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Les poètes marocains à la «carpe diem»

Nous sommes le jeudi 21 mars, si cette date ne signifie pour nous que la venue du printemps, sachez qu'elle représente beaucoup plus pour les poètes.

Les poètes marocains à la «carpe diem»
Ceux qui enjolivent notre vie avec leurs vers magiques qui ne cessent de nous divulguer les mystères de la vie et apporter une touche de romantisme dans notre quotidien célèbrent leur journée mondiale aujourd'hui.
Cela fait exactement neuf ans que l'ensemble des poètes du monde font du premier jour du printemps leur jour de fête. Au Maroc, de nombreux évènements sont organisés dans les quatre coins du pays pour rendre hommage à cet art, à ce premier chant de l'humanité.

Si cette expression artistique du langage nous accompagne dans notre quotidien, partage nos peines, raconte
nos déchirements et nous donne de l'espoir, accompagnons-la à notre tour dans sa vie menacée.

Quand on fait un tour dans les rares librairies ou bibliothèques dont disposent nos quartiers, on se rend compte que la poésie a sa place sur le marché. Moulim El Aroussi, professeur de philosophie, confirme «L'écriture poétique existe bel et bien au Maroc, c'est une chose qu'on ne peut pas négliger. Sur le plan de la quantité, la poésie se porte bien. C'est un domaine organisé et donc existant.
Preuve en est, la tenue de nombreux évènements dont le plus important est « les rencontres internationales de la poésie» Cependant, ce genre littéraire se trouve de nombreuses difficultés dans la commercialisation. Ainsi, les recueils, les textes et les livres de poésie ont du mal à survivre face aux romans et essais.

«La poésie se vend moins que les autres genres littéraires. Les livres de poésie sont moins demandés et moins achetés. Les clients ont d'autres préférences comme le roman, le polar, la BD…», nous explique la responsable d'une librairie.
Depuis longtemps, une lamentation circule dans le paysage de l'édition: la poésie ne se vendrait plus. Mais cette réalité n'empêche pas les poètes de se mettre à l'œuvre et d'écrire pour leurs plus fidèles lecteurs ou auditeurs. Quand elle ne se lit pas, la poésie s'écoute. Il suffit d'assister aux soirées poétiques organisées ici et là pour voir l'engouement du public pour cette expression artistique véhiculée par la parole. La poésie dite ou déclamée attire toujours plus la faveur du public. Fort de ce constat, l'écrivain Driss Khoury ne pense pas qu'il y ait une crise de la poésie au Maroc. «Ceci dit, rares sont les poètes contemporains
qui réussissent à se distinguer», précise-t-il.

Mais peut-on parler d'une crise ? Moulim EL Aroussi répond «Rien ne peut affirmer qu'une culture doit nécessairement avoir une bonne ou une mauvaise poésie. Il y a des conjonctures heureuses ou malheureuses qui créent des poètes. » Il ajoute que pendant les années 70, alors qu'il y avait moins de liberté, le Maroc a connu une flambée poétique. A cette époque, il y avait de grandes causes qui poussaient les individus à s'exprimer dans des textes faits de symboles et de métaphores.
Le poète Hassan EL Ouazzani témoigne « Notre génération (les années 90) s'est trouvée sans cause politique, et nous avons créé, chacun à sa façon, nos petites causes: celles d'appartenir à ce Monde, de banaliser les certitudes et les grandes idées politiques, de faire triompher l'irrégulier et d'arpenter
les petits détails de nos vies quotidiennes. »

Entre hier et aujourd'hui, la poésie marocaine a connu une véritable mutation. Alors que les poètes étaient attachés auparavant à de grandes causes comme celle de la Palestine, la condition humaine, la question de l'identité, ils se contentent actuellement de présenter l'être et ses propres problèmes. El Aroussi développe davantage «La littérature en général décrit l'individu en tant que tel avec ses angoisses et ses craintes sans pour autant tenir compte de la collectivité».

Avec ce changement, la poésie marocaine a connu une vitalité qui pourrait être remarquée à partir des publications riches et diversifiées des poètes nationaux. Mais le souci de la poésie contemporaine reste son rapport avec son contexte culturel. «La poésie actuelle est basée sur la mémoire et le lu dans le passé et non pas le senti et le vécu présents. Les sujets des textes sont loin de la réalité actuelle marocaine.
Les écrits expriment romantiquement la nostalgie au passé», affirme Boujemâa Achefri, poète et journaliste.

Malgré cette lacune, la scène marocaine regorge de jeunes poètes qui s'expriment à leur manière. Il faut juste leur laisser le temps pour s'affirmer et montrer ce qu'ils sont capables de faire. El Aroussi de conclure: « C'est une quantité qui va créer la qualité par la suite. » Pour Boujemâa Achefri, le secret du succès de la poésie réside dans la nécessité de suivre les temps présents. «Si nous voulons développer la poésie marocaine, on doit créer d'autres formes et manières qui expriment notre vie quotidienne actuelle et reflètent notre nouvelle société, politique, culture, ainsi que les nouvelles technologies…le tout, en brisant
les frontières et en s'ouvrant sur le monde.»
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Démocratiser la poésie

Considéré par beaucoup comme une des formes les plus vivantes de la poésie contemporaine, le Slam est également un mouvement d'expression populaire. C'est un art du spectacle oral et scénique, focalisé sur le verbe et l'expression brute avec une grande économie de moyens, un lien entre écriture et performance. Pour Antoine Faure, un slameur français, le Slam est «un espace sur lequel vont cohabiter toutes sortes de styles, de formes, de fond, d'âges de classes sociales. Ce n'est pas un rap a capella, ce n'est pas de la poésie urbaine, c'est un terrain d'expression poétique que chacun peut s'approprier comme il veut.»
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