Ainsi, les métiers ne manquent pas, il faut juste trouver chaussure à son pied : garde d'enfants, restauration, assistance en informatique, centres de sondage ou animation dans des colonies de vacances… Toutefois, une catégorie de métiers remporte le jackpot des «jobs» d'été. Il s'agit des métiers festifs qui fleurissent lors de cette période. Ils sont souvent relatifs à la création de groupe: orchestre de musique, restauration (serveurs), troupe musicale, «hennayates», porteurs de mariés, etc.
En effet, plusieurs personnes, des jeunes surtout, attendent l'été avec impatience pour se faire un peu d'argent à travers les fêtes de mariage. Si pour certains c'est une simple affaire d'argent de poche, pour les autres c'est tout un programme «d'approvisionnement» tant attendu pendant le cours de l'année. A vrai dire, l'argent gagné comble plusieurs besoins, notamment les frais de la rentrée scolaire, Aïd…
«Les cérémonies se fêtent souvent en été. Il s'agit en général de fêtes de mariages, fiançailles et circoncisions. On s'organise souvent pour subvenir aux besoins de la clientèle, nombreuse et exigeante en cette période», témoigne Salih, membre d'une troupe musicale appelée «Noujoum Dakka Marrakchia». Pour ce jeune licencié, ce n'est pas déshonorant de faire ce genre de métier. «Danser et chanter n'a jamais été une honte. Nous sommes tous des diplômés chômeurs.
Nous sommes trois licenciés et un bachelier. Nous profitons de ces occasions pour s'éclater, faire plaisir aux gens et se faire un peu d'argent», dit-il fièrement.
En effet, la troupe «Noujoum Dakka Marrakchia» est composée de cinq jeunes hommes diplômés. Au cours de l'année, chacun d'entre eux déniche des petites bricoles. Il y en a même un qui a réussi à trouver un poste bien rémunéré, avec un contrat à durée indéterminée dans un centre d'appel. Il gagne 3.500 DH par mois avec tous les avantages sociaux. Et pourtant, il refuse de quitter la troupe. «Il est hors de question de quitter Dakka Marrakchia.
Cela me plaît et n'entrave pas mon travail. Généralement, nos activités commencent au-delà de 18h. A cette heure, je ne suis souvent pas aux locaux de mon employeur. En plus, pour tout vous dire, je n'oserai même pas annoncer mon départ à mes copains.
Cela fait plus de 4 ans que nous sommes ensemble». Les membres de la troupe «Dakka Marrakchia», gagnent entre 1.600 et 2.000 DH par sortie, sans oublier les largesses données par les invités (Laghrama) qui varient entre 20 à 100 DH. En général, le montant de ces largesses est divisé par cinq tout comme la rémunération principale. En août, les membres de la troupe bossent pratiquement tous les soirs, parfois il leur arrive même d'avoir deux «sorties» par jour.
Cependant, loin d'être une simple quête d'argent, les jeunes débrouillards d'été sont souvent en quête d'autonomie et d'indépendance. Leur attachement à l'argent n'est en fait qu'un pont dans le processus du passage de l'adolescence à la vie d'adulte. C'est le cas de Mouncif, 15 ans, 2ème année du collège. Ce jeune adolescent fait partie d'un orchestre musical composé de 6 membres. Tous ayant un certain niveau d'étude.
Le frère de Mouncif (24 ans) est le pianiste du groupe. «Nous nous sommes rencontrés en 2001, dans la maison des jeunes du quartier. Nous avons décidé de former un groupe. La première soirée que nous avons animée était celle de la sœur de notre copain. Ça nous a donné un avant- goût de ce qui nous attend. On s'entraîne périodiquement dans la maison des jeunes du quartier. Et
on travaille toute l'année selon la demande.
