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Jabalya se réveillle sur les ruines

Mirvat Abou Chbak s'effondre en larmes en regagnant lundi sa maison à Jabaliya après le retrait de l'armée israélienne. Elle vient d'apprendre que deux de ses enfants ont été tués dans un raid israélien.

Jabalya se réveillle sur les ruines
Iyad, 13 ans et Jacqueline, 16 ans, ont été enterrés par des proches, le jour même du drame, samedi. La famille, n'osant pas annoncer leur mort à Mirvat qui se trouvait chez ses parents, lui avaient simplement dit que ses deux enfants avaient été légèrement blessés.

Les deux adolescents ont été fauchés par une roquette tirée par un appareil israélien alors qu'ils marchaient pour rejoindre leur mère chez leurs grands-parents, qui habitent à quelques dizaines de mètres seulement. "Je veux Iyad et Jacqueline", crie la mère, incrédule, en serrant contre elle des habits de son fils décédé.

Devant la maison à deux étages, qui a subi d'énormes dégâts lors de l'opération israélienne, des jeunes dressent une tente de deuil. Le père des deux enfants, Mohammad Abou Chbak, n'est pas là. Officier des services de sécurité de l'Autorité palestinienne, il s'était réfugié à Ramallah lorsque le Hamas avait pris le pouvoir par la force à Gaza en juin.
Hanan Abed Rabbo, une voisine de 34 ans, raconte comment les soldats israéliens ont confiné 67 membres de sa famille dans une même pièce samedi et dimanche.
"Ils nous ont privés de nourriture et d'eau. J'ai supplié les soldats qu'ils me laissent aller dans la cuisine apporter du lait pour mon bébé, mais ils ont refusé", affirme-t-elle.

Deux membres de la famille blessés par des tirs israéliens se trouvaient dans la même pièce. Ils ont été évacués lundi matin par ambulance après avoir saigné pendant deux jours.
Plus de 70 Palestiniens ont été tués lors de l'opération israélienne, baptisée "Hiver chaud". Dans la maison de Mohammad Kanaan, dont les façades sont criblées de balles, des douilles recouvrent le sol. Les soldats ont laissé des restes de repas derrière eux. "C'était un cauchemar", confie son fils Ezzedine, 14 ans.

Une trentaine d'autres maisons ont été réduites en tas de décombres ou partiellement détruites par des bulldozers israéliens. Les missiles israéliens et les obus de chars ont fracassé les vitres de nombreuses autres habitations. Des usines et des fermes ont subi d'importants dégâts. Les bulldozers ont également rasé des dizaines d'hectares de terres agricoles. Orangers et oliviers ont cédé la place à un paysage aride. La route menant au "cimetière des martyrs", très empruntée ces jours-ci, est défoncée par un énorme cratère provoqué par un engin explosif. "Nous ne pouvions même pas regarder par les fenêtres mais nous avons entendu des dizaines d'explosions, des bruits de balles et les cris de soldats israéliens blessés", raconte un des habitants, Mohammad Al-Qarm. Assise devant sa maison partiellement détruite, les mains levées vers le ciel, l'octogénaire Aycheh Abed Rabbo pleure une "nouvelle Nakba", la catastrophe que fut pour les Palestiniens le départ de leurs terres à la création d'Israël en 1948. "Je n'ai jamais vu un tel massacre".

En dépit de la dévastation, le Hamas a crié victoire, se félicitant de la "déroute" de l'armée israélienne à Jabaliya.
"Que soient bénies les mains propres qui nous ont offert cette victoire", crachent des sonos transportées sur une camionnette affrétée par la branche armée du Hamas qui sillonne les rues de Jabaliya au milieu des destructions. Dans un communiqué, le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a salué "la grande victoire de la résistance". Quelques milliers de sympathisants du Hamas ont marché dans Gaza-ville pour fêter cette "victoire".
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Agression sans précédent depuis 67

Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a affirmé lundi que la campagne militaire menée par l'armée israélienne contre Gaza constituait "une agression sans précédent depuis 1967", date de l'occupation des territoires palestiniens par Israël. "En dépit de l'annonce du retrait de l'armée israélienne, nous restons dans la zone du danger", a déclaré M. Fayyad à des journalistes à Ramallah en Cisjordanie. "Nous sommes dans une situation extrêmement dangereuse.

L'agression israélienne est sans précédent depuis 1967 et dépasse même ce qui s'était passé alors", a ajouté M. Fayyad.
L'armée israélienne s'est retirée lundi matin des secteurs du nord de la bande de Gaza, notamment Jabaliya, où elle opérait depuis samedi faisant des dizaines de morts et causant d'importants dégâts. Cette opération, baptisée "Hiver chaud", avait été lancée au quatrième jour d'une campagne d'attaques israéliennes dans la bande de Gaza en représailles aux tirs de roquettes palestiniennes sur le sud d'Israël.

Selon le ministère palestinien de la Santé, 116 Palestiniens, dont 22 enfants et douze femmes, ont été tués depuis mercredi, dont plus de 70 lors de l'opération menée dans le nord de la bande de Gaza à partir de samedi. M. Fayyad et le président palestinien Mahmoud Abbas sont en conflit avec le Hamas qui a pris le pouvoir par la force dans la bande de Gaza en juin après avoir mis en déroute les services de sécurité de l'Autorité palestinienne. Israël a conquis la Cisjordanie et la bande de Gaza lors de la guerre israélo-arabe de juin 1967.
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