Soit parce que leurs appellations sonnent comme des insultes, en arborant des noms d'animaux, d'objets ou de parties du corps humain, soit parce qu'elles forment parfois une réelle source de complexes et d'intégration sociale!
Une chose est pourtant évidente, le fait de vouloir changer de nom au Maroc n'est pas chimérique… Mais à condition d'évoquer un motif sérieux. C'est le cas de Nawal K. qui souffrait sans répit de la connotation de son nom de famille: «Je suis née dans un petit patelin où le nom de ma famille ne signifiait rien, car les voisins connaissaient mon père et mes arrières grands pères. Pendant une bonne partie de mon enfance, l'idée de vouloir changer mon identité ne frôlait pas mon esprit. Mais tout a commencé lorsque mes parents ont déménagé à Rabat.
Là-bas, tout le monde se moquait de moi, à l'école, au marché, dans les lieux publics, dans la salle de sport. A l'aube de mes 20 ans, je ne pouvais plus supporter les critiques et les insultes qui se faisaient autour de moi. J'ai entamé la procédure et j'ai pu obtenir un nouveau nom». Et oui, tout comme Nawal, plusieurs personnes évoquent diverses raisons pour changer officiellement leurs propres noms ou ceux de leurs enfants. «Mon petit bonhomme n'a pas encore atteint ses 18 ans, je sais que notre nom de famille pourrait lui causer des ennuis à long terme. Pour cette raison je me suis résigné à changer le mien d'abord, puis à l'attribuer à tous mes descendants», témoigne Samir, jeune papa dont le nom de famille a toujours été source de plaisanteries et qui craint que son garçon revive la même chose. En effet, les enfants ne sont pas toujours tendres entre eux, et effectivement un nom de famille particulier sera facilement la source de moqueries. Mais il faut souligner que les bambins qui veulent se moquer d'un autre trouveront toujours moyen de déformer un prénom ou un nom de famille «classique» pour mieux le ridiculiser…
Dans le même contexte, les spécialistes en pédopsychiatrie démontrent que les problèmes d'acceptation de soi peuvent concerner non seulement le physique, mais également le prénom, le nom de famille ou le groupe social, que certains vont rejeter. Ces problèmes narcissiques apparaissent notamment dans les moments de crise telle l'adolescence. Ainsi, si certains noms de famille sont difficiles à porter, c'est dû principalement au ressenti de la personne «sujet» qui est souvent gênée. Néanmoins, plusieurs autres personnes arrivent à vivre avec
leurs noms sans complexe ni amertume.
D'ailleurs si un nom de famille a traversé les siècles jusqu'à aujourd'hui, c'est que plusieurs générations l'ont porté sans forcément en souffrir…
Toutefois, si ce «sacrifice» s'avère accablant, une procédure est mise à disposition des citoyens désirant changer leurs appellations. En effet, «dans notre pays, toute personne qui souhaite changer de nom pour un motif sérieux peut en faire la demande.
Pour autant que le sujet soit de nationalité marocaine», explique Mohamed El Adnani, avocat agréé auprès de la Cour suprême. Il rajoute : «La requête doit être introduite par l'intéressé lui-même, ou par son représentant légal auprès du Service Public de Justice (Service des changements de noms et prénoms). La demande en question doit mentionner clairement son objet, à savoir le nouveau nom "demandé", et ses motifs notamment les historiques sociologiques et familiaux.
A titre d'exemple, le demandeur peut préciser que le nom initial est considéré comme ridicule et fait l'objet de moqueries». Aussi, il est à rappeler que la procédure de changement diffère selon la partie du nom que le demandeur veut
changer.
Ainsi, lorsqu'il s'agit d'un nom de famille, la demande s'effectue au niveau de la préfecture et s'achemine ensuite au ministère de l'Intérieur où se prononce le verdict qui prend en considération les divers noms des oncles, tribus ou autres.