Parallèlement, on termine nos études universitaires», explique le frère de Mouncif. Il avoue qu'il n'objecte pas l'adhésion de son petit frère. «Mouncif nous a rejoint parce qu'il aime la musique, il joue très bien à la guitare et il n'a qu'un seul rêve, faire une bonne carrière musicale. J'essaye tout de même de lui faire comprendre que ça ne suffit pas pour avoir une vie aisée, et je ne cesse de lui conseiller de s'accrocher aux études. Car pour nous, c'est l'unique bouée de sauvetage». Mouncif et son frère sont issus d'une famille très modeste, ils recourent souvent aux gains générés par les soirées pour subvenir aux besoins de leur famille composée d'une maman et de deux filles, l'une couturière, et l'autre sans travail. L'orchestre gagne entre 4.000 et 6.000 DH par présentation et travaille surtout vers la fin de la semaine (vendredi, samedi et dimanche).
Outre l'argent, les jobs d'été sont aussi une occasion pour se familiariser avec le monde du travail et le marché de l'emploi. Ils permettent d'acquérir une certaine expérience, de maîtriser les aspects de certains métiers, de dessiner et de consolider son profil. La restauration par exemple est l'un de ces métiers saisonniers qui donnent un avant-goût aux personnes intéressées. Said, jeune bachelier, rejoint souvent un traiteur de renommée pour travailler comme serveur pour les fêtes de mariage : «J'aime la restauration. Depuis deux ans, je regagne souvent les locaux de ce traiteur pour apprendre à servir les gens, préparer des apéritifs, dresser les tables et organiser les lieux. C'est un métier qui me passionne.
Maintenant que j'ai mon baccalauréat, je vais m'inscrire dans un centre de formation et apprendre cet art en bonne et due forme». Said n'est pas le seul à travailler comme serveur, plusieurs de ses voisins, profitent de la demande accentuée en été pour exercer ce métier rentable à hauteur de 1.800 à 2.000 DH par mois. Dans cette optique, nos jeunes amis les dégourdis partent à la cueillette des métiers saisonniers.
Tous les moyens sont bons pour alimenter leur portefeuille en billets. Pour eux, il n'y a pas de petits métiers limités. «Les porteurs de la mariée», par exemple, sont des jeunes hommes, souvent doté d'une grande taille, qui soulèvent la «Aâmaria» sur leurs épaules, et dansent avec la mariée. Ils sont très indispensables au travail de la «Neggafat». Ils touchent entre 500 et 600 DH par semaine, et partagent les donations des invitées.
Un autre métier se distingue aussi parmi les bricoles de l'été, c'est celui des «hanayates». Métier très en vogue lors de la saison estivale, il est aussi très imposé lors des mariages.
Les hanayates sont souvent des jeunes lycéennes, qui se font le plaisir de tatouer la mariée et ses proches avec du henné, symbole de prospérité. Il existe deux catégories de «hanayates», celles qui travaillent continuellement avec la «Neggafat», et celles qui travaillent pour leur propre compte. De façon générale, les tarifs sont presque les mêmes: 30 à 40 DH pour les deux mains et 40 à 60 DH pour les deux pieds. Des tarifs qui n'ont pas changé depuis la nuit des temps!
Car même si, en été, les métiers occasionnels fleurissent jour après jours, que les fêtes coûtent de plus en plus cher et que le marché de travail bouge à
cette période de l'année, la fourchette salariale reste souvent la même et la main-d'œuvre principale frôle toujours les mêmes rémunérations ! Drôle d'équation.
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La liste des «châtiments» est très longue. La rémunération, quant à elle, est généralement insignifiante. Elle n'est même pas suffisante pour couvrir les dépenses des fournitures scolaires lors de la rentrée. D'autres remplissent les carrefours pour vendre chewing-gum et autres boites de serviettes en papier ou encore pour tendre la main aux automobilistes...
