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Le foncier en principale pierre d'achoppement

Pas de pub à la télévision, ni dans les journaux pour le programme des logements à 140.000 DH dédiés aux faibles revenus. Les salariés qui touchent 1,5 du smig y auront accès selon des critères qui n'ont rien à voir avec ceux des autres programmes immobiliers.

Le foncier en principale pierre d'achoppement
C'est ce qu'a déclaré Taoufiq Hejira, ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, mercredi dernier devant les députés de la première Chambre. Contrairement aux allégations avérées ou pas sur le manque d'engouement des opérateurs pour ce type de logements, le responsable a indiqué qu'une cinquantaine de promoteurs privés ont manifesté leur intérêt et que 22.000 unités sont en cours de réalisation.

Selon Hejira, les critères de sélection seront bien verrouillés pour parer à toute déviation, spéculation ou récupération détournée de ce grand projet destiné à résorber le logement insalubre. Toutefois et à l'antipode de l'optimisme du ministre, les représentants de la nation sont restés dubitatifs quant à l'avenir de ce programme. Ils ont mis en avant la question du foncier qui profite beaucoup plus aux moyen et haut standing. Certains ont pointé du doigt ce qu'ils ont qualifié de cession de terrain pour la construction de villas finies qui coûtent entre 5 et 10 millions de DH alors que le besoin se fait de plus en plus sentir dans des villes comme Casablanca ou Rabat pour le logement économique. Un député a signalé que les ménages cherchent du logement à 250.000 DH voire plus mais ne le trouvent plus. La crise, selon lui, est moins dans le prix que dans la manière dont la politique de promotion est menée. L'essoufflement du segment économique a été patent durant l'année 2008.

Le ministre lui-même en convient : «Après avoir relevé le décollage sans précédent du produit dédié aux ménages à faible et moyen revenus au cours des dernières années, certains dysfonctionnements ont affecté le secteur». Il a cité, à ce propos, la régression enregistrée en 2008 concernant les accords de construction d'unités de logement social et la persistance de certaines pratiques, telle le paiement d'une partie non déclarée lors des transactions immobilières. Il se ravise, pourtant, pour affirmer que le secteur ne traverse pas une période de crise ni de récession mais qu'il y a seulement report de l'acquisition de logements dans l'attente d'une éventuelle baisse des prix. Hejira a nié, par ailleurs, la possibilité d'une bulle immobilière du fait du déficit actuel en logements, estimé à un million d'unités, et de la forte demande dans le secteur.

Le ministre a rappelé les mesures prises pour la promotion du secteur, destinées essentiellement à soutenir le logement social pour porter l'offre à 150.000 unités par année et développer le secteur de bail pour plus de souplesse dans le marché.
Reste que le rural est le parent pauvre de la politique d'accès à la propriété. Hejira a vivement exhorté les promoteurs à s'y investir pour qu'il y ait un début d'équilibre entre villes et campagnes. A signaler que les programmes d'une capacité égale ou supérieure à 500 logements en milieu urbain et 100 logements en milieu rural bénéficient d'une exonération fiscale totale.

Malgré toute la bonne volonté des pouvoirs publics et la dynamique qu'a connue le secteur, la majorité des Marocains ont du mal à devenir propriétaires. Selon une simulation basée sur les niveaux de dépense des ménages, 72% de ces derniers n'ont pas un produit adapté à leurs bourses. Dans ce cas de figure, le locatif s'érige en véritable roue de secours. Mais là aussi, le marché est volatile dans l'absence d'un cadre juridique clair. Lors d'une récente déclaration, le ministre de tutelle a déploré que l'immobilier locatif soit stérile pour ne pas dire inexistant (voir encadré). «Nous sommes l'unique pays au monde où il n'y a pas de promoteurs dans l'immobilier locatif. Cela n'arrange pas les choses».


Le potentiel du locatif

L'absence d'un cadre incitatif pour les logements locatifs et l'accroissement du risque que subissent les promoteurs immobiliers en matière de bail, constituent les principales conclusions d'une étude élaborée par le ministère de l'Habitat et présentée récemment à Rabat. Un total de 77 % des bailleurs insistent sur la nécessité d'élargir les avantages fiscaux de l'habitat au logement locatif, relève l'étude. Selon le document, le nombre des logements destinés à la location en 2004 s'élève à 930.000 unités, contre 3,2 millions unités en tant que résidences principales, soit une moyenne de 29,2%, ajoutant que 74% des logements locatifs se trouvent dans les zones abritant les grands groupements d'habitation.

D'autre part, l'étude fait ressortir que le nombre de logements inoccupés dédiés à la location a enregistré une hausse, pour atteindre 163.262 unités, soit le tiers des unités inhabitées, mettant en exergue la prépondérance des logements modernes avec un taux de 63%, suivis des appartements (19%), enfin les maisons traditionnelles (13%) et le logement précaire avec 7%.

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