-ème anniversaire de la Fondation de la Ville de Fès» et la Fondation «Esprit de Fès», a rendu un hommage à Abdelhadi Tazi, membre de l'Académie du Royaume du Maroc avec l'intervention d'éminentes personnalités marocaines et étrangères.
---------------------------------------------------------------
«S'ouvrir davantage sur les cultures»
Interview • anne marie slaughter
Pour le respect de la différence
LE MATIN : Depuis le 11 septembre, les néoconservateurs du Parti républicain dont le président George Walker Bush ont adopté l'analyse du clash des civilisations de Huntington et l'ont transformé en stratégie basée sur une croisade de la civilisation judéo-chrétienne contre l'islam. Qu'en est-il aujourd'hui de cette stratégie notamment avec Barack Obama ?
Anne Marie Slaughter: Je pense que l'idée d'un clash des civilisations était toujours destructive. Mais je ne crois pas que cette idée prédomine dans un pays de plusieurs millions d'immigrés comme les Etats-Unis.
C'est l'arrivée au pouvoir de l'administration de George Bush Jr en 2001 qui donna pleinement légitimité à cette dangereuse idée de clash des civilisations, soutenue par le courant néoconservateur du Parti républicain, spécialement après le 11 septembre.. Aujourd'hui, avec le futur président démocrate Barack Obama, les choses vont sûrement changer. Le changement est d'ailleurs l'un des thèmes fort de sa campagne et ce à tous les niveaux.
Mais nous avons l'impression que le futur président, d'après ses discours, n'est pas très clair concernant la future politique étrangère des Etats-Unis notamment en Moyen Orient ?
Les Etats-Unis sont touchés de plein fouet par la crise financière mondiale en plus d'autres problèmes sociaux comme l'éducation, le chômage. Le futur président aura à faire face à la crise financière mondiale et à de nombreuses autres questions prioritaires de politique intérieure et aider le pays à surmonter les défis. Mais il est fort probable que sa politique étrangère sera différente et donc des rapports différents avec la communauté internationale dont les pays arabes et islamiques et un plus grand engagement en faveur du multilatéralisme.
Outre le politique, que faut-il faire à votre avis pour relancer le dialogue des civilisations ?
Il est important à mon avis aujourd'hui de s'ouvrir davantage sur les autres cultures et civilisations dans le respect de la différence. Cela se fera à travers les rencontres et les forums qui sont des plates formes de dialogue. Mais aussi à travers les moyens de communications et les voyages.
Qu'en est-il des Américains ?
La politique étrangère de Bush a donné une image négative des Etats Unis et a crée une certaine phobie chez les américains qui ont arrêté de voyager dans certaines parties du monde. Aujourd'hui, avec la nouvelle direction de Barack Obama qui est une personnalité très appréciée dans le monde, l'image des Etats-Unis va s'améliorer dans les autres pays et les américains notamment les jeunes vont commencer à voyager et à s'ouvrir davantage sur les autres cultures et à comprendre l'autre... Barack Obama est un homme qui a traversé les civilisations d'Afrique, d'Indonésie et d'Amérique. C'est le symbole de l'Amérique de la diversité ethnique et culturelle.