En effet, plusieurs personnes, des jeunes surtout, attendent l'été avec impatience pour se faire un peu d'argent à travers les fêtes de mariage. Si pour certains c'est une simple affaire d'argent de poche, pour les autres c'est tout un programme «d'approvisionnement» tant attendu pendant le cours de l'année. A vrai dire, l'argent gagné comble plusieurs besoins, notamment les frais de la rentrée scolaire, Aïd…
«Les cérémonies se fêtent souvent en été. Il s'agit en général de fêtes de mariages, fiançailles et circoncisions. On s'organise souvent pour subvenir aux besoins de la clientèle, nombreuse et exigeante en cette période», témoigne Salih, membre d'une troupe musicale appelée «Noujoum Dakka Marrakchia». Pour ce jeune licencié, ce n'est pas déshonorant de faire ce genre de métier. «Danser et chanter n'a jamais été une honte. Nous sommes tous des diplômés chômeurs.
Nous sommes trois licenciés et un bachelier. Nous profitons de ces occasions pour s'éclater, faire plaisir aux gens et se faire un peu d'argent», dit-il fièrement.
En effet, la troupe «Noujoum Dakka Marrakchia» est composée de cinq jeunes hommes diplômés. Au cours de l'année, chacun d'entre eux déniche des petites bricoles. Il y en a même un qui a réussi à trouver un poste bien rémunéré, avec un contrat à durée indéterminée dans un centre d'appel. Il gagne 3.500 DH par mois avec tous les avantages sociaux. Et pourtant, il refuse de quitter la troupe. «Il est hors de question de quitter Dakka Marrakchia.
Cela me plaît et n'entrave pas mon travail. Généralement, nos activités commencent au-delà de 18h. A cette heure, je ne suis souvent pas aux locaux de mon employeur. En plus, pour tout vous dire, je n'oserai même pas annoncer mon départ à mes copains.
Cela fait plus de 4 ans que nous sommes ensemble». Les membres de la troupe «Dakka Marrakchia», gagnent entre 1.600 et 2.000 DH par sortie, sans oublier les largesses données par les invités (Laghrama) qui varient entre 20 à 100 DH. En général, le montant de ces largesses est divisé par cinq tout comme la rémunération principale. En août, les membres de la troupe bossent pratiquement tous les soirs, parfois il leur arrive même d'avoir deux «sorties» par jour.
Cependant, loin d'être une simple quête d'argent, les jeunes débrouillards d'été sont souvent en quête d'autonomie et d'indépendance. Leur attachement à l'argent n'est en fait qu'un pont dans le processus du passage de l'adolescence à la vie d'adulte. C'est le cas de Mouncif, 15 ans, 2ème année du collège. Ce jeune adolescent fait partie d'un orchestre musical composé de 6 membres. Tous ayant un certain niveau d'étude.
Le frère de Mouncif (24 ans) est le pianiste du groupe. «Nous nous sommes rencontrés en 2001, dans la maison des jeunes du quartier. Nous avons décidé de former un groupe. La première soirée que nous avons animée était celle de la sœur de notre copain. Ça nous a donné un avant- goût de ce qui nous attend. On s'entraîne périodiquement dans la maison des jeunes du quartier. Et
on travaille toute l'année selon la demande.
Parallèlement, on termine nos études universitaires», explique le frère de Mouncif. Il avoue qu'il n'objecte pas l'adhésion de son petit frère. «Mouncif nous a rejoint parce qu'il aime la musique, il joue très bien à la guitare et il n'a qu'un seul rêve, faire une bonne carrière musicale. J'essaye tout de même de lui faire comprendre que ça ne suffit pas pour avoir une vie aisée, et je ne cesse de lui conseiller de s'accrocher aux études. Car pour nous, c'est l'unique bouée de sauvetage». Mouncif et son frère sont issus d'une famille très modeste, ils recourent souvent aux gains générés par les soirées pour subvenir aux besoins de leur famille composée d'une maman et de deux filles, l'une couturière, et l'autre sans travail. L'orchestre gagne entre 4.000 et 6.000 DH par présentation et travaille surtout vers la fin de la semaine (vendredi, samedi et dimanche).