Par contre, si un particulier souhaite changer son prénom, il doit s'adresser au tribunal de première instance, remplir un formulaire où doit être précisé le motif de ce changement et présenter un acte de naissance et son propre livret de famille. Une famille qui nous relie toujours à nos racines malgré les «reniements» de noms. Elle nous présente aux autres, nous singularise et porte notre histoire.
Certes nos noms peuvent être source de honte ou des souffrances, mais la relation avec nos patronymes s'avère souvent ambivalente: Car si certains s'y accrochent comme à une bouée, d'autres n'ont de cesse de s'en défaire.
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Leurs noms qui sonnent arabe en sont le principal hic.
«Je m'attache sans cesse à mon nom et à mes origines, sauf que pour mes enfants, j'ai préféré leur donner des noms d'origine arabe, mais avec une consonance très française pour l'un et anglo-saxonne pour l'autre. L'aîné s'appelle Rayane et le cadet Yanis, je ne veux pas que leurs noms arabes soient un handicap dans leur vie», témoigne l'un des émigrés marocains.
Il poursuit : «C'est peut-être un peu triste, mais c'est la réalité. Un grand nombre de personnes préfèrent changer de nom ou de prénom, pour faciliter leur intégration». En effet, plusieurs émigrés préfèrent se doter d'une nouvelle identité afin d'éviter certaines sortes de racisme ou de mépris.
Ce n'est pas uniquement le cas des Marocains, mais d'une majorité d'Arabes vivant dans les pays d'Europe ou d'Amérique. C'est aussi le cas de Nabila :«Tout a changé définitivement, on ne me pose plus de questions, j'ai trouvé du travail facilement, et je suis devenue française à 100%, ma vie est devenue légère, plus facile, personne ne sait que je suis étrangère.
Il ne s'agit pas de renier mes origines, mais de me fondre tout simplement dans le nouveau pays où je vis, c'est s'intégrer…», conclut cette Marocaine installée à Issy-les-Moulineaux depuis 15 ans.
Une chose est pourtant évidente, le fait de vouloir changer de nom au Maroc n'est pas chimérique… Mais à condition d'évoquer un motif sérieux. C'est le cas de Nawal K. qui souffrait sans répit de la connotation de son nom de famille: «Je suis née dans un petit patelin où le nom de ma famille ne signifiait rien, car les voisins connaissaient mon père et mes arrières grands pères. Pendant une bonne partie de mon enfance, l'idée de vouloir changer mon identité ne frôlait pas mon esprit. Mais tout a commencé lorsque mes parents ont déménagé à Rabat.
Là-bas, tout le monde se moquait de moi, à l'école, au marché, dans les lieux publics, dans la salle de sport. A l'aube de mes 20 ans, je ne pouvais plus supporter les critiques et les insultes qui se faisaient autour de moi. J'ai entamé la procédure et j'ai pu obtenir un nouveau nom». Et oui, tout comme Nawal, plusieurs personnes évoquent diverses raisons pour changer officiellement leurs propres noms ou ceux de leurs enfants. «Mon petit bonhomme n'a pas encore atteint ses 18 ans, je sais que notre nom de famille pourrait lui causer des ennuis à long terme. Pour cette raison je me suis résigné à changer le mien d'abord, puis à l'attribuer à tous mes descendants», témoigne Samir, jeune papa dont le nom de famille a toujours été source de plaisanteries et qui craint que son garçon revive la même chose. En effet, les enfants ne sont pas toujours tendres entre eux, et effectivement un nom de famille particulier sera facilement la source de moqueries. Mais il faut souligner que les bambins qui veulent se moquer d'un autre trouveront toujours moyen de déformer un prénom ou un nom de famille «classique» pour mieux le ridiculiser…
Dans le même contexte, les spécialistes en pédopsychiatrie démontrent que les problèmes d'acceptation de soi peuvent concerner non seulement le physique, mais également le prénom, le nom de famille ou le groupe social, que certains vont rejeter. Ces problèmes narcissiques apparaissent notamment dans les moments de crise telle l'adolescence. Ainsi, si certains noms de famille sont difficiles à porter, c'est dû principalement au ressenti de la personne «sujet» qui est souvent gênée. Néanmoins, plusieurs autres personnes arrivent à vivre avec
leurs noms sans complexe ni amertume.
