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Quand deux journaux prêchent de faux chiffres

Deux journaux de la place, un quotidien et un hebdomadaire, ont été épinglés par l'OJD France, mandaté pas l'OJD Maroc (Organisme de justification de la diffusion). Pour cause, les deux publications auraient livré des chiffres qui ne reflètent pas la réalité de leurs ventes.

Quand deux journaux prêchent de faux chiffres
Concernant le premier, les écarts entre les chiffres confiés à l'OJD et ceux de Sapress (distributeur) sont considérables. C'est en tout cas ce que nous a confirmé Mohamed Selhami, président de l'OJD Maroc et Philippe Rincé, DGA de l'OJD France. Idem pour l'hebdomadaire bien que les reproches aient été moins compromettants. Pas plus loin que le 22 avril dernier, une mission de contrôle de l'OJD France était au Maroc et précisément dans les locaux dudit quotidien où elle a constaté des anomalies concernant la diffusion de l'exercice 2007. Les contrôleurs français ont demandé des explications aux responsables du quotidien qui ne les ont pas fournies. Etape suivante, les contrôleurs en ont avisé l'OJD Maroc par courrier datant du 28 avril et dont Le Matin détient copie. Contacté, Philipe Rincé, DG adjoint de l'OJD France affirme avoir eu des «problèmes avec deux adhérents dont le contrôle a montré des défaillances dans les informations liées aux chiffres de 2006 et 2007 qui n'ont pas pu être justifiés».

Suite à l'incapacité du quotidien en question de produire d'autres chiffres, appuyés par des preuves, l'OJD France a établi un procès verbal de carence.
Selon les termes dudit courrier, les contrôleurs français ont demandé en vain de «se connecter, sous la responsabilité de l'éditeur, à l'espace privé (éditeur) du système d'information de Sapress afin de recouper les informations soumises au moment du contrôle entre les comptes rendus de distribution et les informations de la base de données du distributeur». En conclusion, la lettre de l'OJD France déduit que «la diffusion du quotidien en question ne peut recevoir le label de certification OJD Maroc», qualifiant la situation de grave.

Ce n'est que le 5 mai que l'OJD Maroc saisit les responsables du quotidien via une lettre où il les somme de donner suite à la démarche de l'OJD France en fournissant les explications nécessaires. Le même jour, le responsable en chef répond farouchement à la sommation en se disant «atterré» d'apprendre que le contrôle de sa publication posait problème. Il va même jusqu'à hausser le ton d'un cran en signalant que c'est la FMEJ qui «est la cible réelle et principale de cette cabale indigne et vulgaire». S'agissant de l'hebdomadaire, les informations confiées ne se sont pas avérées conformes. En effet, un deuxième courrier de l'OJD France datant du 28 avril signifiait clairement à son mandataire marocain que «les éléments soumis lors du contrôle de la diffusion de l'hebdomadaire en question, portant sur l'année 2007, n'étaient pas conformes à la réalité. Pour M. Selhami, il serait plus prudent d'attendre un deuxième contrôle pour statuer sur l'affaire.

Entre-temps, le comité directeur de l'OJD Maroc s'est réuni mardi dernier. «Nous allons voir aussi ce qu'il (Ndlr, le quotidien) présentera comme explications à propos des manquements qui lui sont reprochés. Mais, nous ferons tout pour que cette affaire ne porte pas préjudice à l'ensemble de la profession», ajoute-t-il. Il s'agit là d'un sursis pour que les deux parutions puissent donner plus d'éclaircissement sur l'affaire avant le retour de la mission de contrôle, prévu le 26 mai chez le quotidien et le 27 mai chez l'hebdomadaire. A l'issue de ladite réunion tripartite (éditeurs, publicitaires et annonceurs), un procès verbal a été établi, lequel a insisté sur l'importance d'un nouveau contrôle, a indiqué Selhami. Contacté, le patron du quotidien en question est resté injoignable. Quant au directeur de l'hebdomadaire, il s'est dit surpris de l'information. «Notre journal a bel et bien été audité le 31 janvier et nous avons reçu notre certification le 3 février dernier.

Si l'OJD a changé d'avis depuis le temps, nous ne en sommes point concernés», renchérit-il consterné. Et le responsable de tonner qu'il pourrait bien être question d'une affaire qui en veut à sa publication et à sa ligne éditoriale.
Pour sa part, Mohamed Berrada, PDG de Sapress, affirme qu'en sa qualité prestataire de service, la société donne régulièrement les résultats de la distribution aux éditeurs de journaux. Ces derniers ont toute latitude de les utiliser comme bon il leur semble. M. Berrada précise, par ailleurs, n'avoir aucune relation avec l'OJD et n'avoir accueilli les contrôleurs de l'OJD France que pas «courtoisie». Le responsable ne manque pas d'exprimer son point de vue vis-à-vis de l'examen de la diffusion de manière générale. «Je suis contre le fait qu'une entreprise étrangère viennent nous contrôler. Il est temps que nous ayons notre propre expertise en la matière d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'une technologie hors de portée».

Adhérer à l'OJD est toujours pour un journal un gage d'honnêteté vis-à-vis de ses lecteurs et annonceurs. C'est faire preuve de courage et de volonté de vouloir évoluer dans la transparence. Car en dévoilant régulièrement les chiffres de ses ventes, le risque est grand de voir son image et son poids fluctuer aux yeux du lectorat et des annonceurs. C'est le prix à payer pour appartenir au club des journaux estampillés OJD. Sur un autre registre, mais qui n'est pas sans lien avec ce premier couac, la profession passe aujourd'hui par une période de crise. La concurrence est acerbe, le nombre de lecteurs insignifiant et la publicité de plus en plus éclatée. C'est toujours le même gâteau qu'un nombre croissant de journaux partage. Nul n'est sans savoir que plus le nombre de journaux vendu est grand, plus les annonceurs sont confiants et prêts à signer des bons de commande.
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Qui est l'OJD Maroc ?

L'Organisme de justification de la diffusion a vu le jour en juin 2004 à Casablanca. C'est le premier OJD qui se crée dans le monde depuis plus de vingt ans et le premier OJD d'Afrique et du monde arabe. Au cours de son premier exercice, l'OJD Maroc a pu certifier la diffusion d'une vingtaine de titres de presse paraissant au Maroc grâce à l'assistance technique de l'OJD France. L'OJD Maroc est un organisme tripartite regroupant les éditeurs de presse, les annonceurs et les agences de publicité. C'est un organisme paritaire, en ce sens que la moitié des sièges de conseil d'administration sont occupés par les éditeurs, et l'autre moitié par les annonceurs et les agences à parts égales.

La mission de l'OJD Maroc est de certifier la diffusion de la presse payante marocaine. Les résultats de ses contrôles constituent une référence notamment pour l'élaboration des tarifs de publicité des supports certifiés. Les chiffres de l'OJD Maroc peuvent servir aussi, dans de nombreux cas, de base de référence pour les pouvoirs publics, l'administration, les tribunaux, etc.
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