Outre l'argent, les jobs d'été sont aussi une occasion pour se familiariser avec le monde du travail et le marché de l'emploi. Ils permettent d'acquérir une certaine expérience, de maîtriser les aspects de certains métiers, de dessiner et de consolider son profil. La restauration par exemple est l'un de ces métiers saisonniers qui donnent un avant-goût aux personnes intéressées. Said, jeune bachelier, rejoint souvent un traiteur de renommée pour travailler comme serveur pour les fêtes de mariage : «J'aime la restauration. Depuis deux ans, je regagne souvent les locaux de ce traiteur pour apprendre à servir les gens, préparer des apéritifs, dresser les tables et organiser les lieux. C'est un métier qui me passionne.
Maintenant que j'ai mon baccalauréat, je vais m'inscrire dans un centre de formation et apprendre cet art en bonne et due forme». Said n'est pas le seul à travailler comme serveur, plusieurs de ses voisins, profitent de la demande accentuée en été pour exercer ce métier rentable à hauteur de 1.800 à 2.000 DH par mois. Dans cette optique, nos jeunes amis les dégourdis partent à la cueillette des métiers saisonniers.
Tous les moyens sont bons pour alimenter leur portefeuille en billets. Pour eux, il n'y a pas de petits métiers limités. «Les porteurs de la mariée», par exemple, sont des jeunes hommes, souvent doté d'une grande taille, qui soulèvent la «Aâmaria» sur leurs épaules, et dansent avec la mariée. Ils sont très indispensables au travail de la «Neggafat». Ils touchent entre 500 et 600 DH par semaine, et partagent les donations des invitées.
Un autre métier se distingue aussi parmi les bricoles de l'été, c'est celui des «hanayates». Métier très en vogue lors de la saison estivale, il est aussi très imposé lors des mariages.
Les hanayates sont souvent des jeunes lycéennes, qui se font le plaisir de tatouer la mariée et ses proches avec du henné, symbole de prospérité. Il existe deux catégories de «hanayates», celles qui travaillent continuellement avec la «Neggafat», et celles qui travaillent pour leur propre compte. De façon générale, les tarifs sont presque les mêmes: 30 à 40 DH pour les deux mains et 40 à 60 DH pour les deux pieds. Des tarifs qui n'ont pas changé depuis la nuit des temps!
Car même si, en été, les métiers occasionnels fleurissent jour après jours, que les fêtes coûtent de plus en plus cher et que le marché de travail bouge à
cette période de l'année, la fourchette salariale reste souvent la même et la main-d'œuvre principale frôle toujours les mêmes rémunérations ! Drôle d'équation.
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Les mineurs s'y mettent
Il n'y a pas que les universitaires et les lycéens qui travaillent pendant l'été. Dès que leurs écoles ferment pour les vacances d'été, des mineurs sont souvent engagés dans le travail par leurs parents nécessiteux et inconscients des risques qu'encourent leurs enfants. Il suffit de faire un petit tour dans les menuiseries, les tapisseries ou chez certains mécaniciens pour remarquer que les enfants (10-16 ans) sont toujours présents en tant qu'employés, travaillant de longues heures durant l'été. En effet, ces jeunes subissent, à longueur de journée, plusieurs exploitations. Inutile d'évoquer le manque de dispositifs et moyens de sécurité (casque, gants, tenue de travail…), ni des heures de repos, car cela se voit à la lumière des jours.La liste des «châtiments» est très longue. La rémunération, quant à elle, est généralement insignifiante. Elle n'est même pas suffisante pour couvrir les dépenses des fournitures scolaires lors de la rentrée. D'autres remplissent les carrefours pour vendre chewing-gum et autres boites de serviettes en papier ou encore pour tendre la main aux automobilistes...