D'ailleurs si un nom de famille a traversé les siècles jusqu'à aujourd'hui, c'est que plusieurs générations l'ont porté sans forcément en souffrir…
Toutefois, si ce «sacrifice» s'avère accablant, une procédure est mise à disposition des citoyens désirant changer leurs appellations. En effet, «dans notre pays, toute personne qui souhaite changer de nom pour un motif sérieux peut en faire la demande.
Pour autant que le sujet soit de nationalité marocaine», explique Mohamed El Adnani, avocat agréé auprès de la Cour suprême. Il rajoute : «La requête doit être introduite par l'intéressé lui-même, ou par son représentant légal auprès du Service Public de Justice (Service des changements de noms et prénoms). La demande en question doit mentionner clairement son objet, à savoir le nouveau nom "demandé", et ses motifs notamment les historiques sociologiques et familiaux.
A titre d'exemple, le demandeur peut préciser que le nom initial est considéré comme ridicule et fait l'objet de moqueries». Aussi, il est à rappeler que la procédure de changement diffère selon la partie du nom que le demandeur veut
changer.
Ainsi, lorsqu'il s'agit d'un nom de famille, la demande s'effectue au niveau de la préfecture et s'achemine ensuite au ministère de l'Intérieur où se prononce le verdict qui prend en considération les divers noms des oncles, tribus ou autres.
Par contre, si un particulier souhaite changer son prénom, il doit s'adresser au tribunal de première instance, remplir un formulaire où doit être précisé le motif de ce changement et présenter un acte de naissance et son propre livret de famille. Une famille qui nous relie toujours à nos racines malgré les «reniements» de noms. Elle nous présente aux autres, nous singularise et porte notre histoire.
Certes nos noms peuvent être source de honte ou des souffrances, mais la relation avec nos patronymes s'avère souvent ambivalente: Car si certains s'y accrochent comme à une bouée, d'autres n'ont de cesse de s'en défaire.
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Question d'intégration
Ils vivent à l'étranger, utilisent les noms de leurs épouses «non arabes» pour réserver des maisons de vacances, souffrent pour inscrire leurs progénitures dans des établissements de loisirs... et arrivent difficilement à réussir leur intégration sociale…Leurs noms qui sonnent arabe en sont le principal hic.
«Je m'attache sans cesse à mon nom et à mes origines, sauf que pour mes enfants, j'ai préféré leur donner des noms d'origine arabe, mais avec une consonance très française pour l'un et anglo-saxonne pour l'autre. L'aîné s'appelle Rayane et le cadet Yanis, je ne veux pas que leurs noms arabes soient un handicap dans leur vie», témoigne l'un des émigrés marocains.
Il poursuit : «C'est peut-être un peu triste, mais c'est la réalité. Un grand nombre de personnes préfèrent changer de nom ou de prénom, pour faciliter leur intégration». En effet, plusieurs émigrés préfèrent se doter d'une nouvelle identité afin d'éviter certaines sortes de racisme ou de mépris.
Ce n'est pas uniquement le cas des Marocains, mais d'une majorité d'Arabes vivant dans les pays d'Europe ou d'Amérique. C'est aussi le cas de Nabila :«Tout a changé définitivement, on ne me pose plus de questions, j'ai trouvé du travail facilement, et je suis devenue française à 100%, ma vie est devenue légère, plus facile, personne ne sait que je suis étrangère.
Il ne s'agit pas de renier mes origines, mais de me fondre tout simplement dans le nouveau pays où je vis, c'est s'intégrer…», conclut cette Marocaine installée à Issy-les-Moulineaux depuis 15 ans.
