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«J'ai voulu montrer le dédoublement de Khaïr Eddine»

Le metteur en scène de «Fragments matériels d'une vie d'errance» nous parle de sa pièce

«J'ai voulu montrer le dédoublement de Khaïr Eddine»
Pourquoi Mohamed Khaïreddine ?

Tout simplement, parce que c'est une figure emblématique de la littérature marocaine. J'ai choisi Mohamed Khaïreddine car c'est quelqu'un qui a été malheureusement censuré pour de longues années et qui a laissé de beaux écrits. C'est également un fils du sud à l'œuvre inachevée vu qu'il est mort relativement jeune. Ce choix est également une affaire personnelle, j'ai découvert les œuvres de Khaïreddine dans les années 1990 et ça m'a immédiatement interpellé en tant qu'homme de théâtre. C'est une pensée qui émane du corps, de la chair et l'appréhension du texte vient après, au-delà des mots et du sens. J'apprécie également le côté dénonciateur du pouvoir patriarcal chez lui que ça soit celui du père, de la religion ou de la politique.

On remarque que dans la pièce, la représentation du personnage central est «multiple» ; pourquoi cette structure au juste ?

En fait, c'est un choix pour montrer le dédoublement de Khaïreddine. Vu la violence poétique et la complexité de ses textes, je ne pouvais pas mettre en scène un seul personnage qui endosse le costume de l'écrivain. Du coup, j'ai versé dans la multiplication des personnages. Son œuvre variée faite de poésie, de récit, de roman m'a poussé à trouver un lien thématique autour de l'errance, de l'exil, du rapport au corps et de l'écriture. J'ai voulu mettre en valeur sa revendication première de la vraie vie de l'être dans son côté universel mais aussi humaniste.

Techniquement parlant, c'est assez délicat de mettre en scène une telle structure ?

C'était très délicat surtout au niveau de la direction de l'acteur. Les comédiens étaient très déboussolés. Ils avaient l'habitude de travailler avec des personnages distincts. Dans cette pièce la structure et la mise en scène très fragmentées les ont un peu déstabilisés. Le fait qu'à certains moments il n'y a que du texte en rajoutait à leur désarroi. Le comédien subit physiquement le texte dans le sens où il devient un pont, un espace de partage d'expérience avec le public. C'est à peu près une semaine avant le spectacle à Timitar qu'ils ont cerné ce que je veux faire, c'est-à-dire subir dans leurs corps l'épreuve de la vie de Khaïreddine.
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